Homélie dimanche 2° dimanche de Pâques année B. 11 avril 2021
Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint-Maur
DIMANCHE DE LA DIVINE MISERICORDE
Ac 4,32-35 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31
Saint Thomas ! Aujourd’hui, il ferait la « une » des plateaux télévisés ! Il ne serait pas du tout dépaysé dans notre société : « Je ne crois qu’à ce que je vois !».
Il veut voir, toucher, avoir des preuves, vérifier, faire des expertises... pour croire ! A Thomas, et à ses adeptes d’aujourd’hui, il ne faut pas raconter des histoires ! « Nous avons vu Jésus ! » lui disent ses collègues. Jésus était mort depuis 3 jours. « Une blague du 1er avril ! » pense Thomas : « Si je ne mets pas mon doigt et mes mains dans ses plaies... je ne croirai pas ».
En fait, Thomas n’y croyait plus, ni à Jésus, ni à la suite... Il était blessé au plus profond de lui-même par l’échec apparent de Celui sur qui il avait tout misé : Thomas est un généreux mais il est en panne de confiance, la méfiance et le doute prennent le dessus après la fin tragique de Jésus.
On peut comprendre Thomas, notre jumeau : c’est son nom. Quand les appuis cèdent, quand la déception est trop forte, quelque chose peut se casser en nous, qui « nous casse la brasse » disaient les anciens, lorsque les évènements, les autres, la vie, et nous-mêmes, nous cabossent et verrouillent nos cœurs.
Oui, ils étaient verrouillés, confinés, enfermés, les amis de Jésus, par peur. Leur cœur l’était davantage, verrouillé comme quand on se renferme dans sa coquille ! Les portes, on peut les forcer pour les ouvrir mais pas les cœurs, pas l’intériorité. Ils ne s’ouvrent que pas la douceur, l’écoute, la présence aimante et patiente.
Une semaine plus tard, « Jésus est là au milieu d’eux ». Thomas, qui avait raté le 1er rendez-vous, est là. Jésus a la clé pour déverrouiller les cœurs. Pas de reproches ! mais un cadeau : « La Paix soit avec vous ! ». Pacifiez-vous ! La Paix du Ressuscité n’est pas un déni des soucis, des questions, ni des turbulences intérieures. Elle est une Présence qui apaise, qui calme, qui soigne, qui ouvre à autre chose qu’à nos peurs et à nos enfermements.
Jésus ne leur fait pas de reproches mais un cadeau, le plus beau : Lui-même. C’est lui, le Christ, notre Paix : « La Paix soit avec vous », en vous, la Paix du cœur. Jésus nous le redit à chaque messe.
Thomas, en panne de confiance, perdu intérieurement, accueille ce don de Jésus Ressuscité. « Avance ton doigt, lui dit Jésus avec douceur, regarde mes plaies, mets ta main dans mes plaies... ». Jésus tend les mains et son côté à Thomas (on ne sait pas si Thomas l’a fait). La Paix, la douceur de Jésus, la confiance reproposée lui suffisent. « Mon Seigneur et mon Dieu !». Thomas dépose ses propres blessures intérieures dans les plaies du Ressuscité : ses déceptions, ses doutes, sa méfiance deviennent elles aussi ressuscitées. Il revit. C’est ça la Miséricorde que nous célébrons ce dimanche : pas des discours, mais l’agir même de Dieu qui nous tend les mains, nous offre sa Présence et sa Tendresse, pour repartir, retrouver la confiance, et faire de nous des miséricordieux, à notre tour, ouverts et sensibles aux misères des autres.
Comme Thomas, on peut douter. On peut même perdre confiance par les blessures de la vie, des autres, même des institutions... La Miséricorde de Dieu ne nous déçoit pas. Elle est le point d’appui de notre confiance... Celle-ci n’est pas naïveté ni faiblesse, elle demande de l’énergie. Chaque jour nous sommes appelés à refaire le chemin de l’inquiétude vers la confiance, comme Thomas, comme Pierre, comme Marie-Madeleine et les autres... Par le regard, la grâce, la Tendresse du Christ et sa Parole, la faiblesse des amis de Jésus s’est transformée en Amour.
On est plus proche du Christ, de Dieu, de nous-mêmes, des autres, avec nos blessures, nos cicatrices intérieures, qu’avec nos carapaces et nos blindages. Nos blessures intérieures nous rendent poreux à la Tendresse de Dieu, aux misères des autres et de nous-mêmes. Cette porosité du cœur s’appelle la Miséricorde : c’est l’être et l’agir de Dieu.
Laissons Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus conclure, ou plutôt ouvrir nos cœurs. Je la cite : « Dieu n’est qu’Amour et Miséricorde » (Lettres 247 à l’Abbé Bellier).
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