jeudi 18 novembre 2010

Thérèse d'Avila Vie 40, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 40, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.


Un jour, inondée dans l'oraison de délices excessives, et me réputant indigne d'une telle faveur, je considérai à combien plus juste titre je méritais la place qui m'avait été montrée dans l'enfer, et dont la vue, comme je l'ai dit, ne s'efface jamais de mon souvenir. Cette pensée m'enflamma d'une nouvelle ardeur, et j'entrai dans un ravissement que je ne puis exprimer. Abîmée et absorbée dans cette Majesté que j'avais vue d'autres fois, je connus une vérité qui est la plénitude de toutes les vérités. Je ne saurais dire comment cela se fit, parce que je ne vis rien. J'entendis alors ces paroles, sans voir qui les proférait, mais comprenant que c'était la Vérité elle-même: « Ce que je fais pour toi en ce moment n'est pas peu, c'est une des plus grandes faveurs dont tu me sois redevable; car tous les malheurs qui arrivent dans le monde viennent de ce que l'on n'y connaît pas clairement les vérités de l'Ecriture, dans laquelle il n'est pourtant pas un point qui ne doive s'accomplir. » Il me semblait que je l'avais toujours cru ainsi, et que tous les fidèles le croyaient de même; mais il me fut dit: « Ah! ma fille, qu'il y en a peu qui m'aiment véritablement! S'ils m'aimaient, je ne leur cacherais pas mes secrets. Sais tu ce que c'est que de m'aimer véritablement? C'est de bien comprendre que tout ce qui ne m'est pas agréable n'est que mensonge. Cette vérité que tu ne comprends pas maintenant, tu l'entendras clairement un jour par le profit qu'en retirera ton âme. »…
Je me sentis armée d'un courage invincible pour accomplir de tout mon pouvoir jusqu'aux moindres choses que l'Ecriture sainte nous ordonne. Il me semble qu'il n'y a rien au monde que je ne sois prête à souffrir pour cela…
D'autres fruits de cette vision furent une grande tendresse d'amour pour Dieu, une joie intime, une humilité profonde…
Un jour, pendant que nous étions toutes réunies au chœur pour les heures, j'entrai soudain dans un profond recueillement, et je vis mon âme sous la forme d'un clair miroir, sans revers, sans côtés, sans haut ni bas, mais resplendissant de toutes parts. Au centre m'apparaissait Notre Seigneur Jésus-Christ…
Cette vision me paraît excellente pour apprendre aux personnes recueillies à considérer Notre Seigneur dans le plus intime de leur âme…


Si l'expérience est nécessaire à une âme arrivée à cet état, un guide spirituel ne l'est pas moins; car elle devra le consulter sur bien des choses. Si, après en avoir cherché un, elle ne le trouve point, Notre Seigneur ne manquera pas de suppléer à ce défaut, puisque, malgré toute ma misère, il n'a pas laissé de m'assister en de semblables occasions…
Un jour, le Seigneur, voulant me consoler de mes peines, me dit avec beaucoup d'amour de ne point m'affliger, que les âmes en cette vie ne pouvaient être toujours dans le même état: tantôt je serais fervente et tantôt sans ferveur, tantôt dans la paix et tantôt dans le trouble et les tentations; mais je devais espérer en lui et ne rien craindre


Je lui dis quelquefois du fond de mon âme: Seigneur, ou mourir ou souffrir! je ne vous demande pas autre chose. Lorsque j'entends sonner l'horloge, c'est pour moi un sujet de consolation, à la pensée que je touche d'un peu plus près au bonheur de voir Dieu, et que c'est une heure de moins à passer dans cette vie….
À cet état d'âme en succède néanmoins parfois un autre, où je ne sens ni peine de vivre ni envie de mourir. C'est une absence de ferveur, et je ne sais quel obscurcissement à l'égard de tout, qui peut provenir, comme je l'ai dit, des grandes souffrances que j'endure….


Voilà, mon père, la vie que je mène maintenant; demandez à Dieu pour moi, je vous en conjure, ou qu'il m'appelle à lui, ou qu'il me donne les moyens de le servir. Plaise à sa Majesté que cet écrit vous soit de quelque utilité! Faute de loisir, il m'a bien coûté quelque peine; mais quelle heureuse peine, si j'avais réussi à dire quelque chose qui fit louer Dieu une seule fois!


JHS


Le Saint-Esprit soit toujours avec vous, mon père. Amen.
Ce ne serait pas mal, je crois, de faire valoir à vos yeux l'obéissance que je vous ai rendue en écrivant ceci, afin de vous obliger par là à me recommander instamment à Notre Seigneur. Je le ferais, ce me semble, à bon droit, après tout ce que j'ai souffert en me voyant dépeinte dans ces pages, et en rappelant à mon souvenir mes innombrables misères. Néanmoins, je puis le dire avec vérité, j'ai ressenti plus de peine à écrire les grâces que le Seigneur m'a accordées, que les offenses que j'ai commises contre sa divine Majesté


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