vendredi 23 novembre 2012

Fondations 30 Thérèse d'Avila, extraits

Thérèse d'Avila Fondations, 30 (traduction Marcelle Auclair), extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations
Fondation du monastère de la Très Sainte Trinité dans la ville de Soria. Il a été fondé en l'année 1581. La première messe fut dite le jour de notre saint père Élisée.

   1 Quand j'étais à Palencia, occupée à la fondation dont je viens de parler, on m'apporta une lettre de l'Évêque d'Osma...
   2 Il m'écrivait cette lettre de Soria, où il se trouvait alors. Il me disait qu'une de ses pénitentes l'avait entretenu de la fondation d'un monastère de religieuses de notre Ordre, et que cela lui semblait bon; il s'était engagé à me persuader d'aller le fonder, et me demandait de ne pas le démentir; que je lui dise donc si j'estimais la chose convenable, et il m'enverrait chercher...
   3 Cette dame fondatrice se nommait Dona Béatrice de Beamonte y Navarra... Mariée quelques années, restée veuve sans enfants, il lui resta de grands biens, et elle avait depuis longtemps l'idée de faire un monastère de religieuses...
   4 Elle est douce de caractère, généreuse, mortifiée, enfin grande servante de Dieu et possédait à Soria une bonne maison, solide, fort bien située; elle nous dit qu'elle nous la donnerait avec tout le nécessaire pour fonder un couvent, et elle nous la donna avec 500 ducats à 25 pour mille. L'Évêque s'offrit à donner une très bonne église, entièrement voûtée, qui appartenait à une paroisse voisine; nous l'avons adjointe en construisant un passage; ce fut possible car cette paroisse était pauvre, les églises sont nombreuses en cet endroit et on put transférer la paroisse ailleurs. L'Évêque m'exposait tout cela dans sa lettre. J'en parlai au Père Provincial qui vint à ce moment; lui-même, et tous nos amis furent d'avis que j'envoie une lettre par un messager afin qu'on vienne me chercher car la fondation de Palencia était achevée, et moi fort heureuse de tout cela, pour les raisons que j'ai dites.
   5 Je fis immédiatement venir les religieuses que je devais emmener avec moi, elles étaient sept...
   7 Ce voyage se fit à peu près sans difficultés... Nous arrivâmes à Burgo de Osma le mercredi avant l'octave du Très Saint-Sacrement. Nous y communiâmes le jeudi de l'octave; ne pouvant atteindre Soria le jour même, nous y dînâmes aussi, et nous passâmes la nuit dans une église, à défaut d'hôtellerie, sans nous en trouver plus mal. Le lendemain nous assistâmes à la messe et entrâmes dans Soria aux environs de cinq heures du soir. Le saint Évêque, devant chez qui nous passâmes, se tenait à l'une des fenêtres de sa maison d'où il nous donna sa bénédiction, cela ne nous fut pas une mince consolation, car on fait grand cas de celle d'un prélat et d'un saint.
   8 Cette dame, notre fondatrice, nous attendait à la porte de sa maison, celle où le monastère devait être fondé. Nous nous demandions à quelle heure nous pourrions y entrer, tant il y avait de monde...
   9 Cette dame avait parfaitement tenu compte de tout ce qui nous était nécessaire, elle nous laissa cette pièce, nous y vécûmes en clôture jusqu'à ce que le passage fût fait, ce qui prit jusqu'à la Transfiguration. Ce jour-là on célébra la première messe dans l'église en grande pompe, et devant une grande foule...
   12 Aussitôt après notre transfert à l'église, et lorsque nous eûmes établi la clôture, je dus me rendre au monastère de Saint-Joseph d'Avila, et je partis bientôt, malgré la grande chaleur, par des chemins à peine carrossables; un prébendier de Palencia, nommé Ribera m'accompagnait...
   13 Je refusai toute autre escorte que la sienne et celle de ma compagne; il est si attentif qu'il suffit à tout, et je me sens d'autant mieux par les chemins que nous y faisons moins de bruit. Au retour je payai le bon voyage d'aller. Notre conducteur connaissait le chemin jusqu'à Ségovie, mais pas le chemin carrossable; ce garçon nous conduisit donc par des endroits tels que nous étions souvent obligés de mettre pied à terre, et qu'en des passages particulièrement escarpés il lui fallait presque porter notre voiture sur son dos...
   14 Nous arrivâmes à Saint-Joseph de Ségovie la veille de la Saint-Barthélemy; nos religieuses étaient fort en peine de nous, nous avions beaucoup de retard en raison de l'état des chemins. Là, on nous dorlota, car jamais Dieu ne m'impose de peines sans me récompenser immédiatement je me reposai huit jours et plus; mais la fondation de Soria fut faite si aisément qu'il n'y a pas lieu de tenir compte des difficultés de la route: ça n'est rien. J'étais contente car la région me semble si favorable qu'avec la miséricorde de Dieu cette fondation sera utile à son service, comme on le voit déjà. Qu'il soit pour toujours béni et loué dans les siècles des siècles. Amen. Deo gratias.

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