Homélie 18ème dimanche TOB dimanche 1° août 2021

Homélie 18ème dimanche TOB dimanche  1° août 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint-Maur

 Ex 16, 2-4.12-15 ; Ep 4,17.20-24 ; Jn 6,24-35

 Un sondage récent révèle que les français aiment bien manger, mais qu’ils font davantage attention à ce qu’ils mangent, par souci de santé, de la « ligne » ou du porte-monnaie...

Dimanche dernier, l’Evangile nous montrait Jésus préoccupé de nourrir les gens qui le suivaient. Ceux-ci ont été rassasiés par le partage de quelques petits pains et de deux poissons offerts à Jésus par un jeune garçon. Cette foule était rassasiée provisoirement de nourriture matérielle, mais elle avait encore faim, et elle cherchait Jésus. C’est l’Evangile de ce matin.

 En nourrissant ces gens, Jésus sait qu’ils ont faim d’un « plus » que la nourriture matérielle : « L’homme ne vit pas seulement de pain ». Jésus leur offre aussi un autre Pain, celui qui donne la Vie. « Ce Pain, c’est moi » dit Jésus, « Je suis le Pain de la Vie, celui qui vient à moi n’aura jamais faim ». « Alors les gens lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours de ce Pain là ! ».

Ces gens avaient faim aussi du pain qui nourrit : l’espérance, la fraternité, le courage de traverser les difficultés, le pain qui alimente l’énergie intérieure qui fait vivre pleinement.

« Je suis le Pain de la Vie » dit Jésus,  le Pain qui fait vivre  pleinement. Cela nous rappelle la rencontre avec la Samaritaine à qui Jésus dit : « Celui qui boira de l’Eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Cette Eau Vive deviendra en lui source de Vie ». La Samaritaine, touchée dans sa vie compliquée, répond : « Seigneur donne moi de cette Eau Vive ! ».

 C’est important de nourrir sainement notre corps, de faire attention à la nourriture, à notre santé. Mais nous ne sommes pas seulement faits, de chair, d’os et de sang... Nous sommes, en même temps, de la pensée, de l’esprit, de la volonté, de la conscience, de l’amour, des sentiments etc. Nous sommes des êtres de relation... Il y a en nous, une dimension d’intériorité, d’invisible qui nous ouvre à plus que nous-mêmes et nous fait rejoindre l’autre, les autres, l’Autre avec un grand A...

Cette intériorité est faite de valeurs, de convictions, de la Présence de Dieu. Tout cela oriente notre manière de vivre. Cette part de nous même, qui est nous même, n’a-t-elle pas faim, n’est-elle pas parfois dénutrie ? Avons-nous assez le souci de la nourrir ? Sinon, nous risquons de nous anémier humainement et spirituellement dans nos capacités d’être en relation, de vivre ensemble, de partager, d’aimer, de prier et tout simplement d’exister.

Il n’y a pas que la Covid qui risque de nous faire perdre le goût.

L’écrivain, Julien Green, écrit que « Le grand danger du monde, c’est de perdre le goût de Dieu qui nourrit et donne une âme » : une vie, un sens à l’existence ». Saint Paul nous le dit dans la 2^ème lecture : « Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée ».

 « Je suis le Pain de la Vie » dit Jésus. Nous avons bien besoin de ce Pain qui fait vivre, qui nourrit et alimente tout notre être. Nous mêmes et notre monde, nous sommes loin d’être rassasiés de paix, de douceur,  d’attention aux autres. Nous sommes loin d’être gavés de justice, de bonté, de fraternité, de sens de la vie.

De quel pain avons-nous besoin aujourd’hui, là où nous sommes ? Quel pain de vie manque à nos communautés, à nos familles, à notre pays ? Il ne s’agit pas seulement de dire : « Le monde va mal » mais de nous poser la question : est-ce que nous, nous allons bien dans notre santé intérieure ?

Un ami me confiait récemment : « La plus grande pauvreté, c’est quand personne n’a besoin de toi, de ton amitié, de ta présence... ».  C’est une grande pauvreté qui produit une grande faim et appelle au partage.

 En venant à la messe, nous sommes nourris de ce Pain de la vie, nous sommes tonifiés par l’Eau Vive. Jésus, le Christ, dans l’Eucharistie  nous nourrit de sa Parole, du don qu’il nous fait de son Amour, de sa Présence qui remplit nos cœurs, de sa Paix qui nous apaise.

 « Seigneur, donne-nous toujours de ce Pain là.

Seigneur, donne-nous toujours de cette Eau Vive.

Seigneur, donne-nous toujours de redonner à notre tour ce que tu nous donnes ! ».