P JM Bouhans
Hier c’était la rencontre entre Jésus et l’homme riche,
puis le dialogue a commencé entre Jésus et les disciples. Il se poursuit
aujourd’hui. L’homme riche était venu trouver Jésus avec un désir au fond du
cœur mais il n’est pas allé jusqu’au bout de sa démarche, il n’est pas parvenu
à vivre à hauteur de son désir. Il était reparti tout triste. Pierre qui
représente les disciples, risque aussi de prendre ce même chemin, qui les
laissera insatisfaits s’ils restent dans une logique de récompense.
Jésus propose alors de regarder du côté de ceux qui ont
tout laissé – et l’année de la vie consacrée nous en donne souvent l’occasion –
pour y découvrir une autre attitude. Merci à vous mes sœurs, et merci aussi à
quantités d’autres témoins de cette logique dans notre monde d’aujourd’hui :…
avec eux, vous nous rappelez sans cesse à travers votre détachement et votre
manière d’aborder la vie comment vivre des expériences de surcroit, comment
vivre une « insatisfaction fructueuse » qui reste un appel et peut s’accompagner
de persécutions ; attention, c’est une attitude différente de la « sobriété
heureuse » tant prônée aujourd’hui et certes bien nécessaire pour l’avenir de
la planète. Mais cette « insatisfaction fructueuse » est un élargissement du
cœur au-delà de l’univers habituel, au-delà des attaches habituelles, pour
s’immerger dans un monde plus vaste, de grandes dimensions, au centuple. Et il
nous faut remarquer combien l’auteur de l’évangile selon saint Marc écrit son
texte avec sérieux et précision. En effet celui qui quitte un père ne
retrouvera pas de père au centuple. Tous, nous ne retrouverons qu’un Père pour
tous, - notre Père du ciel - mais nous aurons des frères et des sœurs au
centuple : « insatisfaction fructueuse » qui nous invite donc pour une grande fête
de la fraternité.
Et la première lecture prend alors toute son importance.
Elle présente à la fois le culte et la vie morale. L’offrande rituelle trouve
sa valeur dans l’attitude de justice de celui ou celle qui l’offre à Dieu avec
générosité. Culte et sacrifices du Temple n’ont de valeur que s’ils mettent en
cohérence nos choix politiques et religieux pour un meilleur service du frère
et nous orientent eux aussi et déjà maintenant vers la grande fête de la
fraternité.
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