Homélie 25e
dimanche C
Carmel de Saint-Maur P. Maurice Boisson
On croirait écouter les
informations, ou lire le journal : les affaires de malversations
financières, de corruption, de faux de ceci, de cela - et tout ce qui touche à
l’argent - ça revient souvent dans l’actualité.
C’est vrai aussi que l’argent
tient une place importante, et parfois essentielle, dans la vie de chacun et
dans la société. Qu’on en ait beaucoup ou peu, très peu ou presque pas, c’est
toujours une source de préoccupations ou de soucis – pas pour les mêmes raisons
d’ailleurs.
Et voilà que la parole de
Dieu de ce dimanche nous remet devant cette réalité et nous demande :
quelle place ont dans ta vie l’argent et, plus globalement, les biens
matériels ?
Déjà, des siècles avant
Jésus, le prophète Amos dénonçait l’escroquerie et la malhonnêteté avec
l’argent. C’est la première lecture : « Nous
allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et fausser les balances. Nous
pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire
de sandales » (Amos 8,5-6). « Non,
jamais je n’oublierai aucun de vos méfaits » - dit Dieu (Amos 8,7).
Dieu est Dieu de justice. Le gérant malhonnête dont nous
parle Jésus dans l’Evangile est un homme habile qui fausse les factures pour se
tirer des affaires financières où il est plongé. Jésus ferait-il l’éloge de cet
homme ? L’éloge de l’escroquerie et des magouilles ? Bien sûr que
non.
Prenant cet exemple dans la vie courante, Jésus attire notre
attention sur une question délicate : celle de la place que nous donnons à
l’argent. « Vous ne pouvez servir deux maîtres. » - « Vous ne pouvez pas servir à la fois
Dieu et l’Argent » (Luc 16,13).
Deux tentations sont à éviter : celle qu’on pourrait
appeler l’ « angélisme » - faire come si on était des anges ;
alors on risque de faire la bête, dirait Pascal – si on dit, mais souvent sans
le faire : « L’argent, c’est rien, c’est pas important, on n’en a pas
besoin, faut vivre dans le spirituel ! » Jésus n’est pas un naïf, il
a les pieds sur terre, son équipe avait un porte-monnaie avec quelque argent
puisque l’Evangile dit que Judas tapait dedans. La veille de la fête de la
Pâque, Jésus envoie quelques-uns de ses amis acheter de quoi faire le
repas de fête : acheter.
On sait que l’argent il en faut, c’est l’expérience
quotidienne : acheter du pain, comme assurer la vie de sa famille et faire
tourner son exploitation, son commerce, son entreprise. On n’est pas des anges
– pas encore !
La deuxième tentation, c’est de prendre l’argent pour un
Dieu : premier servi, premier maître, celui qui gouverne et s’infiltre
partout, même là où on penserait que la place est à d’autres valeurs, comme à
certains niveaux de certains sports, par exemple.
« Vous ne pouvez
servir à la fois Dieu et l’argent. »
L’argent est un moyen, ce n’est ni le diable, ni l’ange,
mais il peut devenir Mamon. Ce mot a
la même origine que Amen, qui
signifie « placer sa confiance dans ». Dire Amen – Mamon - à
l’argent.
L’argent peut devenir dieu
devant qui non seulement on se prosterne, mais devant qui on se couche et pour
qui on peut être prêt à renier les plus hautes valeurs humaines. L’or – au sens
général de biens – peut devenir un
veau.
C’est contre cette tentation que la Parole de Dieu de ce
dimanche nous met en garde ; elle nous invite à mettre l’argent à sa juste
place : celle d’être au service d’un bien véritable, nous dit encore
l’Evangile, au service de la vraie richesse de l’être humain, de la vie
ensemble, de la vraie richesse pour tous.
L’argent est trompeur,
nous dit Jésus (cf. Luc 16,9), parce qu’il donne l’illusion qu’on peut
s’appuyer sur lui ; alors, on court le risque de ne plus voir l’essentiel,
le bien véritable, le véritable bien.
Qu’est-ce qui est pour nous prioritaire, essentiel ?
« Là où est votre
trésor, là aussi sera votre cœur » (Luc 12,34).
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