Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations
De la fondation du glorieux Saint-Joseph de
Sainte-Anne à Burgos. La première messe y fut dite le dix-neuvième jour du mois
d'avril, octave de Pâques, en 1'année 1582.
2 En l'année 1580, j'étais à Valladolid
lorsque l'Archevêque de Burgos, auparavant Archevêque des Canaries, vint à
passer; il se rendait à son nouvel archevêché. A ma prière, l'Évêque de Palencia,
Don Alvaro de Mendoza...me promit de grand coeur de lui demander son autorisation: il
estime que Notre-Seigneur est bien servi dans ces maisons, et se réjouit chaque
fois qu'il s'en fonde une nouvelle.
3 ... Il répondit que ce serait avec grand
plaisir, qu'il avait même désiré fonder un de ces monastères aux Canaries,
sachant combien on y servait le Seigneur, il y en avait un dans son pays natal,
et, de plus, il me connaissait bien. L'Évêque me dit donc de ne pas m'inquiéter
de l'autorisation, car il s'était montré très content; comme le concile n'exige
pas qu'elle soit donnée par écrit, mais que la volonté du prélat suffit, nous
pouvions la tenir pour acquise.
4 En parlant de la fondation de Palencia,
j'ai dit combien il m'avait été difficile de fonder à ce moment, si malade
qu'on pensait que je n'y survivrais point, et je n'étais pas encore en
convalescence; pourtant, lorsqu'il s'agit de servir Dieu, ces raisons ne
comptent pas pour moi, et je ne vois pas d'où provenait le dégoût que
j'éprouvais alors...
5 Il sembla préférable de commencer par
Palencia, plus proche, et puis la saison était dure, et Burgos si froid; nous
voulions aussi être agréables au bon Évêque de Palencia; ainsi fut donc fait.
Comme il se présenta alors l'opportunité d'une fondation à Soria où tout était
prêt, il sembla préférable d'y aller d'abord et directement. L'Évêque de
Palencia estima séant de rendre compte à l'Archevêque de ce qui se passait, et
je le suppliai de le faire; après mon départ pour Soria, il manda dans ce seul
but à l'Archevêque un chanoine nommé Juan Alonso; il m'écrivit à moi-même avec
beaucoup d'amour combien il souhaitait ma venue, et s'entendit avec le
chanoine; il écrivit aussi à Sa Seigneurie, s'en remettant à lui, ajoutant
qu'il agissait ainsi parce qu'il connaissait Burgos et que son consentement
était nécessaire pour y entrer.
6 II fut enfin décidé que j'irais à Burgos;
nous traiterions d'abord avec la ville... il ne convenait pas de fonder un
monastère autrement qu'avec des revenus ou avec le consentement de la ville...
7 L'Évêque croyait à juste titre l'affaire
faite lorsqu'il me fit dire de partir. Je crus pourtant sentir un certain manque
d'entrain de la part de l'Archevêque, et je lui écrivis en le remerciant de la
grâce qu'il me faisait; j'ajoutais que je croyais plus risqué de fonder contre
le gré de la ville qu'à son insu, ce qui mettrait Sa Seigneurie en grave
conflit avec elle. On eût dit que je devinais le peu d'aide qu'il m'apporterait
en cas de difficultés; il y en eut, provoquées par les divergences d'opinion
que suscitent ces fondations...
8 Il était dans la ville de Burgos une
sainte veuve nommée Catalina de Tolosa, native de Biscaye, dont les vertus
étaient telles que parler de son oraison, de ses pénitences, de ses aumônes, de
sa charité, allongerait beaucoup ce récit...
9 ... je la priai donc de me chercher à
Burgos une maison à louer, afin de prendre possession et de faire installer des
grilles et des tours, à mes frais... persuadée qu'il n'était pas inutile
d'avoir l'autorisation de la ville, elle entreprit les démarches.
10 Elle avait deux voisines, mère et fille,
de haut rang, grandes servantes de Dieu, qui désiraient également beaucoup que
cette fondation se fasse. La mère s'appelait Dona Maria Manrique; elle avait un
fils intendant de police, nommé Don Alonso de Santo Domingo Manrique; la fille
s'appelait Dona Catalina. D'un commun accord, elles demandèrent à cet intendant
d'obtenir l'autorisation du conseil de la ville; il s'enquit auprès de Dona
Catalina de Tolosa de nos possibilités matérielles, car si nous n'avions rien,
nous n'obtiendrions rien. Elle répondit qu'elle s'engageait à nous donner une
maison, - ce qu'elle fit -si nous n'en avions pas, et à nous nourrir; elle
signa aussi la pétition de son nom. Don Alonso mena si adroitement les
pourparlers qu'il obtint l'autorisation écrite de tous les intendants; il la
porta à 1'Archevêque...
11 Au
milieu de tout cela, un jour de l'octave de Saint-Martin, alors que je
recommandais cette fondation à Notre-Seigneur, je sentis que si nous obtenions
cette autorisation, il serait possible de fonder ce monastère. Il me semblait
pourtant inadmissible d'aller à Burgos où il fait si froid; malade comme je
l'étais d'un mal auquel le froid est si contraire, il serait téméraire
d'entreprendre un si long voyage, presque aussitôt après le si dur retour de
Soria et le Père Provincial ne m'y autoriserait pas... Je pensais à cela, bien
décidée à ne pas partir, lorsque le Seigneur me dit ces mots, me donnant à
entendre que l'autorisation était acquise: «Ne t'occupe pas du froid, car je
suis la vraie chaleur. Le démon met tout en œuvre pour empêcher cette
fondation, agis en Mon nom afin qu'elle se fasse et ne manque pas d'y aller en
personne: ce sera très utile.»
12 Cela me fit encore changer d'avis, bien
que ma nature répugne parfois aux travaux pénibles, mais non pas ma volonté de
souffrir pour ce grand Dieu; je lui demandai donc de ne pas faire cas de ma
faiblesse, de me commander ce qui serait nécessaire, car avec son aide je ne
manquerais pas de le faire. Il neigeait, il faisait froid. J'étais surtout
effrayée par ma mauvaise santé...
13 On ne tarda guère à m'apporter
l'autorisation avec des lettres de Catalina de Tolosa et de son amie Dona
Catalina; elles me demandaient de hâter mon arrivée, de crainte qu'un obstacle
ne surgisse...
14 Étant donné ces circonstances, ces
saintes femmes me supplièrent tellement de me hâter que si cela n'avait tenu
qu'à moi et si je n'avais été retenue par des affaires, je serais partie sur-le-champ;
je me jugeais obligée à ne pas laisser passer l'occasion, alors qu'elles
faisaient si grande diligence. Les paroles que j'avais entendues me faisaient
prévoir beaucoup d'obstacles, je ne pouvais savoir d'où ils surgiraient, ni de
qui, car Catalina de Tolosa m'avait écrit qu'elle était certaine d'avoir la
maison qu'elle habitait pour la prise de possession, la ville était d'accord,
ainsi que l'Archevêque. Je me demandais en vain de qui viendraient les
difficultés que le démon susciterait, mais je ne doutais pas que les mots que
j'avais entendus ne vinssent de Dieu...
16 Le Père Provincial voulut nous
accompagner pour cette fondation. Il avait déjà prêché l'Avent, et se trouvait
libre; et puis, il devait aller visiter Soria, où il n'était pas retourné
depuis la fondation du monastère, ce ne serait donc pour lui qu'un petit
détour; il voulait aussi veiller sur ma santé pendant ce voyage, car il faisait
très froid, j'étais vieille, malade, et ils semblent tous se soucier un peu de
ma vie. Il fut certainement inspiré par Dieu car les chemins se trouvèrent
complètement inondés, et il fut fort utile, ainsi que ses compagnons, pour nous
éviter de nous égarer et aider à tirer les chariots des bourbiers...
18 Tel fut le mauvais voyage que nous fîmes
jusqu'à Burgos, à travers beaucoup d'eau qui inondait ses abords. Notre Père
voulut que nous allions en premier lieu voir le saint Crucifix pour lui
recommander l'affaire et laisser tomber la nuit, car il était de bonne heure
lorsque nous arrivâmes, un vendredi, lendemain de la conversion de saint Paul,
26 janvier. Il était bien décidé à fonder immédiatement...
21 Le Père Provincial alla de bon matin
demander sa bénédiction à l'Archevêque; nous étions persuadés que tout était
fait. Il le trouva très troublé et très mécontent de mon arrivée sans sa
permission, comme s'il ne m'en avait pas lui-même donné l'ordre et si jamais
personne ne lui avait parlé de l'affaire; il parla donc de moi au Père
Provincial avec beaucoup de colère. Lorsqu'il eut concédé qu'il m'avait
commandé de venir, il dit que j'aurais dû venir seule pour négocier... Il
congédia le Père Provincial en lui disant que si nous n'avions ni revenus, ni
maison à nous, il ne nous donnerait l'autorisation sous aucun prétexte, et que
nous ferions aussi bien de nous en retourner. Par de jolis chemins et par le
temps qu'il faisait!
22 Ô Seigneur, qu'il est vrai que vous
faites immédiatement payer par de grandes souffrances tout ce qu'on fait pour
vous! Mais quel prix précieux que cette souffrance pour ceux qui vous aiment
vraiment, si nous en comprenions la valeur!...
23 Quelques-uns des amis à qui le chanoine
Salinas avait écrit étaient venus me voir, ainsi que ses parents. Ils furent
d'avis de demander l'autorisation de dire la messe chez nous, afin de nous
éviter d'aller par les rues. La boue était excessive, grand inconvénient pour
des Déchaussées; la maison comportait une pièce décente qui avait servi pendant
plus de dix ans de chapelle à la Compagnie de Jésus à son arrivée à Burgos; il
nous semblait donc que rien ne s'opposait à une prise de possession là où nous
étions, en attendant un autre logement. Il fut impossible d'obtenir de
l'Archevêque la permission de dire la messe malgré les supplications des deux
chanoines. Tout ce qu'on put en tirer, ce fut de fonder dans cette maison
lorsque les revenus nous seraient assurés, si quelqu'un garantissait pour nous
l'achat d'une autre maison et notre départ de celle que nous occupions. Nous
trouvâmes immédiatement l'un et l'autre, les amis du chanoine Salias se
portèrent garants et Catalina de Tolosa proposa de donner les rentes...
25 Lorsque tout fut d'accord pour la caution
et les revenus, l'Archevêque dit de transmettre au Proviseur, et que tout
serait rapidement expédié. Le démon ne devait pas cesser de le harceler, car
une fois tout examiné, alors que nous croyions qu'il n'y avait plus aucune
raison de différer, après avoir passé près d'un mois à obtenir de l'Archevêque
qu'il se contente de ce que nous faisions, le Proviseur m'envoya un mémoire
disant que nous ne recevrions pas l'autorisation tant que nous n'aurions pas
une maison à nous, car l'Archevêque ne voulait plus que nous fondions dans
celle que nous habitions, la jugeant humide, et la rue trop bruyante... il
était inutile d'insister, la maison devait être au goût de l'Archevêque.
26 Grand fut alors le trouble du Père
Provincial, et le nôtre...Ainsi affligée, et mes compagnes l'étaient grandement,
sans même que je sois en oraison, Notre-Seigneur me dit ces mots: «Maintenant,
Thérèse, tiens bon.» Cela me donna plus de courage pour dire au Père Provincial
de partir et de nous laisser; le Carême approchait, et il était forcé d'aller
prêcher.
27 Ses amis et lui donnèrent l'ordre de
mettre à notre disposition quelques pièces de l'Hôpital de la Conception: là il
y avait le Saint-Sacrement et la messe tous les jours. Cela le rassura un peu,
mais nous n'obtînmes pas cela sans peine. L'une des salles habitables était louée
par une veuve qui non seulement ne voulut pas nous la prêter (bien qu'elle
restât six mois sans l'occuper), mais elle fut très mécontente qu'on nous ait
donné quelques pièces sous les combles ...
28 ...
j'avais peur de cette veuve, riche, et bien apparentée; elle pourrait nous
faire partir dès que l'envie lui en prendrait. Mais le Père Provincial, plus
avisé, voulut que nous passions par tout ce qu'ils voulaient afin d'y entrer
vivement. Ils ne nous donnaient que deux pièces et une cuisine; mais un grand
serviteur de Dieu, nommé Hernando de Matanza, qui avait la charge de l'hôpital,
nous en donna deux autres pour servir de parloir; il fut très charitable envers
nous, comme il l'est pour tout le monde, car il fait beaucoup pour les pauvres.
François de Cuevas, maître des postes de la ville, également chargé de cet
hôpital, fut aussi très bon pour nous. ...
31 Pour en revenir à ce que je disais,
lorsque le Père Provincial lui-même nous eut installées là où nous pouvions
entendre la messe et vivre cloîtrées, il eut enfin le cœur de partir pour
Valladolid où il devait prêcher, fort peiné de ne rien voir qui fasse espérer
que 1'Archevêque donnerait son autorisation; il ne pouvait me croire lorsque
j'affirmais que tout s'arrangerait...Telles étaient les manœuvres du démon pour
empêcher cette fondation; mais, ô Seigneur, comme on voit que vous êtes
puissant! Vous vous êtes servi des obstacles mêmes qu'il suscita pour un plus
grand bien. Soyez à jamais béni.
32 Depuis notre entrée à l'hôpital, de la
veille de Saint-Matthieu à la veille de Saint- Joseph, nous fûmes en pourparlers
pour diverses maisons. Il y avait tant d'inconvénients qu'aucune de celles qui
étaient en vente n'était achetable. On m'avait parlé d'un gentilhomme qui
depuis quelque temps voulait vendre la sienne; il plut à Dieu qu'elle n'agréa à
aucun des Ordres qui cherchaient une maison. Ils s'en étonnent aujourd'hui, et
quelque-uns en ont bien du regret...
34 ... Le gentilhomme à qui elle appartenait
était absent, il avait donné tous pouvoirs pour la vente à un ecclésiastique
serviteur de Dieu à qui Sa Majesté inspira le désir de nous la vendre et de
s'entendre tout simplement avec nous.
35 Il fut convenu que j'irais la visiter.
Elle me plut tellement que si on nous avait demandé deux fois le prix prévu, je
l'aurais trouvée bon marché; on en demandait peu, deux ans auparavant le
propriétaire avait refusé de la laisser pour la même somme. Le lendemain l'ecclésiastique
et le licencié vinrent me trouver, car ce dernier, vu leur peu d'exigences, eût
voulu conclure immédiatement...
36 Le licencié a un très bon jugement, il
voyait clairement que si notre projet s'ébruitait, cela nous coûterait beaucoup
plus cher, à moins de renoncer à acheter; il fit donc diligence, et obtint de
l'ecclésiastique qu'il lui donnât sa parole de revenir après la messe. Nous
allâmes tout recommander à Dieu, qui me dit: «Tu te laisses arrêter par
l'argent?» en faisant entendre que cette maison nous convenait. Les sœurs
avaient ardemment demandé à saint Joseph de nous donner une maison pour sa
fête, et bien que nous ne puissions penser l'obtenir aussi vite, il les exauça.
Ils me pressèrent tous de conclure, ce qui se fit, car le licencié trouva à la
porte un notaire qui semblait envoyé par le Seigneur, il l'amena, et disant
qu'il convenait de conclure, il amena aussi un témoin; la porte de la salle fut
fermée ...et la vente fut conclue en bonne forme, comme je l'ai dit, la veille
de la fête du glorieux saint Joseph, grâce à l'heureuse diligence et à
l'intelligence de ce bon ami.
37 Nul ne croyait qu'on vendît cette maison
si bon marché, aussi, dès que l'affaire fut connue, commencèrent à se
manifester des acheteurs qui prétendaient que l'ecclésiastique qui avait fait
l'accord l'avait bradée; ils demandèrent l'annulation de la vente, pour cause
de duperie flagrante: le pauvre ecclésiastique passa de bien mauvais moments.
Ils avertirent immédiatement les propriétaires qui étaient, je l'ai dit, un
gentilhomme de haut rang et sa femme; ils furent si heureux qu'on fondât un
couvent dans leur maison qu'ils approuvèrent tout, ils n'auraient d'ailleurs
pas pu faire autrement. Le lendemain, on passa les actes et le tiers de la
maison fut payé...
39 ... On
eût dit que Notre-Seigneur s'était réservé cette maison, car presque tout
semblait avoir été prévu. Il est vrai que lorsque je la vis, je crus rêver en
constatant qu'elle était faite pour nous. Notre-Seigneur nous récompensa donc
bien de tout ce que nous avions enduré en nous conduisant en ce lieu de
délices, car c'est un délice que le verger, la vue et l'eau. Qu'il soit béni
pour toujours. Amen.
40 L'Archevêque fut informé aussitôt, il se
réjouit beaucoup que nous soyons si bien tombées, et il se félicita, avec
raison, de son entêtement. Je lui écrivis combien j'étais heureuse de le
satisfaire, et que j'allais hâter l'installation afin qu'il mette un comble à
ses bienfaits...
41 Il vint voir la maison, elle lui plut
beaucoup, sa bonne grâce fut extrême, mais pas au point de nous donner
l'autorisation: il nous donna seulement plus d'espoir; mais il fallait encore
passer je ne sais quels actes avec Catalina de Tolosa. Certains avaient
grand-peur qu'il ne la donne point; le docteur Manso, l'autre ami du Père
Provincial dont j'ai parlé, et également ami de l'Archevêque, attendait le
moment favorable pour lui rappeler notre affaire, et l'en importuner. II était
très peiné de nous voir comme nous étions, car bien que cette maison eût une
chapelle qui avait servi à dire la messe pour les propriétaires, l'Archevêque
ne nous permettait pas, à nous, de la dire, et dimanches et fêtes nous sortions
pour l'entendre dans une église; par chance, elle était toute proche, mais il
s'écoula environ un mois entre notre emménagement et la fondation; tous les
théologiens assuraient qu'il suffisait qu'on eût dit autrefois la messe dans
cette chapelle pour qu'on puisse continuer. L'Archevêque est lui-même grand
théologien, il le savait aussi, il semble donc qu'il y avait une autre raison,
et que Notre-Seigneur voulait nous faire souffrir; c'est moi qui supportais le
mieux cette épreuve, mais certaines religieuses, quand elles se voyaient dans
la rue, en tremblaient de chagrin.
42 Ce ne fut pas une petite affaire que de
passer ces actes, car s'ils se contentaient un jour d'une caution, le lendemain
ils voulaient l'argent et multipliaient les difficultés...
43 Moi, lorsque je vis ces lenteurs,
j'écrivis à l'Évêque de Palencia, en le suppliant d'écrire à nouveau à l'Archevêque...
44 ... et l'Archevêque nous donna enfin son
autorisation; il chargea de nous l'apporter le bon Hernan de Matanza, qui nous
arriva plein de joie. Ce jour-là les sœurs étaient plus affligées que jamais,
et la bonne Catalina de Tolosa dans un tel état que je n'arrivais pas à la
consoler; on eût dit que le Seigneur s'était plu à nous désoler davantage au
moment même où il allait nous donner le bonheur; moi-même, qui ne m'étais
jamais inquiétée, j'avais eu des doutes la nuit précédente. Que son nom soit
béni à jamais, et loué à présent et toujours. Amen.
45 L'Archevêque autorisa donc le docteur
Manso à dire la messe le lendemain et à poser le Très Saint-Sacrement...
47 Ô vrai homme et vrai Dieu, mon Époux!
Peut-on ne pas apprécier cette grâce? Louons-Le, mes sœurs, de nous l'avoir
accordée, ne nous lassons pas de louer un si grand Roi et Seigneur qui nous a
préparé un royaume qui ne finira jamais, en échange de quelques petites peines
enveloppées de mille joies, qui toutes finiront demain. Qu'il soit toujours
béni. Amen. Amen...
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