Thérèse d'Avila
Chemin de perfection 64,
extraits (Escorial)
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas du Chemin de Perfection
Parle contre l’excès des honneurs.
1 O mon Dieu ! Y a-t-il absurdité plus grande ? Les religieux attachent un point d’honneur à des choses si futiles que j’en suis effarée ! Cela, vous ne le savez pas, mes soeurs, mais je tiens à vous le dire afin que vous soyez sur vos gardes …
2 … Le fait est que, notre nature nous portant à monter (nous ne monterons pourtant pas au ciel de cette façon) nous ne voulons pas descendre. O Seigneur, Seigneur ! n’êtes-vous pas notre modèle et notre Maître ? Oui, vous l’êtes ! Eh bien, où avez-vous mis votre honneur, mon Roi ? l’avez-vous perdu, par hasard, en vous humiliant jusqu’à la mort ? Certainement pas, Seigneur, au contraire vous l’avez conquis, et tous peuvent en tirer profit.
3 Oh, pour l’amour de Dieu ! nous avons perdu le chemin nous avons fait fausse route dès le départ ; et plaise à Dieu qu’aucune âme ne se perde pour vouloir garder ces misérables points d’honneur, faute de comprendre en quoi consiste le véritable honneur ! Et nous en viendrons ensuite à penser que nous avons fait beaucoup si nous pardonnons un de ces petits riens qui ne nous a pas même offensées, et n’avait d’ailleurs rien à voir avec une offense. Et comme si nous avions fait quelque chose, nous viendrons demander au Père de nous pardonner, puisque nous avons pardonné. Faites-leur comprendre, Seigneur, qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent et que, comme moi, ils se présentent devant vous les mains vides. Faites-le, Seigneur, au nom de votre miséricorde, et pour l’amour de vous ; car en vérité, je ne vois rien à vous présenter qui soit digne d’obtenir une si grande faveur, si ce n’est le mérite de celui qui vous le demande ; et il a raison de le faire, car c’est toujours lui qui reçoit les affronts et les offenses.
4 Mais comme le Seigneur doit apprécier que nous nous aimions les unes les autres ! Car en lui donnant notre volonté, nous lui avons tout donné - et à juste titre -, et cela ne peut se faire sans amour. Voyez, mes soeurs, combien il est important que nous nous aimions les unes les autres et que nous soyons en paix, car de toutes les choses que nous avons données, ou qu’en notre nom il a données à son Père, le Seigneur a mis celle-là à la première place ; il aurait pu dire : " Parce que nous vous aimons, et supportons des épreuves, et voulons les supporter pour vous, ou parce que nous jeûnons, ou parce que nous faisons telle ou telle bonne action ", et pourtant il n’a mentionné que celle-là. Peut-être est-ce parce qu’il nous sait si attachées à ce misérable point d’honneur, si incapables de supporter quoi que ce soit pour l’Amour de lui, qu’il la signale avant toute autre comme étant la plus difficile à obtenir de nous. Et elle est si difficile, qu’après avoir demandé pour nous tant de faveurs, il l’offre à son Père de notre part.
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