Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
C’est
beau d’admirer un ciel étoilé, surtout depuis le Carmel ! L’horizon est
dégagé, les lumières extérieures ne nuisent pas à la clarté.
Regarder
les étoiles, c’est attachant, attirant, mystérieux - on a l’impression de
sortir un peu de soi-même, de la terre qui colle à nos chaussures, et d’être en
contact avec un infini.
« Les
gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes pour chacun » - dit le
Petit Prince.
Quelle
est ton étoile ? Celle qui te guide, te fais bouger, marcher, chercher,
avancer, désirer ?
Pour
les mages, ces savants venus des pays où naît la lumière - dit la première
lecture (cf. Isaïe 60,1-6) -, l’étoile était une lumière encore inconnue, qui
guidait leur itinéraire, leurs recherches, leurs désirs, leur appel intérieur
de s’agenouiller devant ce roi dont ils avaient vu se lever l’étoile qu’ils
suivaient.
Cette
étoile a ouvert l’intimité de la crèche à l’immensité du monde, pour lequel est
né cet enfant.
Le
don que Dieu fait de son Fils est un don pour tous, pour les chercheurs de
paix, de beau, de bien, de vrai, de juste, de fraternel. C’est l’Epiphanie : manifestation de Dieu
à tous, pour tous.
Comme
les étoiles : elles sont pour tous, du moins pour ceux qui veulent bien prendre
ou perdre quelques instants pour les regarder, les écouter – ça parle, un
étoile, mais pas dans le bruit –, et se mettre en route.
Les
mages cherchaient un roi – ils avaient étudié -, ils arrivent, bien sûr, dans
la capitale. Mais l’étoile qui « les
précédait » (Matthieu 2,9), les guide non pas vers la grande ville, ni
vers un palais, ni près des grands de ce monde, ou de la religion du temps,
mais vers une étable d’un petit bourg, là où est couché un bébé entouré de sa
maman, de Joseph, de gens peu renommés - des bergers un peu chapardeurs -,
et de quelques animaux doux et paisibles.
Et
la nôtre, d’étoile, elle nous conduit où ?
L’étoile
« vint s’arrêter au dessus du lieu
où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une
grande joie. » (Matthieu 2,9-10) Joie d’une présence de paix, de
chaleur, de tendresse.
« Ils virent l’enfant avec Marie sa
mère. » (Matthieu 2,11) Comme à
cette belle crèche.
Loin
des fastes bruyants de la cour d’Hérode, loin des « chefs des prêtres et
des scribes » trop convaincus de détenir la vérité dans leurs Ecritures
pour demeurer disponibles aux signes de leur accomplissement.
L’étoile,
elle, elle était dans le cœur des mages, de ceux qui cherchent, de ceux qui ne
savent pas tout, de ceux qui s’abaissent et se baissent en regardant la crèche
pour découvrir et accueillir le plus beau cadeau de Dieu : Dieu lui-même.
Dieu, qui n’est qu’Amour, ne peut engendrer que l’Amour, pour tous.
Quelle
étoile éclaire nos cieux intérieurs, nos nuits et nos aurores ? Vers
quelles lumières nous tournons-nous, au milieu de toutes les lumières
clinquantes et aveuglantes qui risquent de nous éblouir et de nous faire perdre
la route ?
Comme
les mages, osons préférer la lumière intérieure, cette étoile qui s’arrête
au-dessus de Jésus – au-dedans – du lieu où se trouve la présence de Dieu, la
présence de l’Amour.
La
fête de l’Epiphanie n’est pas seulement la galette, même si elle est très bonne
et permet un temps de rencontre conviviale – ce qui est appréciable -, c’est
l’événement qui devrait rendre possible à tous l’accès à des étoiles qui se
lèvent du cœur même de Dieu, source de toute lumière.
L’Etoile,
elle est en nous ; dans le cœur de tout humain il y a une étoile, un
trésor.
Arrivés
à l’étable, nos amis « ouvrirent
leurs coffrets » (Matthieu 2,11). Ils offrent à l’enfant ce qui était
le plus précieux dans leur pays. Et c’est le miracle du don ; leurs
cadeaux se transforment et leur sont redonnés : leur or devient des cœurs
d’or, le parfum d’encens devient la bonne odeur de bonté, de paix, de
fraternité, la précieuse myrrhe devient perles de lumière, d’amour, de partage.
Si,
comme eux, nous offrons le meilleur et le plus précieux de nous-mêmes, il
devient trésor de Dieu à partager.
Et
il faut bien repartir, retourner dans son pays.
Avertis
de ne pas repasser chez Hérode, nos mages prennent « un autre chemin » (Matthieu 2,12) ; pas le chemin
d’Hérode, celui de la violence, de la ruse, de la méchanceté, du pouvoir, de la
jalousie. « Ils regagnèrent leur
pays par un autre chemin » - celui que leur indique cette
rencontre à l’étable : le chemin de la lumière, de la vérité, de la paix,
de la tendresse rencontrée.
Que
la belle et bonne Etoile qui a guidé les mages à l’aller et au retour nous
guide sur la route de cette nouvelle année 2014.
N’ayons
pas peur de perdre parfois quelques minutes pour regarder et écouter un ciel
étoilé, surtout depuis le Carmel !
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