Fête de la Toussaint - Homélie Mardi 1er novembre 2022
P. Maurice BOISSON, Carmel de Saint Maur
Ap 7-2-4.9-14 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a
Dans le cimetière d’un village du Jura, j’ai vu sur une tombe, au pied d’une croix en bois, une plaque sur laquelle était écrit : « A toi, notre oncle, pauvre type mais riche gars ». Cet oncle vivait seul. Il avait un cœur d’or, toujours prêt pour les coups de main. Il était un peu moqué et chahuté gentiment par les gens du village, parce qu’un peu naïf, peut-être trop gentil, certains en profitaient. Il lui restait deux neveux comme famille, ce sont eux qui ont posé la plaque.
« Pauvre type » parce que méprisé, peu considéré... Mais « Riche gars », d’une grande richesse intérieure, la richesse du cœur.
Cet homme fait partie de cette foule immense dont parle Saint Jean : les gens vêtus de lumière, debout en présence de Dieu (pas allongés dans la terre) chantant sa gloire...
Cet homme est de ceux que Jésus proclame heureux :
- Heureux ceux qui sont assez désencombrés et pauvres d’eux-mêmes pour faire une place à l’essentiel, aux autres, à Dieu, peut-être sans le savoir.
- Heureux ceux qui sont riches de compassion, capables d’avoir le cœur gros de la peine des autres, quand les morsures de la vie, des autres ou de soi, font pleurer, souvent dans le secret.
- Heureux ceux dont la vie est riche des richesses de Dieu : quand la douceur est plus forte que la violence, la droiture du cœur plus importante que les mauvais coups et les calomnies, quand la paix est plus nécessaire que les querelles et les divisions.
En voyant tout ce monde qui désirait entendre des paroles de bonheur, Jésus disait : Vous êtes heureux parce que vous ressemblez à Dieu quand vous vivez les Béatitudes, elles sont le portrait de Dieu.
Dans la deuxième lecture, St Jean nous dit que nous sommes « Enfants de Dieu ». C’est dans nos gênes de chercher à ressembler à Dieu, c’est ça la sainteté. Devenir saint, c’est l’œuvre de toute notre vie et ça ne suffit pas toujours : chercher à ressembler à Dieu, nous ajuster à Lui, pour devenir des justes.
Le curé d’Ars aimait à dire : « Les saints n’ont pas bien commencé mais ils ont tous bien fini. Si nous avons mal commencé, finissons bien. Tous ne sont pas saints de la même manière, continue le saint curé d’Ars, il y a des saints qui n’auraient pas pu vivre avec d’autres saints... Tous ne prennent pas le même chemin, tous arrivent au même endroit ». On a nos chances ! La direction de la sainteté est celle que nous propose Jésus aujourd’hui : l’Evangile c’est la mise en œuvre des Béatitudes que Jésus lui-même a pratiquée parmi nous. Sur ces chemins, avance lentement la foule immense de celles et ceux qui ont cherché, et qui cherchent dans le bonheur donné par les Béatitudes, le visage de Dieu. Nous sommes de cette foule. Ces petits ou grands bonheurs existent, « ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues », comme dit la chanson. Le chemin des Béatitudes est praticable, c’est notre route quotidienne.
« D’où viennent-ils, tous ces gens ? » demande l’Ancien. Nous reconnaissons des visages dans cette foule immense. Ils viennent de la traversée de la vie, par tempêtes et brises légères. Ils ont déjà accostés sur les rives du monde de Dieu, comme nous le ferons.
Au bout de ce chemin des Béatitudes et de cette traversée, Dieu nous reconnaîtra aux traits d’une ressemblance avec lui. Comme l’oncle, « Pauvre type mais riche gars », avec au cœur la plus grande richesse qui soit : la richesse même de Dieu, la richesse de la Paix, de l’Amour, de la Justice, de la Droiture, de l’Attention aux autres... Bref, la richesse de la sainteté que nous fêtons aujourd’hui, à laquelle nous sommes appelés.
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