Homélie du 1er dimanche de Carême A 2020
Père Maurice
BOISSON - Carmel de Saint Maur
Gn 2,7-9; 3,1-7a; Psaume 50 ; Rm 5,12-19; Mt 4,1-11.
Cette semaine, dans le courrier des lecteurs d'un
journal, quelqu'un regrettait que les prêtres ne parlent pas du diable! Comme
la Parole de Dieu de ce Dimanche en parle, parlons-en...!
Les 3 lectures ne parlent pas du diable en théorie mais
d'expériences de rencontre avec une réalité : le mal que l'on trouve sur notre
chemin, en nous, et dans le monde.
"Le tentateur s'approche de Jésus dans le
désert", c'est le début de l'Evangile. Le diable, autre nom de cette
réalité du mal, voudrait faire dévier Jésus de sa route, comme avec nous quand
le diable s'approche de nous pour nous faire prendre des chemins de traverses,
dangereux et sans issues apparemment, plus attirants que la route. Le diable,
qui veut dire "le diviseur", vient se mêler de nos choix, de nos
désirs, de nos relations, de nos façons de penser et de vivre, pour nous
suggérer d'autres choix et d'autres manières d'être et d'agir que celles
inspirées du meilleur de notre cœur humain et de la Lumière de Dieu Créateur
éclairant nos pas vers le bien.
Cette présence du mal, on la repousse, on se bat avec, on
lui dit comme Jésus : "Arrière Satan". On peut aussi se laisser
prendre aux suggestions du diable, souvent attirantes qui flattent le moins bon
et nous suggère le désir d'être comme des dieux. C'est l'expérience du 1er
couple humain placé dans un jardin de bonheur (c'est imagé dans la 1ère lecture
: Dieu donne à ce couple quelques repères et balises pour ne pas perdre le bonheur).
Le diable, dans la peau d'un serpent, persuade l'homme et la femme que si Dieu
met des balises dans ce jardin c'est pour qu'ils ne soient pas comme lui, des
dieux... "C'est pas vrai", dit le serpent, "n'écoutez pas Dieu,
vous ne mourrez pas...!". Cette réalité du mal continue de nous suggérer
de prendre d'autres chemins, à l'envers ou à côté de ceux que Dieu nous
propose, pour être heureux... Le mal continue son œuvre.
La Puissance de l'Amour de Dieu et la force de la
liberté, que nous donne le Christ, sont plus fortes que la force de frappe du
démon (celui-ci n'est pas l'égal de Dieu).
Ce n'est pas fatal de consentir au mal. Nous ne sommes
pas conditionnés ni déterminés pour faire le mal. Nous sommes créés, faits pour
le bien. Le diable ne peut pas effacer notre liberté, fortifiée par la grâce de
Dieu. Nous restons libres devant les propositions du malin même si parfois
notre liberté et notre volonté ne sont pas totales. Regardons l'expérience de
Jésus tenté par la parole du diable:
Dans le désert, lieu d'aridité et de solitude, le
tentateur s'approche de Jésus pour le faire dévier de sa route. "De ces
pierres, fais-en du pain!". Tu peux le faire : c'est la tentation de nous
centrer sur les biens matériels, sur l'avoir, alors qu'on a besoin d'une autre nourriture
aussi : des raisons de vivre, des convictions, des relations, d'Amour. "On
ne vit pas seulement de pain " répond Jésus.
En pensée, le diable l'emmène au sommet du temple de
Jérusalem : "Jette-toi en bas", 70 m au dessus du ravin du Cédron,
"Tu ne risques rien, Dieu a dit qu'il te protégerait, tu vas les épater,
ils vont croire en toi...". Tentation de paraître et de forcer la main de
Dieu en faisant des bêtises, pensant que Dieu nous cautionne. "Tu ne feras
pas le malin, tu ne feras pas de chantage avec Dieu".
Sur une haute montagne, le diable suggère à Jésus de
posséder tous les pays qu'il voit : "Si tu te prosternes devant moi pour
m'adorer". Tentation de la possession, du pouvoir, de la domination, non
seulement sur les choses mais sur les personnes, tentation des idoles...
"Arrière satan, c'est Dieu seul que tu adoreras".
Ces tentations de Jésus résument nos grandes tentations
humaines. La Puissance d'Amour de Dieu réalisée dans le don d'Amour du Christ,
par la croix et la Résurrection, est plus forte que le mal, aujourd'hui et pour
toujours. Cette Espérance est exprimée par le Père de Foucault : "Il n'est
pas un moment dans notre vie où nous ne puissions pas commencer une existence
nouvelle, séparée comme par un mur de nos infidélités passées".
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