mercredi 23 novembre 2022

Carmel de Saint Maur. Solennité du Christ Roi.

Carmel de Saint Maur. Solennité du Christ Roi.

20 novembre 2022.

2 S 5, 1-3 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43.

 Un roi, une reine, un royaume ne correspondent plus guère à la mentalité de notre société aujourd’hui.

En fêtant le Christ Roi de l’univers, de quel roi, de quel pouvoir s’agit-il ?

Ce roi n’habite ni château, ni palais. Une crèche d’animaux est son berceau, une croix est son trône, sa couronne ? Est-elle de pierres précieuses ? Elle est tressée de branches d’épines. Un petit âne gris lui sert de carrosse. Et ses gardes ? Ni casqués ni armés, quelques amis pêcheurs, un peu froussards. Son sceptre royal ? Des mains qui guérissent, consolent, pardonnent, relèvent…Sa devise ? Le plus grand, c’est celui qui sert et donne sa vie. Non, le Christ Roi n’est pas roi à la manière du monde.

 Un certain vendredi sur la colline, le soleil s’était obscurci en plein après-midi. Les cœurs aussi étaient dans la nuit. Trois condamnés à mort étaient suspendus, chacun sur une croix. Deux malfaiteurs, un troisième homme ayant fait le bien, accusé de se prendre pour Dieu et de qui on disait qu’il était le roi attendu pour délivrer le peuple de l’occupant romain. Violences, injures, moqueries, dérision…avaient pris le pouvoir sur cette colline. C’est alors que le vrai roi, crucifié, va prendre le pouvoir véritable : celui de la puissance de l’amour pour un royaume d’amour.

L’un de ses deux voisins crucifiés ouvre une brèche dans ce décor macabre, un rayon de lumière traverse la nuit des cœurs. Avec le peu de voix qui lui restait, cet homme fait sortir de son cœur quelques mots de tendresse, de repentir, d’espérance : « Jésus, rappelle-toi de moi quand tu seras dans ton royaume ». Tiens ! Il est roi, ce Jésus ? Il a un royaume ? Aussitôt, la réponse de ce roi confirme : « C’est vrai, je te l’affirme, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».

Ce roi et son royaume ne sont pas comme ceux du monde. Il s’agit d’une vraie puissance, celle de l’amour. Sur cette colline, dans la nuit et la violence, un soleil commence à éclairer et à vaincre les ténèbres du mal dans les cœurs et dans le monde.

 Au plus fort du pouvoir du mal, un autre pouvoir prenait le dessus, une autre puissance se révélait plus fort, un autre royaume s’ébauchait à l’ombre de la croix :  le pouvoir de l’amour, de la foi, de l’espérance, exprimé par le larron et mis en œuvre par Jésus crucifié. La prise de pouvoir de la vie, de l’amour, de la fraternité sur toutes les formes de mal et de méchanceté est enclenchée pour toujours. Nous l’entendrons dans la préface, le royaume du Christ est un règne éternel et universel, de vie et de vérité, d’amour et de paix. Ce royaume, aujourd’hui, nous est confié. Notre baptême nous configure au Christ prêtre, prophète et roi : intercesseur auprès de Dieu (prêtre), porteur de la Parole de Dieu (prophète), roi : travailleur sur ce chantier du royaume pour poser quelques pierres, quelques gestes, si petits soient-ils, porteurs d’amour, de justice, de paix, là où nous vivons. Nous pouvons aussi planter quelques fleurs dans ce royaume d’amour du Christ Roi, tout simplement en aimant.

 Il faisait nuit sur la colline en ce temps-là. En ce temps-ci, saurons-nous faire venir la lumière et l’amour par de petits gestes, paroles et signes indiquant la présence de ce royaume dont le Christ est le roi ? Ce royaume d’amour transformera l’univers au terme de l’histoire. « Il s’ébauche à l’ombre de nos croix mais déjà sa lumière traverse nos vies ». Soyons-en les témoins joyeux.

 

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