Rameaux 2024 – Année B – Carmel.
Homélie . Père Patrick Gorce
Aujourd’hui, nous entrons avec Jésus à Jérusalem. Ce qui se passe durant les derniers jours du Christ a une gravité, un poids incomparable. Jésus va traverser la souffrance physique, l’injustice, la trahison, l’abandon, l’amour refusé, la mort. Devant cela nous pourrions nous dire : si Dieu est Dieu, pourquoi ne supprime-t-il pas la souffrance ? Voilà une tentation que nous rencontrons très souvent en nous et autour de nous. Cela rejoint les moqueries de ceux qui sont au pied de la croix : « sauve-toi toi-même, descend de la croix ». Cela rejoint aussi l’illusion de confondre le bonheur et le bien-être, illusion entretenue largement par la société de consommation dans laquelle nous baignons. Or le bonheur ne réside pas dans le confort ou la facilité, le bonheur réside dans l’accomplissement de nos charismes et cela passe par la souffrance. Pourquoi Dieu ne supprime-t-il pas la souffrance ? Parce qu’il nous aime et qu’il respecte notre liberté. Et il n’y a pas de liberté et d’amour sans difficultés et sans souffrances. Perdre un proche nous le fait éprouver.
Alors oui, nous croyons en un Dieu qui ne supprime pas la souffrance mais qui la traverse par amour pour nous. Et il la traverse : cela veut dire qu’elle n’a pas le dernier mot. Voilà donc au moins trois bonnes nouvelles : l’amour de Dieu est vainqueur de la solitude, de la souffrance et de la mort. En effet, la solitude abyssale dans laquelle veulent nous plonger les épreuves est terrassée : Jésus est présent avec nous dans les épreuves, il nous porte, les traverse avec nous. Et par sa résurrection, la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot. L’amour de Dieu ouvre des portes dans les murs de la solitude, de la souffrance et de la mort. Voilà notre foi. Les rameaux verts que nous tenons aujourd’hui nous appellent à reverdir dans cette foi, c’est-à-dire à nous laisser renouveler par l’amour de Dieu plus fort que la souffrance, la solitude, le mal et la mort.
Cette semaine, en accompagnant Jésus doux et humble de cœur dans ses derniers jours, laissons-le en fait nous accompagner dans nos joies comme dans nos épreuves. Avec douceur et humilité, laissons-nous transformer par son amour invincible.
Comme l’écrit saint Jean de la Croix : « Viens au Christ par la douceur et l’humilité et suis-le jusqu’au calvaire et au sépulcre. » Un sépulcre qui ne restera pas fermé.
Amen.
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