vendredi 12 novembre 2010

Thérèse d'Avila, Vie39, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 39, extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.


Une personne à qui j'avais de l'obligation ayant presque entièrement perdu la vue, j'en fus si affligée, que je suppliai avec importunité Notre Seigneur de la lui rendre; je craignais toutefois que mes péchés ne me rendissent indigne d'être exaucée. Cet adorable Sauveur m’apparut alors comme il l'avait fait tant d'autres fois, me montra la plaie de sa main gauche, et en tira avec sa main droite un grand clou dont elle était percée. Il me semblait que le clou emportait en même temps la chair. Je fus émue de la plus tendre compassion, en songeant à l'excès de douleur que devait endurer mon divin Maître. Il me dit de ne point douter qu'après avoir souffert cela pour mon amour, il ne fit à plus forte raison ce que je lui demandais. Il me promit d'exaucer toutes mes prières, sachant bien que je ne solliciterais rien que pour sa gloire; il allait donc m'accorder la faveur que j'implorais…
Mais hélas! ô mon Dieu, comment nous arrive-t-il si souvent d'apprécier selon nos faibles vues, je ne dis pas les choses de ce monde, mais les choses spirituelles elles-mêmes, et d'en porter un jugement bien éloigné de la vérité? Nous mesurons, par exemple, notre avancement spirituel sur les années marquées par quelque exercice d'oraison, comme si nous voulions poser des limites à Celui qui, quand il veut, prodigue ses faveurs sans mesure, et peut en six mois plus enrichir une âme qu'une autre en plusieurs années…
Je disais qu'il est dangereux de compter ses années d'oraison; car, bien qu'on soit humble, l'on doit toujours craindre de se complaire dans la pensée d'avoir mérité quelque chose…
Je ne nie pas qu'une âme qui, pendant plusieurs années, persévère humblement dans l'oraison, ne fasse des progrès, et que Dieu ne lui accorde des faveurs; je dis seulement qu'elle ne doit point se souvenir de ces années. Que sont, en effet, tous nos misérables services, en comparaison d'une goutte du sang adorable versé pour nous par le divin Maître?...



Etant en oraison, je me vis seule dans une vaste campagne, environnée d'une multitude de gens d'aspects divers, armés, me semblait-il, de lances, d'épées, de dagues, d'estocs fort longs, et prêts à m'attaquer. Impossible de fuir d'aucun côté sans m'exposer à la mort; j'étais seule, sans personne pour me défendre. Dans cet excès de détresse, je ne savais que faire. Levant les yeux vers le ciel, je vis Jésus-Christ, non dans le ciel, mais bien haut dans l'air, au-dessus de moi; il me tendait la main et me couvrait de sa protection, en sorte que ma crainte s'évanouit, et cette multitude, malgré sa furie, n'avait plus le pouvoir de me faire aucun mal.
Cette vision, qui paraît sans utilité, me fut néanmoins très avantageuse; elle me fit connaître ce qui devait m'arriver. Car peu après, m'étant trouvée presque dans cet état, je reconnus que Dieu avait voulu me montrer un tableau du monde. Là, en effet, tout semble armé contre la pauvre âme… je parle des amis mêmes, des parents, et, ce qui m'étonne le plus, des personnes les plus vertueuses. A quelque temps de là, tous me combattant à l'envi croyant bien faire, je me vis tellement pressée de toutes parts, que je ne savais ni comment me défendre ni que devenir...Souvent j'étais tellement accablée de toutes parts, que mon unique remède était de lever les yeux au ciel, et d'appeler Dieu à mon secours. Ce qui m'avait été montré dans cette vision était parfaitement présent à mon souvenir, et me servit beaucoup pour ne mettre ma confiance dans aucune créature, mais en Dieu, qui seul est stable. Durant le cours de cette grande tribulation, mon divin Maître, selon qu'il me l'avait montré dans cette vision, m'envoya toujours quelqu'un qui venait comme de sa part me tendre la main
Étant un jour dans une inquiétude et un trouble extrêmes, loin de pouvoir me recueillir et de sentir en moi ce détachement qui m'est ordinaire, je voyais mon esprit se porter à des pensées imparfaites. Je souffrais un véritable combat et comme un déchirement intérieur…Lorsque j'étais en cette peine, Notre Seigneur, daignant m'adresser la parole, me dit de ne point m'affliger; qu'en me voyant de la sorte, je devais comprendre dans quelle misère je tomberais s'il s'éloignait de moi…

Un jour, tandis que je récitais le symbole qui commence par ces mots: Quicumque vult, Notre Seigneur me fit entendre de quelle manière un seul Dieu est en trois personnes, et me le fit voir si clairement, que j’en demeurai tout à la fois extrêmement surprise et consolée. Cela me servit beaucoup pour mieux connaître la grandeur de Dieu et ses merveilles; et comme, lorsque je pense à la très sainte Trinité, ou que j'en entends parler, je comprends comment les trois adorables Personnes ne font qu'un seul Dieu, j'en éprouve un inexprimable contentement…

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