Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Ce
dernier jeudi, j’ai rencontré à Lons quelqu’un que je n’avais pas vu depuis des
années : « Qu’est-ce que tu deviens ? - Et toi ? »
Ce
grand jeune, devenu un homme adulte, commence à me raconter comment - il y a
trois ans -, il a plongé dans la déchéance, se retrouvant seul, emploi perdu,
l’engrenage, les bêtises.
« Je
ne sais pas comment je m’en serais sorti – me dit-il – s’il n’y avait pas eu
deux amis qui sont venus me voir un soir : « Il faut que tu arrêtes,
tu mérites mieux que ça, tu vaux mieux que ça. Tu n’as pas perdu tes qualités
ni le désir de bien travailler. On a trouvé quelqu’un dans nos relations, qui
peut te prendre dans son entreprise. » - Ca s’est fait. J’ai repris le dessus,
ça va bien. Mais je n’y croyais plus ; je ne croyais ni à moi – un pauvre
type -, ni aux autres, ni à rien, ni au bon Dieu. »
Et
pourtant, j’aurais aimé lui dire à ce Bruno : « S’il y a quelqu’un
qui a toujours cru en toi, malgré tout, c’est bien Lui : le bon Dieu. Par
l’intermédiaire de ces deux amis qui sont allés te voir, il te disait :
« Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi, tu n’es pas rien. » (cf.
Isaïe 43,4 et 49,5)
C’est
le message de la Parole de Dieu de ce dimanche, adressé à tous.
La
première lecture (Isaïe 49,3.5-6) évoque le peuple déporté, maltraité, tourné
en dérision sur une terre étrangère. Par un messager de Dieu, ces gens
découvrent qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu, que Dieu est leur force, qu’un
jour, il les délivrera.
Cette
parole de reconnaissance de la dignité, de la valeur, au cœur même de la
déchéance, est déjà libérante, re-créatrice de soi-même, re-commencement.
Les
vraies paroles d’amour sont celles qui nous espèrent. C’est la parole de
l’amour de Dieu qui atteint le plus profond de nous-mêmes ; ce sont nos
propres paroles et attitudes quand elles sont appelantes, valorisantes et non
pas écrasantes ou paralysantes.
Tout
être humain a du prix aux yeux de Dieu. Chacun est unique à ses yeux, à son
cœur. C’est ce qui fait notre dignité, la dignité de tout homme.
Sainte
Catherine de Sienne disait : « L’être humain est beau parce
qu’il vient du désir de Dieu. » Fait à son image et à sa ressemblance.
« Qu’est-ce
que l’être humain - dit le
psalmiste à Dieu – pour que tu en prennes
souci ? » (Psaume 8,5)
Et
nous, est-ce que nous en prenons souci ? Est-ce que nos sociétés en
prennent souci ?
Comme
tout ce qui est extrêmement précieux, sacré, il s’agit de traiter la personne
humaine avec respect, prudence, protection, amour – selon la notice du créateur
imprimée au plus profond de l’être humain.
Dans
les débats et les projets actuels de la société, les Evêques de France
rappelaient ces jours la valeur de toute vie, de tout être humain – ce qui peut
constituer la grammaire élémentaire de l’humanité éclairée par la Parole de
Dieu : « Tu comptes beaucoup à
mes yeux, tu a du prix et je t’aime. » (Isaïe 43,4)
C’est
ce que rappelle Paul dans la deuxième lecture (1 Corinthiens 1,1-3), écrivant à
cette petite communauté de Corinthe, ville aux mœurs pas très
catholiques : « Vous êtes le
peuple saint, sanctifié, habité par la présence de Dieu. »
Et
l’Evangile nous reparle de notre colombe, image de l’Esprit Saint qui habite en
nous - en tout homme -, fils ou fille bien aimé(e) de Dieu : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel
comme une colombe et demeurer sur lui. » (Jean 1,32)
Sur
lui, Jésus, sur nous, sur chacun, … et y rester.
« Votre corps est un sanctuaire de
l’Esprit Saint, lui qui est en vous » - dit encore Paul (1 Corinthiens 6,19).
L’être
humain est grand, il est beau, il vient du désir de Dieu. Hélas, il est souvent
abimé, défiguré, malmené. Nous pouvons aussi nous abimer nous-mêmes.
Le
Pape François nous invite à être vigilants et actifs devant la
« mondialisation de l’indifférence » - devant ce qui abime l’être
humain et la vie ensemble.
Chaque
personne est infiniment précieuse aux yeux de Dieu.
C’est
dans notre participation à la vie commune et surtout dans le quotidien de nos
relations que nous pouvons être ces messagers de Dieu réalisant sa
Parole : « Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi, tu es
précieux… Tu viens du désir de Dieu. »
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