Carmel Saint Maur
Homélie de Mgr André Lacrampe,
Archevêque de Besançon
Dimanche 8 janvier 2012
La fête de l’Epiphanie nous rappelle la manifestation de Dieu, la révélation de Dieu qui fait connaître son Fils à toutes les nations.
J’ai relevé ces derniers temps que 300 000 millions d’habitants peuplaient la terre du temps de Jésus.
Aujourd’hui, 7 milliards d’êtres humains, dont 2 milliards 200 millions de chrétiens, dont 1 milliard… 100 millions de catholiques.
Le Salut en Jésus-Christ est adressé à toute l’humanité.
C’est là que réside toute l’actualité de cette fête.
Ce Salut s’adresse à tous. Jésus-Christ est venu sauver tout être humain, nous libérer des attaches du péché, nous rendre la vraie liberté. « Les païens sont associés au même héritage que les juifs dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile » affirme l’apôtre Paul aux chrétiens d’Ephèse. C’est un appel au Salut, et il est universel. (Ephésiens 3,5-6)
Quand nous portons un regard sur notre planète, quand nous pensons aux membres de l’Eglise qui font route avec leurs contemporains – et nous en faisons partie – que découvrons-nous ? Que vivons-nous ? Que vivent les membres de l’Eglise dans la diversité des vocations ?
Nous sommes en contact avec des hommes et des femmes de bonne volonté qui cherchent un sens à leur vie, qui s’efforcent par leur vie de construire un monde de paix et de justice sans référence à l’Evangile.
Nous sommes en contact avec des personnes qui ignorent le Christ, qui ne le connaissent pas, qui construisent leur vie en dehors de toute référence religieuse.
Nous sommes en contact avec des chercheurs, des intellectuels, des savants qui, par leurs travaux dans le domaine des sciences, de la médecine, de la technique, œuvrent au progrès de l’humanité.
Nous sommes en contact avec des croyants d’autres traditions religieuses afin de promouvoir, dans l’esprit des rencontres d’Assise, un monde plus juste, plus humain, un monde de paix.
Nous sommes en contact avec des membres de communautés dans divers pays et continents, l’Afrique, l’Asie, portant dans notre prière ceux dont la vie est menacée en raison de leur foi et conduit parfois à l’exil.
Nous sommes là en contact avec les hommes et les femmes engagés au plan social, politique, culturel. Avec la fête de l’Epiphanie, nous célébrons Jésus-Christ qui s’est manifesté aux hommes. Il est la lumière du monde envoyé par Dieu le Père pour apporter son Esprit d’unité à l’humanité.
Aujourd’hui comme hier, la mission de l’Eglise est de faire rayonner la lumière du Christ dans le monde entier.
« Debout Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » (Isaïe 60, 1-6)
Dans ce passage du livre d’Isaïe, la lumière nous est présentée comme un don du Seigneur.
C’est en se laissant illuminer que Jérusalem, figure du Peuple de Dieu, pourra devenir « lumière » pour les nations.
« Debout Jérusalem ! »
Il appartenait aux exilés, de retour sur leur terre, d’accueillir le don de Dieu pour ne pas sombrer dans la désespérance, pour ne plus se lamenter.
Peut-être pouvons-nous nous interroger sur notre façon de recevoir les messages d’Espérance transmis par l’Ecriture.
L’Espérance, dans la Bible, ne tourne pas nos regards vers un avenir triomphant selon les critères du monde, mais elle nous conduit à vivre de cette lumière de Dieu par laquelle nous pouvons discerner la lumière, autrement dit les traces de sa présence, la force de son amour, le sens de notre histoire.
La confrontation avec le récit de la visite des mages au Christ est éclairante.
Aucun triomphalisme en cet Enfant où Dieu a enfoui sa divinité mais « la lumière née de la lumière » qui s’offre à tous.
Les mages venus d’Orient sont guidés par l’espérance de pouvoir rendre hommage au Sauveur nouveau-né.
L’espérance était leur étoile. Leur désir était d’adorer le Seigneur. Ils ne sont pas venus les mains vides. Au nom des peuples non chrétiens, avec l’or, l’encens, la myrrhe, c’est tout ce qui est bon dans les diverses cultures et traditions des peuples à travers le monde qu’ils offrent au Seigneur qui les accueille. Aujourd’hui, nous sommes là, en présence du Seigneur qui éclaire le chemin où nous sommes engagés.
« Avoir de l’espérance » a dit Benoit XVI dans son récent voyage au Bénin. « Ce n’est pas être ingénu, mais c’est poser un acte de foi en Dieu ».
Sur les routes de la vie, quelles que soient nos vocations, les obstacles de toutes sortes ne manquent pas.
Toutefois, sur les routes de la vie, l’Espérance doit nous guider. Le désir de Dieu doit combler notre vie dans les temps de prière, d’oraison, d’adoration.
« Trois symboles selon des Ecritures » indique Benoît XVI au Bénin, « décrivent l’espérance pour le chrétien : le casque car il protège du découragement, l’ancre sure et solide qui fixe en Dieu et la lampe qui permet d’attendre l’aurore d’un jour nouveau ».
Le message de l’Epiphanie est un message d’Espérance, message proclamé de nouveau en Afrique par le Pape Benoit XVI après Jean Paul II.
« Aie confiance, Afrique et lève-toi, le Seigneur t’appelle ! »
Benoît XVI conclut ainsi son discours du 19 novembre à Cotonou.
En ce dimanche, dans nos diocèses, nous sommes invités à participer dans la mesure de nos moyens au soutien et au développement des Eglises d’Afrique.
En lien avec toutes les communautés de ce continent, communautés paroissiales, congrégations religieuses de vie apostolique et contemplative, ne relâchons pas nos efforts pour continuer, ici, notre mission d’évangélisation, la mission de la prière et de l’adoration et d’être des hommes et des femmes du désir de Dieu, de l’Emmanuel qui désire combler notre quête. Il se donne lui-même aujourd’hui, à chacun d’entre nous. Marchons avec lui, pleins de confiance.
+ André LACRAMPE
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