dimanche 19 janvier 2014

Homélie 2e dimanche A 2014

Homélie 2e dimanche A 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Ce dernier jeudi, j’ai rencontré à Lons quelqu’un que je n’avais pas vu depuis des années : « Qu’est-ce que tu deviens ? - Et toi ? »

Ce grand jeune, devenu un homme adulte, commence à me raconter comment - il y a trois ans -, il a plongé dans la déchéance, se retrouvant seul, emploi perdu, l’engrenage, les bêtises.

« Je ne sais pas comment je m’en serais sorti – me dit-il – s’il n’y avait pas eu deux amis qui sont venus me voir un soir : « Il faut que tu arrêtes, tu mérites mieux que ça, tu vaux mieux que ça. Tu n’as pas perdu tes qualités ni le désir de bien travailler. On a trouvé quelqu’un dans nos relations, qui peut te prendre dans son entreprise. » - Ca s’est fait. J’ai repris le dessus, ça va bien. Mais je n’y croyais plus ; je ne croyais ni à moi – un pauvre type -, ni aux autres, ni à rien, ni au bon Dieu. »

Et pourtant, j’aurais aimé lui dire à ce Bruno : « S’il y a quelqu’un qui a toujours cru en toi, malgré tout, c’est bien Lui : le bon Dieu. Par l’intermédiaire de ces deux amis qui sont allés te voir, il te disait : « Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi, tu n’es pas rien. » (cf. Isaïe 43,4 et 49,5)

C’est le message de la Parole de Dieu de ce dimanche, adressé à tous.

La première lecture (Isaïe 49,3.5-6) évoque le peuple déporté, maltraité, tourné en dérision sur une terre étrangère. Par un messager de Dieu, ces gens découvrent qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu, que Dieu est leur force, qu’un jour, il les délivrera.

Cette parole de reconnaissance de la dignité, de la valeur, au cœur même de la déchéance, est déjà libérante, re-créatrice de soi-même, re-commencement.

Les vraies paroles d’amour sont celles qui nous espèrent. C’est la parole de l’amour de Dieu qui atteint le plus profond de nous-mêmes ; ce sont nos propres paroles et attitudes quand elles sont appelantes, valorisantes et non pas écrasantes ou paralysantes.


Tout être humain a du prix aux yeux de Dieu. Chacun est unique à ses yeux, à son cœur. C’est ce qui fait notre dignité, la dignité de tout homme.

Sainte Catherine de Sienne disait : « L’être humain est beau parce qu’il vient du désir de Dieu. » Fait à son image et à sa ressemblance.

« Qu’est-ce que l’être humain -  dit le psalmiste à Dieu – pour que tu en prennes souci ? » (Psaume 8,5)

Et nous, est-ce que nous en prenons souci ? Est-ce que nos sociétés en prennent souci ?

Comme tout ce qui est extrêmement précieux, sacré, il s’agit de traiter la personne humaine avec respect, prudence, protection, amour – selon la notice du créateur imprimée au plus profond de l’être humain.

Dans les débats et les projets actuels de la société, les Evêques de France rappelaient ces jours la valeur de toute vie, de tout être humain – ce qui peut constituer la grammaire élémentaire de l’humanité éclairée par la Parole de Dieu : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu a du prix et je t’aime. » (Isaïe 43,4)

C’est ce que rappelle Paul dans la deuxième lecture (1 Corinthiens 1,1-3), écrivant à cette petite communauté de Corinthe, ville aux mœurs pas très catholiques : « Vous êtes le peuple saint, sanctifié, habité par la présence de Dieu. »

Et l’Evangile nous reparle de notre colombe, image de l’Esprit Saint qui habite en nous - en tout homme -, fils ou fille bien aimé(e) de Dieu : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. » (Jean 1,32)

Sur lui, Jésus, sur nous, sur chacun, … et y rester.

« Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous » - dit encore Paul (1 Corinthiens 6,19).

L’être humain est grand, il est beau, il vient du désir de Dieu. Hélas, il est souvent abimé, défiguré, malmené. Nous pouvons aussi nous abimer nous-mêmes.

Le Pape François nous invite à être vigilants et actifs devant la « mondialisation de l’indifférence » - devant ce qui abime l’être humain et la vie ensemble.

Chaque personne est infiniment précieuse aux yeux de Dieu.

C’est dans notre participation à la vie commune et surtout dans le quotidien de nos relations que nous pouvons être ces messagers de Dieu réalisant sa Parole : « Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi, tu es précieux… Tu viens du désir de Dieu. »

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