Homélie du 7ème dimanche TOA 2020
Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur.
Le 19,1-2.17-18; 1 Co 3,16-23; MT 5,38-48
Il est banal de dire que nous sommes dans un monde où la
violence tient une grande place : entre nations, dans la vie sociale,
politique, dans les relations personnelle et jusqu'à l'intérieur de nous-même.
C'est le lot quotidien des informations, n'en rajoutons pas!
Mais alors, comment accueillir la Parole de Dieu pour ce
Dimanche ? : “Tu n'auras pas de haine dans ton cœur, tu ne te vengeras pas, tu
ne garderas pas de rancune." (c’est la 1ère lecture). La 2ème lecture nous
rappelle le caractère sacré de toute personne : "Vous êtes un Sanctuaire
de Dieu... Si quelqu'un détruit ce Sanctuaire de Dieu, cet homme Dieu le
détruira. Ce Sanctuaire de Dieu est Saint, ce Sanctuaire c'est vous."
Jésus, dans l'Evangile, nous appelle à ressembler à Dieu
notre Père, en ce qui concerne nos relations mutuelles. “Ne ripostez pas au
méchant! Si quelqu'un te gifle, tends lui l'autre joue, si quelqu'un veut te
prendre ta veste, laisse lui encore ton manteau." Et encore : "Moi je
vous dis : aimez vos ennemis!".
Ces paroles de Dieu nous invitent à entrer
dans une autre logique que celle de la violence, de la vengeance, de la
méchanceté, "Pour (dit Jésus) être vraiment les fils et les filles de votre
Père des cieux. Ressemblez lui, imitez le". Alors que notre monde et
nous-même sommes dans la logique de "On ne va pas se laisser faire. C’est
dans notre intérêt à lui faire du mal etc... Il va payer!".
Bien sûr, le mal ou le tort qui est fait doit être
réparé, il faut combattre le mal. Il n'y a pas de miséricorde en solde sans
réparation du tort causé, sans repentir, sans volonté de changer. Jésus ne nous
demande pas de renoncer à la fermeté nécessaire, ni à nos droits, ni de subir
le mal mais il nous appelle à réagir, non pas par un autre mal mais par le bien
et à ne pas prendre les moyens de ceux qui font le mal.
C'est un chemin difficile que nous indique Jésus,
difficile mais bienfaisant. Ce chemin nous montre le monde de Dieu, tel qu'il
sera, tel qu'il pourrait être déjà maintenant, tel que nous avons à le faire
quand nous essayons de ne pas donner prise à la violence, à la vengeance, à la
calomnie, à la méchanceté...
C'est une illusion désastreuse de croire et de faire
comme si on ne pouvait vaincre la violence que par “un plus” de violence. Le
mal ne peut jamais vaincre le mal et ne l'a jamais vaincu. Même si il nous
arrive de plaisanter en disant qu'il faut “guérir le mal par le mal.” “Oeil
pour œil" était déjà un grand progrès : gérer la vengeance et la riposte
en un temps où on se faisait justice soi-même et où Caïn se vengeait 7
fois...Cette Loi du talion exigeait de ne pas rendre plus de mal que l'on en
reçoit. Jésus nous dit d'aller encore plus loin, de ne pas prendre les mêmes
moyens que ceux qui font le mal en entrant dans un engrenage de violence... Les
coups pour coups, et plus, s'enchaînent comme un feu qui détruit tout : et
l'agresseur et la victime et les autres... Si on te met une gifle, tends lui
encore l'autre... L'autre joue de ton cœur, de ta disposition intérieure qui
refuse la violence, ça laissera peut-être à celui qui t'a giflé le temps et le
recul de se reprendre et de se désarmer. Plus que les attitudes citées ici,
l'important est d'accueillir l'esprit, l'essentiel, le sens de "ce à
quoi" nous appelle Jésus.
Qu'est-ce que nous avons dans le cœur, à l'intérieur de
nous même dans les situations de violence, d'envie de faire du mal à l'autre,
de situation de victime, d'envie de se venger. Ce à quoi nous appelle le
message de ce dimanche, ce n'est pas à la faiblesse ou à la résignation mais à
une grande force et à une grande paix intérieure. Ce message peut paraître
déroutant, il est un appel au meilleur de l'humain qui est en chacun pour une
meilleure vie ensemble. Ce meilleur ressemble à Dieu. "Pour que nous
soyons vraiment les fils et les filles de notre Père qui est aux Cieux".
Comme lui, dit le Psaume : "Tendresse et pitié, lent à la colère et plein
d'Amour. Tu ne nous rends pas selon nos offenses". Prions avec l’Oraison
du début de cette messe : “Accorde-nous de conformer à ta volonté, nos paroles
et nos actes".
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