Père Maurice Boisson
On y est ! C’est la
rentrée ! La reprise ! Ça fait la une des nouvelles ! Mais c’est
aussi la continuation des activités qui n’ont pas arrêté ! Ça peut être
aussi le temps d’un changement - de lieu, de travail, de situation, la suite du
parcours interminable vers la recherche d’un emploi…
La vie continue, avec son lot
d’inconnu, d’événements plus difficiles ou plus heureux, avec sa part de
soucis, de plaisirs, de morsures et de caresses de la vie.
Dans ce qui fait - ou défait
- nos existences, nous essayons de nous frayer un chemin, un sens, une
direction - qui peut nous conduire soit à être un peu ou beaucoup heureux, même
dans les difficultés, soit à nous résigner à traiter notre vie comme un boulet,
soit à nous enfoncer dans des impasses.
Trouver un sens à sa vie
d’aujourd’hui, une direction : où on va, vers quoi ? Un sens :
une signification : ce que je vis, est-ce que ça correspond à mes désirs
profonds ? pas à mes caprices ?
Dans l’Evangile de ce
dimanche (Matthieu 16,21-27), Jésus nous indique un chemin, un sens pour
orienter nos vies : faire le choix de la vie, qui peut nous rendre heureux
intérieurement, d’accord avec nous-mêmes – « Celui
qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la
gardera » (Matthieu 16,25).
On ne se réalise pas en
restant clos sur soi-même, en étant trop préoccupé de soi. On ne devient pas
forcément heureux par une grande quantité de biens, mais par la grande qualité
de son existence, la qualité de ce qu’on est, avec et pour les autres, avec
soi-même, avec et pour Dieu.
La vie est faite pour être
donnée, parce qu’elle nous est donnée. Nous ne nous sommes pas donné la vie. On
la reçoit, pas pour se la garder, mais pour la donner.
Sur ce chemin et ce sens du
don, nous rencontrons la Croix : des souffrances, des choix douloureux,
des difficultés.
« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il
renonce à lui-même, qu’il prenne sa Croix et qu’il me suive » (Matthieu 16,24).
Qu’il prenne sa Croix, la
sienne, sans vouloir en inventer, ni en rajouter ; c’est déjà pas rien de
porter cette difficulté - qui peut être lourde – à se donner soi-même, à donner
de soi, à aimer l’autre quand même, à pardonner, à écouter, à être fidèle…
Tous, nous faisons l’expérience qu’il n’y a pas d’amour sans croix, sans choix,
sans renoncement ; nous faisons aussi l’expérience que ces croix peuvent
être source de joie profonde, de liberté, de paix et de sérénité intérieure. Ces
croix que Jésus nous invite à assumer librement pour aimer, sont chemin, sens,
vers la Résurrection : « Qui
perd sa vie, la trouvera ».
Cette proposition de sens de
la vie - dans cet Evangile - ne va pas bien, c’est vrai, dans le courant et le
sens du monde d’aujourd’hui. Elle va plutôt à contre-sens de la direction vers
l’individualisme, le repli, les barrières, la peur de la vie, la peur de
l’autre.
C’est la réaction de Pierre,
dans cet Evangile, et la nôtre : « Tu ne vas quand même pas monter à
Jérusalem pour y mourir ! » - « Passe derrière-moi, Satan - lui répond Jésus (Matthieu 16,23) – tu
m’empêches d’avancer sur ce chemin de l’amour donné, librement. »
Jésus va à contre-courant, à
contre-sens du monde. Il ne s’agit pas d’être dans le vent – c’est l’ambition
des feuilles mortes, ça va être la saison – mais d’être dans le courant qui
pousse nos pauvres embarcations, à réussir la traversée de nos vies – c’est
aussi l’ambition de Paul dans la deuxième lecture : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais pensez et vivez
de manière à reconnaître quel est le désir de Dieu, ce qui est bon »
(Romains 12,2).
On prendra alors une bonne
direction, un bon sens, pour que notre vie ait un sens. Choisir la vie, celle
qui vaut le coup, de vivre : c’est celui qui perd sa vie en se donnant qui
trouvera.
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