Mgr Parolin, nouveau secrétaire d'Etat du Vatican
Avec la nomination d’un nouveau Secrétaire d’Etat, appelé à remplacer le cadinal Bertone, c’est le début d’une série de désignations à des postes-clés que le pape François a entamé. Elles reflèteront ce que sera l’équipe du souverain pontife pour son pontificat.
Depuis son entrée en fonction, le pape François avait évité la précipitation dans les nominations aux postes-clés de la Curie romaine ; lesquelles constituent en définitive la composition des proches collaborateurs du souverain pontife. Jusqu’ici donc, pas de grands changements à la tête des Conseils pontificaux ou à des fonctions qui constituent le gouvernement du Vatican.
La première de ces nominations vient d’être faite ce 31 août. L'archevêque Pietro Parolin a été nommé secrétaire d’Etat de la cité vaticane. Un fonction qui correpond à celle de ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement national. Un poste clé et essentie. Mgr Parolin remplacera à cette fonction le cardinal Tarcicio Bertone dès le 15 octobre prochain.
Un homme d'expérience
Pietro Parolin est né le 17 janvier 1955 à Schiavon, dans la province et le diocèse de Vicenza (Italie). Élevé dans une famille simple et profondément catholique, il fréquenta dès sa jeunesse la paroisse du village et trouva chez son curé, don Augusto Fornara, un point de référence spirituel qui orienta sa foi et en particulier sa vocation sacerdotale murît au cours de ces années-là. La tragique disparition du père, mort dans un accident de la route en 1965, marqua son enfance et celle de sa sœur et de son frère qui n’avait alors que huit mois.
Il entre au séminaire de Vicenza à 14 ans. Il passe son baccalauréat littéraire, et poursuivit des études de philosophie et théologie. Ordonné prêtre le 27 avril 1980, il est vicaire de la paroisse de la Très Sainte Trinité à Schio. Deux ans plus tard, il est envoyé à Rome à l’université pontificale grégorienne. En 1983, il entre à l’Académie pontificale ecclésiastique et en 1986 il obtient une licence en droit canonique à la grégorienne soutenant une thèse consacrée au synode des évêques.
Le monde de la diplomatie n’a pas de secret pour Mgr Pietro Parolin. Sa désignation s’explique entre autres par sa longue carrière au sein du service diplomatique du Saint-Siège où il entre en 1986, au sein de la représentation pontificale au Nigeria, puis au Mexique et ensuite à la section pour les relations avec les Etats de la secrétairerie d’Etat, où il travaille jusqu’en 2002. Au cours de cette période, il accompagne entre autre le cardinal Roger Etchegaray dans la mission accomplie en mai 1993 au Rwanda pour rencontrer les autorités religieuses et civiles et témoigner de la proximité du pape Jean-Paul II aux populations victimes de la guerre civile. Il a aussi fait partie de la délégation guidée par le cardinal Jean-Louis Tauran, qui en juin 1997 participe à la 19ème session de l’assemblée générale des Nations Unies consacrée à l’environnement et au développement. A partir de 2000, il collabore avec Mgr Attilio Nicora – aujourd’hui cardinal- président émérite de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique – sur les questions liées à la mise en application de la révision du Concordat du Latran de 1984, avec un accent particulier sur le diocèse aux armées et l’assistance religieuse dans les prisons et dans les hôpitaux.
Une longue carrière diplomatique
Le 30 novembre 2002, Jean-Paul II le nomme sous-secrétaire de la section pour les relations avec les Etats de la secrétairerie d’Etat, charge qu’il occupe pendant près de sept ans. Dans cette fonction il intervient dans diverses institutions internationales, témoignant en particulier de l’attention du Saint-Siège sur les thèmes de la paix et des droits humains. Le 4 septembre 2003 il prend la parole à Vienne au cours de la troisième conférence consacrée au Traité sur l’interdiction globale des essais nucléaires (Ctbt) pour lancer un appel à la coopération « responsable, honnête et cohérente » de tous les membres de la communauté des nations en vue d’un désarmement définitif et complet. Appel qu’il renouvelle lors de la cinquantième session de la conférence générale de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) – dont le Saint-Siège est membre fondateur depuis 1957 – qui se déroulait le 18 septembre 2006 toujours dans la capitale autrichienne, invoquant une pleine application du Traité de non-prolifération nucléaire (Npt) entré en vigueur en 1970.
De la même manière, à plusieurs reprises, Mgr Parolin se fait le porte-parole de la volonté du Siège apostolique d'œuvrer dans les organismes internationaux pour protéger les droits essentiels de la personne: et parmi ceux-ci la liberté religieuse, en défense de laquelle il prononce une intervention le 2 décembre 2003 à Maastricht, à l’occasion de la 11ème réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), rappelant que le respect de toute confession religieuse et le plein exercice du droit à le professer « contribuent de manière déterminante à combattre l'intolérance et les préjugés ethniques et raciaux ». Dans ce même siège, il souligne la nécessité d’une « plus grande intégration » entre ethnies et cultures dans la société actuelle. Il dénonce avec des paroles fortes la traite des êtres humains, qu’il définit comme une « manifestation honteuse de l’esclavage », demandant une plus étroite collaboration internationale pour faire face à ce dramatique phénomène. L’attention aux problèmes du développement mondial et à l’exigence de redéfinir les priorités économiques et sociales oriente au cours de ces années l’attention du Saint-Siège également vers le thème de la protection de l’environnement, au cœur de l’intervention qui se déroule à New York le 24 septembre 2007 lors d’une rencontre dans le cadre de la 62ème session de l’assemblée générale des Nations Unies: aux Etats – affirme-t-il à cette occasion – revient une « responsabilité commune de protéger le climat mondial et notre planète pour garantir que les générations présentes et à venir puissent vivre dans un environnement sain et sûr ».
Expert de l'Asie et du Moyen-Orient
Expert en particulier dans la région du Moyen-Orient, et de manière plus générale à la réalité politique du continent asiatique, Mgr Parolin travaille en particulier à tisser et renforcer les rapports entre le Saint-Siège et le Vietnam: il fait partie de la délégation du Saint-Siège qui s’est rendue entre avril et mai 2004, en mars 2007 et en février 2009 – lorsque s’est réuni pour la première fois le groupe de travail conjoint sur les relations diplomatiques bilatérales – tandis qu’entre juin et juillet 2005 il conduit au Vatican certaines sessions de travail avec une délégation de la commission gouvernementale vietnamienne pour les affaires religieuses en visite au Saint-Siège. Il contribue aussi a relancer le dialogue entre israéliens et palestiniens, convaincu de la nécessité d’un engagement partagé pour « créer les conditions pour une paix véritable et juste » au Moyen-Orient, comme il l’affirme le 22 mars 2006 face aux participants à la conférence internationale convoquée à Rome par le Comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. En décembre 2008, il est à la tête de la délégation qui participe aux travaux de la Commission bilatérale permanente entre le Saint-Siège et l’Etat d'Israël, qui a pour but de faire avancer les négociations entre les deux parties après l’Accord fondamental signé en 1993. Considérant la situation explosive actuelle du Moyen-Orient, cette expérience sera précieuse au futur secrétaire d’Etat.
Le 17 août 2009, Benoit XVI le nomme archevêque titulaire d’Aquapendente et nonce apostolique au Venezuela. Le 12 septembre suivant il reçoit l’ordination épiscopale. Les consacrants sont… le cardinal Tarcisio Bertone et William Joseph Levada. Il travaille en particulier à rétablir un climat de respect et de collaboration entre le gouvernement et l’Eglise catholique en vue d’un engagement commun, notamment dans les domaines de la justice sociale et de la lutte contre la pauvreté et la délinquance.
Une "surprise de Dieu"
Dans une déclaration publiée conjointement à sa nomination comme secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Mgr Pietro Parolin a exprimé au pape sa gratitude, l’assurant de sa totale collaboration dans la « mission exigeante » qui lui était confiée pour « le bien de l’Eglise, le progrès et la paix de l’humanité afin qu’elle trouve des raisons de vivre et d’espérer ».
Cette nomination, confiait encore celui qui prendra ses fonctions le 15 octobre prochain, est « une surprise de Dieu dans ma vie ». Pour le cardinal français Jean-Louis Tauran, il s'agit d'un « très bon choix ». Le président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux a énuméré les nombreuses qualités du prélat qui succédera au cardinal Tarcisio Bertone le 15 octobre prochain. Pour le cardinal Tauran, qui avait appelé Mgr Parolin à ses côtés à la secrétairerie d’Etat en 1992, le prélat italien sera notamment en mesure d’assister le pape François dans la réforme de la curie et se consacrera plus que son prédécesseur aux questions internationales.
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