Homélie
du 3ème dimanche de Carême A 2020
Père
Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur
Le
frère moine, Christian de Chergé, assassiné à Tibhirine, lorsqu'il devait
prendre un rendez-vous pour un entretien spirituel avec son ami Mohamed,
utilisait le mot de passe suivant : "Il y a longtemps que nous n'avons pas
creusé notre puits..." : là où se trouve en chacun de nous l'Eau Vive de
Dieu. Creuser ce puits, c'est soulever les pierres, ôter le sable et la boue
qui empêchent l'Eau Vive de jaillir. C'est ce qui s'est passé dans cette
rencontre de Jésus et de la femme de Samarie.
A
l'heure la plus chaude de la journée, un homme, un juif, Jésus, traversant la
région de Samarie, s'asseoit, fatigué, au bord d'un puits où jaillit une
source. A la même heure de midi une femme de la ville voisine vient à ce puits
chercher de l'eau. Tout sépare ces deux personnes : la haine mutuelle de leur
peuple, la religion, la culture, les convenances... Passant outre les barrières
qui les séparaient, ce voyageur demande : "Donne-moi à boire". Le
puits va commencer à se creuser, pour une patiente marche intérieure vers l'Eau
Vive. Au terme de cette conversation, partie d'une demande toute simple de Jésus
: "Donne-moi à boire", la Samaritaine lui demandera : "Donne-moi
à boire de cette Eau Vive, de ce Don de Dieu qui est l'Amour".
Quand
Jacob venait abreuver ses troupeaux à ce puits, il devait soulever une énorme
pierre qui obstruait l'accès à l'eau. La rencontre de Jésus et de cette femme,
au bord du puits, a permis à celle-ci de creuser son puits, en allant au plus
profond d'elle-même pour accéder à l'eau vive de son désir d'aimer et de vivre
en vérité que n'arrivaient pas à combler ses amours successifs. Nous sommes
cette samaritaine que Jésus emmène au plus profond d'elle-même, de nous-même,
là où en nous, la Source est ensablée, là où notre puits est fermé par une
pierre que nous ne pouvons soulever, comme au puits de Jacob, là où notre cœur
désséché a besoin de se réhydrater à la Source.
Au bord de notre puits, Jésus
nous conduit à l'intérieur, à l'Eau Vive, fraîche, tonifiante et claire, comme
il a conduit cette femme de Samarie, et Marie-Madeleine au cœur usé, Pierre et
les autres au cœur découragé...
Voilà
que ce voyageur, nous indique la Vraie Source : "C'est toi qui aurait dû
me demander à boire... Je t'aurais donné l'Eau Vive". Dans nos turbulences
intérieures et les épreuves, les vagues de notre monde, près du puits Jésus
réveille en nous la Vraie Source Jaillissante et la Vraie Soif : "L'Eau
que je donnerai deviendra en lui, Source jaillissant pour la vie, pleine,
complète, entière... C'est le Don de Dieu, le Don de lui-même : Vie - Amour -
Lumière.
"Je
désirais vivre et je ne vivais pas". Ces mots de Sainte Thérèse de Jésus
expriment souvent les soupirs et les soifs d'aujourd'hui, c'était ceux de la
femme avec sa cruche... Laissant là sa cruche et son passé, elle sera la
première à témoigner du Christ auprès de ses compatriotes samaritains...
"Au
pays de la soif, il est une Source". Heureux ceux qui creusent un puits.
Ils trouvent l'Eau Vive : "Celui qui te dit : "Donne-moi à
boire".
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