dimanche 22 juin 2014

Homélie Saint Sacrement 2014

Homélie Saint Sacrement 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Paraît-il que les Français aiment bien parler de ce qu’ils mangent ! La nourriture tient une place importante, et puis on fait de plus en plus attention à ce qu’on mange. Le pain est encore chargé de fortes significations : de désir, de manque, de partage, de dignité, d’inégalité, de générosité…

Du pain part dans les poubelles, et la nourriture manque à une part importante de l’humanité.
Combien de gens aujourd’hui, chez nous, voudraient pouvoir gagner leur pain par leur travail ? Gagner son pain, pour sa famille, pour soi, c’est la dignité d’une personne.

La nourriture, que ce soit le pain, le mil, le riz, c’est la vie.
« Fruit de la terre et du travail des hommes » - don du Créateur.

On sait bien, aussi, qu’on ne vit pas seulement du pain du boulanger. « L’homme ne vit pas seulement de pain », dit la première lecture (Deutéronome 8,3). Jésus le redira.

Notre corps, notre organisme, nos muscles, nos cellules, ont besoin d’être nourris… Et notre esprit ? Notre cœur, nos sentiments, nos relations, nos choix, notre foi, notre pensée, notre vie familiale, professionnelle, retraitée, notre vie intérieure, ce qui nous fait des êtres humains a besoin d’être nourri. Tout cela a besoin aussi d’être nourri, alimenté, vitaminé, sous peine de s’affaiblir et de ne plus répondre. C’est hélas un des maux de notre société, où les agressions de toutes sortes fragilisent nos énergies intérieures.

Qu’est-ce qui nourrit notre être, ce que nous sommes, ce que nous sommes comme êtres humains, ce que nous devenons ?

Jésus, dans l’Evangile de cette fête de son Corps et de son Sang, se présente comme le pain, la nourriture… du pain qui donne de la vie parce que c’est du pain complet, la pâte de notre vie, et du levain du cœur de Dieu – pain cuit au feu de l’amour donné du Christ et partagé par l’Esprit de fraternité, de Pentecôte.

Ce pain, « c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie », nous dit Jésus ce matin (Jean 6,51), pour que nous soyons nourris en aliment complet… et au-delà, sans date de péremption. « Mangez ma chair », dit Jésus : il ne s’agit pas de cannibalisme, comme pensaient les Juifs dans l’Evangile (cf. Jean 6,52). La chair, c’est la totalité de ce que nous sommes, de ce qui fait notre personne, notre cœur ; c’est la chair de Jésus, c’est l’être du Christ ressuscité.

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6,54).

On entend dire dans le langage amoureux : « J’ai envie de te manger. » J’ai envie d’être un peu toi et réciproquement.
Celui qui me mange, dit Jésus « demeure en moi, et moi je demeure en lui » (Jean 6,56).

La nourriture que nous mangeons devient nous, par l’assimilation par notre organisme des éléments divers. Ce pain, cette nourriture que nous donne le Christ, devient aussi nous-mêmes – et pas seulement par la Communion à l’Eucharistie : cette nourriture, nous la recevons aussi dans la présence, la prière, l’Adoration qui est proposée ici aujourd’hui.

« Devenez ce que vous recevez. »

Nous devenons ce que nous recevons.
Recevant le Corps du Christ, sa présence, sa Parole, le don de son amour, nous devenons ce qu’il est.
Ce don, ce pain de vie, nous rend à notre tour pain de vie pour les autres.

Alors oui, on peut être heureux – heureux les invités au repas du Seigneur ! Heureux de nous nourrir de Dieu, qui est Amour.

« Prenez et mangez-en tous – ce pain, c’est moi qui me donne à vous pour que vous viviez du même amour. Prenez et buvez-en tous (cf. Matthieu 26,26-27). Ce vin c’est moi, mon sang versé que je vous transfuse pour que vous viviez du même amour. »

Dans la longue marche du peuple de Dieu dans le désert, évoquée dans la première lecture, Dieu a donné la manne pour marcher – une nourriture inconnue. Qu’est-ce que c’est ? Dans la longue marche de nos vies, à travers nos déserts, Dieu ne cesse de nous nourrir. Notre manne, c’est l’Eucharistie – nous la célébrons – la nourriture de l’Amour.

« Prenez, mangez : ceci est mon corps. Ceci est mon sang : buvez-en tous. »

Devenons ce que nous recevons.

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