Homélie Assomption 2014
Carmel de Saint-Maur -
Père Maurice Boisson
Même si la météo n’est pas au rendez-vous, le 15 août reste le temps fort de l’été, comme le sommet qui nous aiguille doucement vers la reprise des activités. Au milieu des fêtes, des rencontres, des vacances, beaucoup – comme nous – ont pris ce matin la route vers une église, un sanctuaire, un monastère, un oratoire, poussés par un désir intérieur parfois difficile à exprimer.
Quelles que soient aussi les convictions religieuses, la présence, le recours, l’attachement à la Vierge Marie restent très vivants dans les sentiments, comme des invisibles sentiers de la grâce dans les cœurs.
Un ami de longue date me disait tout récemment : « Tu me connais, moi j’y crois pas à tes trucs ; mais tu vois – en me montrant sa chaîne et une médaille de Notre-Dame de Lourdes – ça m’arrive de lui parler, surtout quand ça va pas bien. »
« Ne te moque pas », me dit-il.
« Surtout pas, tu as raison, tu peux faire confiance. Sa maman, Dieu l’a donnée à tous - à toi aussi ! – pour quelle nous accompagne. Tu sais comme c’est important, une maman – la preuve, c’est que Dieu a voulu en avoir une… »
C’est cette proximité de Marie que nous fêtons dans l’Assomption. On ne sait peut-être plus très bien la signification de cette fête. L’Ascension ? la Résurrection ? l’Assomption ? l’Immaculée Conception ?
C’est plus simple : Marie, une jeune fille de Nazareth, a accepté de porter en elle Jésus, le Fils de Dieu. Elle lui a donné corps, chair, esprit ; elle lui a donné la main pour lui apprendre à marcher, pour le ramener à la maison quand il avait fugué. Elle l’a pris sur ses genoux pour lui apprendre les premiers gestes et les premiers mots de tendresse qui seront au cœur de son action et de son message. Elle a pris dans ses bras son corps mort dépendu de la croix.
Alors, ce fils, il lui devait bien ça, à sa mère : à son tour, il la prend par la main pour la faire accéder, en direct, dans le cœur de Dieu, avec tout son être, sa personne, en son âme et en son corps.
C’est l’Assomption, qui veut dire : « prendre avec soi ». Lui, son Fils, le premier ressuscité des morts (c’est la deuxième lecture : 1 Corinthiens 15,20-27a) a entraîné sa Mère avec lui dans la résurrection.
Au début, les premiers chrétiens ont eu ce flair et ce bon sens tout simple de croire que le sort de Marie était particulier parce qu’il était dans la suite normale de sa vie en proximité avec son Fils.
C’est ça qui nous concerne : ce qui est arrivé à Marie, c’est ce qui nous attend. Elle a une longueur d’avance, mais nous serons ce qu’elle est.
Nous ne sommes pas de purs esprits. Nous sommes un corps et un esprit. Nos corps, meurtris, vieillis, handicapés, arthrosés, blessés de toutes sortes, sont appelés à être beaux et rayonnants, pour toujours.
Ne laissons pas notre imagination divaguer pour chercher à savoir le comment et attendre un reportage sur les détails.
Nous savons simplement – et ça suffit, la confiance – que quelqu’un de notre chair, de notre humanité, nous ouvre ce chemin d’avenir.
La Vierge Marie est déjà ce que nous serons et ce que sera notre humanité.
C’est l’espérance que nous fêtons aujourd’hui - la possible réussite de nos vies et du monde. Malgré le travail de mort que continue de faire le dragon (cf. la première lecture : Apocalypse 11,19a;12,1-6a.10ab), il sera écrasé.
On aime bien savoir, ou, du moins, pressentir, qu’il y a une source dans nos ténèbres, une étoile dans nos nuits, un peu de soleil dans la grisaille et le brouillard, une clé dans nos enfermements, un peu de douceur et de tendresse dans les violences et les orages.
Au fond, il y a en chacune et en chacun ce désir et cette recherche d’un espace durable de bonheur, de paix, de liberté et de joie intérieure.
Cette fête de l’Assomption nous en indique le terme et le chemin, en tournant nos regards vers les endroits de notre cœur, de la vie du monde, où la nuit est moins épaisse – et qui nous font dire que c’est de ce côté-là que le jour se lèvera.
Mon vieux copain de tout à l’heure a raison de se tourner de temps en temps de ce côté-là, du côté d’une présence proche de nous, parce que proche de Dieu.
Déjà, dans les années 300 de notre ère, en Egypte, sur un papyrus, était écrite cette première prière connue à Marie : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, ô Mère de de Dieu. Ne repousse pas nos demandes, mais délivre-nous de tout danger, ô Vierge bénie et glorieuse. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire