Dimanche fête du Saint-Sacrement
Carmel de Saint Maur - Homélie Père Maurice Boisson
Dt 8,2-3,14b-16a ; 1 Co 16-17; Jn 6,51-58.
L'épreuve sanitaire nous a privé, un temps, de
l'Eucharistie. Nous avons pu cependant bénéficier des initiatives permettant de
nous unir à des Célébrations, par la radio, la télévision ou autres moyens
techniques.
Cette privation de l'Eucharistie réelle, célébrée en
assemblée, avait un sens, celui de la charité inséparable de l'Eucharistie : Ne
pas prendre le risque de porter à d'autres la maladie et la mort et d'en être
atteint soi-même. Le Pape François rappelait alors que "Chacun est
responsable des autres et doit faire attention aux autres et à lui-même ".
L'Eucharistie est source et nourriture de la charité et de l'attention aux
autres "Faites cela en mémoire de moi" concerne aussi le Lavement des
pieds.
Ce jeûne de la messe a pu créer un manque et un désir,
celui de vivre l'Eucharistie avec Assemblée et communion réelles au Corps du
Christ. "Prenez et mangez-en tous".
Ce temps a peut-être suscité une faim plus forte de la
nourriture du Corps du Christ et de la charité envers les membres de ce Corps.
Nous avons éprouvé le besoin de nous nourrir aussi d'une
autre nourriture que matérielle. Ce besoin s'est manifesté dans beaucoup de
domaines, celui des relations, du temps, de la famille, des priorités, du
travail etc... Tout notre être a besoin de force, de vitamines, d'énergie
intérieure, de relations, d'affection, surtout dans les moments difficiles.
Sinon, une part de nous-mêmes - et la meilleure- s'affaiblit. "On ne vit
pas seulement de pain" avait répondu Jésus à Satan dans le désert.
"Si vous ne mangez pas ma chair, si vous ne buvez
pas mon sang, vous n'avez pas la vie en vous". Ces paroles ont choqué les
auditeurs de Jésus. Elles peuvent aussi nous choquer. Manger la chair, boire le
sang, évoquent des pratiques peu agréables et d'autres temps. La chair et sang,
c'est l'être de quelqu'un, ce qu'il est, sa vie... "Celui qui me
mange" se nourrit de ce que je suis" dit Jésus : La vie de Dieu est
le Don d'Amour que je fais de ma vie.
"Celui qui me mange, demeure en moi et moi en
lui". Il devient comme moi, un peu moi, et nourriture pour les autres. En
communiant, nous devenons ce que nous recevons, ce que nous mangeons : Le Corps
du Christ Ressuscité et l'humanité qui est son Corps. "Vous êtes le Corps
du Christ".
"Celui qui me mange vivra par moi" dit Jésus.
Par cette nourriture nous devenons comme lui : plus fraternels, plus aimants,
plus proches de Dieu et donc plus près des autres.
En nous nourrissant de Dieu Amour et Don, en Jésus, nous
devenons Amour et Don. Pas pour notre petite perfection personnelle mais pour
que nous soyons Amour, Don, nourriture de charité pour les autres.
Tous son invités à se nourrir de ce pain de vie, et pas
seulement selon une formule entendue parfois : "Heureux, nous qui sommes
invités". Et les autres? "Heureux les invités", "Mangez-en
tous". Tous sont invités. "Tous nous sommes indignes de la table du
Seigneur mais tous en ont besoin" comme dit le Curé d'Ars.
Comme à son peuple dans le désert, c'est la première
lecture, Dieu nous donne la manne pour marcher aujourd'hui, à travers les
situations, les évènements, les déserts actuels. La manne, ça veut dire
"Qu'est-ce que c'est ?". Cette nourriture était inconnue. "Le pain
que je donnerai, c'est moi, ma vie donnée pour la vie du monde" dit Jésus.
En cette fête du Corps du Christ, Jésus nous dit que la
manne, aujourd'hui, c'est lui. En recevant le Corps du Christ, nous tendons la
main comme des pauvres qui ont faim et besoin de force, de vie. Nous tendons
aussi l'oreille à la Parole nourrissante de Dieu. "Celui qui se nourrit de
moi, demeure en moi, et moi je demeure en lui". Il aura en lui l'Amour et
la Vie, pour être à son tour un pain nourrissant.
"Prenez, mangez ce pain, buvez ce vin. C'est moi.
"Faites-le en mémoire de moi". Faisons-le maintenant dans cette
Eucharistie et dans notre quotidien.
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