Homélie du 2ème dimanche
carême TOA 2020
Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint
Maur.
Gn 12,1-4a; Ps 32,4-5,18-19, 20.22 ; 2 TM 1, 8b-10;
MT 17,1-9.
A certains moments, quand on
rencontre l’épreuve, quand l’avenir s’annonce sombre, on a besoin d’être
éclairé, encouragé, soutenu. On a besoin de signes, de clins d’œil qui donnent
rendez-vous avec des moments meilleurs et indiquent l’arrivée de l’étape
difficile.
C’était temps, pour les amis,
de Jésus de retrouver confiance ! Jésus venait de leur annoncer ce qui se
préparait pour lui : être arrêté, condamné, tué. Mais, avait-il ajouté,
« Le 3ème jour je
ressusciterai ». Ils étaient tellement choqués de cette annonce, les amis,
qu’ils n’avaient sans doute pas écouté ces derniers mots ou ils ne pouvaient
pas les comprendre : « Non !
Jamais ! Pas ça à toi » avait lancé Pierre.
Sur cette
route de Jérusalem l’ambiance était tendue, les cœurs se fermaient. Quelle délicatesse de
la part de Jésus envers ses 3 proches amis, Pierre, Jacques et Jean ! Quel
témoignage d’amitié et de confiance, quel respect de leur peine et de leur
incompréhension ! « Jésus les
prend avec lui » (belle expression de tendresse) : ils montent au
calme sur une hauteur, là où on peut voir plus loin que le bout de ses
chaussures, ou de son nez ! Il les introduit au centre lumineux de sa
propre vie, à son secret intérieur : sa véritable identité révélée par
Dieu lui-même, son vrai Père.
Quel encouragement ! Quel appui dans
leur foi et leur amitié en Jésus ! Quelle aide pour traverser ensuite
l’épreuve de la Passion... et leur propre reniement ! Cependant il a fallu
attendre le jour de Pâques et après... pour réaliser le sens de ce qu’ils
venaient de vivre sur cette montagne : l’annonce de la Lumière et de la
Révélation de Pâques. « Celui-ci,
cet homme, Jésus, c’est bien mon Fils... un Fils que j’aime ! Qui me rend
heureux. Ecoutez-le, il est ma Parole. Il est moi. Tout ce que j’ai à vous dire
se dit en Lui, par Lui... Vous ne croyez pas que je vais l’abandonner aux mains
des méchants et de la mort ! ».
Quelque
temps après, un certain Vendredi après-midi, le ciel s’était obscurci. Il
faisait nuit sur une autre colline, comme dans les cœurs. La nuée obscure était
sans voix. Mais au matin de Pâques, une aurore, comme une rosée de lumière,
éclairait doucement les pas et réchauffait le cœur triste de Marie-Madeleine se
rendant au tombeau de son ami Jésus. Le voile se levait sur le signe de la
Transfiguration : révélation lumineuse de la vraie identité de
Jésus : « Celui-ci, c’est bien
mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».
Ainsi de nos vies. A travers nuages obscurs et lumineux, à
travers découragement, épreuves et bons moments où comme Pierre, on est bien et
on a envie que ça dure... Nous sommes destinés et faits pour la Lumière. Nous
vivons aussi des « Thabor
lumineux » qui nous permettent d’entrevoir le terme du chemin, après
les passages obscurs. Ce sont de vrais moments de grâce dans nos vies. Ils nous
aident à traverser les nuages noirs de nos existences.
Lorsque
nous avons peur, que nous sommes tombés à terre, comme nos 3 amis, Jésus s’approche.
Il nous touche. « Relevez-vous,
n’ayez pas peur ! ». Ils redescendent ensemble de la montagne.
Dieu n’est pas moins présent dans la plaine ou dans le désert que dans la
montagne ou dans un oasis. Il nous donne des signes, il nous fait des clins
d’œil pour nous aider et nous indiquer le terme après les passages difficiles, il
nous fait entrevoir la Lumière dans les nuages obscurs. Pour espérer.
Il faut du
temps pour que cette Lumière de la Transfiguration arrive jusque dans les
recoins de nos vies, de nos cœurs, de nos attitudes intérieures. « La vie est un étirement vers la
Lumière » écrit le Père Monier. Un
étirement qui nous coûte, qui nous déplie, mais qui nous déploie peu à
peu vers la Résurrection, vers l’Amour, en glissant lentement à l’oreille de
notre cœur « Oui, toi aussi, tu es
mon Fils, ma Fille que j’aime – relève-toi – ne crains pas – Tu vas vers la
Lumière ! ».
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