dimanche 8 septembre 2013

Homélie 23e dimanche C


Homélie 23e dimanche C
Carmel de Saint-Maur  P. Maurice Boisson

« Par les temps qui courent… » - « il faut calculer ! » - il faut faire attention, comme on dit. Il faut faire des choix, faire des préférences. S’il faut changer la chaudière ou le lave-linge, ou la voiture, équiper les enfants et les jeunes pour la rentrée  - et pas forcément avec des marques, à plus forte raison si on construit, il faut calculer, faire des choix, se priver de certaines choses dont on aurait pourtant bien envie. Ce n’est pas vrai seulement pour des choses matérielles. Un jeune cadre me disait avant-hier : « A cette rentrée, j’ai refusé une promotion qui m’aurait beaucoup éloigné de ma famille et aurait causé pas mal de problèmes. J’ai préféré sauvegarder mon couple, mes enfants. »

Une jeune femme me disait aussi ces jours : « Cet été, on n’est pas partis aussi loin que prévu. On a préféré rester proches des parents malades. »

Notre vie est faite de préférences, de choix. Et qui dit choix dit renoncement.

« Celui qui veut bâtir – dit Jésus – commence par voir s’il pourra aller au bout du chantier » (cf. Luc 14,28).

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple » (Luc 14,26).

C’est le message de ce dimanche qui tient en un mot : préférer. « Ma préférence à moi », dit une chanson. Quelle est-elle ? Où va notre préférences ? Où vont nos choix ? En fonction de quoi ? On est venu à la messe ce matin – on a préféré, on a choisi parmi sans doute beaucoup d’autres sollicitations.

Cet Evangile est une bonne sagesse de vie pour aujourd’hui, pour la vie tout court : il s’agit de calculer la faisabilité – comme on dit – de nos choix, de nos préférences ; pas seulement en termes de finances, mais en capacité de renoncement, donc d’amour.

Pour notre vie de chrétiens : préférer le chemin de l’Evangile, du Christ. « Je suis le chemin » (Jean 14,6). Préférer l’attitude de la paix, du respect, renoncer à la violence, au dénigrement, à la méchanceté. Préférer l’honnêteté, la droiture, renoncer à la magouille. Préférer la vie, renoncer à ce qui peut tuer. Des paroles peuvent tuer.

« Me préférer » - dit Jésus. Renoncer à ce qui détruit les relations, la vie ensemble. Il ne suffit pas d’afficher ou de défendre ce valeurs ; il est préférable de chercher à les vivre, les préférer en des choix concrets qui impliquent des renoncements.

« Me préférer » - dit Jésus – ce n’est pas seulement être religieuse, prêtre ou moine. « Me préférer » - c’est choisir, ce sont des choix, des préférences au ras de notre quotidien.

Il faut bien comprendre : donner une préférence n’est pas mépriser, dévaloriser, dénigrer ce qu’on ne choisit pas. Alors que le commandement de Dieu demande d’honorer son père et sa mère, Jésus ne demande pas d’abandonner tous les liens de famille ; il n’aurait jamais guéri la belle-mère de Pierre qu’il venait d’appeler à le suivre.

Il ne s’agit pas de mépriser ce à quoi on renonce. Le renoncement dont parle Jésus est un renoncement aussi à des choses bonnes – sinon ce serait plus facile. Il s’agit de préférer !

Préférer vivre l’appel du Christ dans le mariage n’est pas mépriser le célibat ; et préférer vivre l’appel du Christ dans le célibat et la chasteté n’est pas non plus mépriser le mariage.

Préférer n’est pas aimer moins mais aimer plus pour vivre certains renoncements.

Préférer n’est pas toujours un choix, on le sait bien. C’est aussi consentir à ce qui arrive, à l’événement imprévu, aux morsures de la vie, à ce que nous n’avons pas choisi – si on accepte de ne pas pouvoir tout maîtriser. 

« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple » (Luc 14,27).

Nous savons, par expérience, qu’il n’y a pas de vie sans croix - pas de choix, de préférence – sans peine, sans rupture, sans douleur. C’est le don d’amour de Jésus.

Porter sa croix, c’est porter la notre, de croix. C’est déjà pas rien. Certaines personnes croient porter toutes les misères et les croix du monde. Portons déjà la notre, ce sera toujours autant de moins sur les épaules de Jésus.

Et prions avec l’acclamation de l’Alléluia : répands sur nous, Seigneur, la lumière de tin visage et apprends-nous tes volontés … là où doivent aller nos préférences.

 

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