Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Actes 1,1-11 ; Psaume 46 ; Ephésiens 4,1-13 ; Marc 16,15-20

Rassemblés
ce matin, nous célébrons le Christ ressuscité. Il va quitter ses amis d’une
manière visible. Il leur reste présent autrement, encore plus intensément. Il
les prépare à cette séparation en leur promettant de leur envoyer l’Esprit qui
les aiderait à attester sa présence invisible.
Ce
sont eux, ses amis, qui sont chargés de montrer qu’il est présent partout et
toujours. Il ne nous a pas quittés.
« Vous
allez recevoir une force, le Saint Esprit, et vous serez alors mes témoins. »
Il disparut à leur regard. Les amis fixaient le ciel où Jésus s’en allait.
C’est le récit de l’Ascension dans la première lecture (cf. Actes 1,8-10).
En
fait, Jésus ressuscité ne s’en allait pas comme une fusée dans l’infini des mondes.
Il ne montait pas : c’est une nuée qui le cache à leurs yeux. Il
descendait, il s’enfonçait dans la profondeur du cœur de ses amis, dans le
nôtre, et dans l’humanité, là où il est resté, là où on peut le trouver, là où
« Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes », dira Saint
Augustin.
Pas
dans les nuages : dans la profondeur de l’être de la vie, de l’Amour, des
choix.
Au
matin de Pâques, les femmes cherchaient leur ami Jésus dans le tombeau. Deux
hommes vêtus de lumière leur avaient dit : « Pourquoi chercher le vivant parmi les morts ? Il est
vivant en Galilée » (Luc 24,5-6).
De
même, nous dit le récit de la première lecture, deux hommes en blanc, en
lumière, disent aux apôtres : « Galiléens ».
Ils les saluent bien dans leur
terre, leur pays, leur vie.
« Galiléens, pourquoi restez-vous
là à regarder vers le ciel ? »
(Actes 1,11)
On
se souvient de Gagarine qui, dans le premier voyage vers l’espace, avait
dit : « Je n’ai pas rencontré Dieu. » Dieu était en lui-même,
pas loin de lui.
La
fête de l’Ascension, c’est l’expérience que nous faisons de la présence dans
l’absence.
Il
y a des absences qui sont des présences invisibles, plus intenses parfois que
des présences visibles et touchables.
On
peut vivre côte à côte et s’ignorer royalement, ou ne pas exister pour l’autre
et inversement. On peut être proche en étant loin et aussi en étant proche. Ce
qui est invisible n’est pas inaccessible, ni inexistant. Le visible et le
tangible ne sont pas forcément le vrai et l’accessible. La confiance ne demande
pas de preuves mais des signes.
C’est
la situation de Jésus ressuscité, pour nous aujourd’hui. Son absence physique
le rend infiniment plus présent, et plus intensément proche, à tous et partout.
C’est
le don de l’Esprit qui assure sa présence, en faisant de nous les témoins, les
signes concrets, visibles, de sa présence.
« Vous serez mes témoins (Actes 1,8) partout où vous serez. ». Témoins
d’un vivant. C’est l’Evangile : « Voici les signes qui diront quelque
chose de moi : se battre contre le mal quel qu’il soit, imposer les mains
aux malades » (cf. Marc 16,17-18).
Ça
veut dire : faire du bien à ceux qui en ont besoin. « Et ceux-là s’en trouveront bien », dit Jésus (Marc
16,18).
Parler
en langues nouvelles, être des polyglottes du cœur, avoir un langage, des
paroles, qui parlent, pas seulement par les mots mais par les attitudes, les
actes, dans des situations diverses, dans l’humilité, la douceur, la patience,
la paix, dit la deuxième lecture (cf. Ephésiens 4,2).
En
nous quittant d’une façon visible, Jésus ressuscité ne nous abandonne pas, il
part sans nous quitter. Il nous confie la relève d’assurer sa présence, une
présence réelle. C’est le temps de la mission, du témoignage, de la
responsabilité.
« Pourquoi restez-vous là à
regarder vers le ciel ? »
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