Veillée pascale 2024 – Année B – Carmel
Père Patrick Gorce
« Que la lumière soit ! » Au cœur de la nuit, cette parole a retenti tout-à-l’heure. C’est la première parole que Dieu prononce dans la Bible. De même, c’est la première chose que Dieu nous apporte : la lumière. Ce n’est pas pour rien que le baptême est appelé aussi illumination !
Concrètement – et nous en faisons l’expérience particulière près du cierge pascal cette nuit – la lumière nous permet de nous repérer, de voir, de nous sécuriser, de nous rassurer. De même, la lumière de Dieu nous guide sur le bon chemin, nous apaise, nous réjouit et nous permet de voir avec un regard plus profond.
A propos de regard, examinons comment Dieu regarde. Toujours dans la première lecture du livre de la Genèse, il est écrit : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. » Quand Dieu regarde, il voit la bonté de la Création. C’est logique : Dieu est bonté et ce qu’il crée est bon. C’est une merveilleuse nouvelle : toute chose, tout être vivant et particulièrement l’être humain sont fondamentalement bons, ils ont en eux-mêmes une bonté inviolable ! Donc quand Dieu regarde la Création, il la voit fondamentalement bonne et particulièrement l’être humain créé à son image et ressemblance.
Mais voilà, le péché, le mal, la souffrance défigurent cette Création. Alors il y a cette deuxième merveilleuse nouvelle qui resplendit en cette nuit : Jésus, le Fils de Dieu, est ressuscité et restaure la bonté de la Création. Le péché, le mal, la souffrance, la mort n’ont pas le dernier mot. Par la lumière de la résurrection de Jésus, le Père restaure la bonté première de la Création au souffle de l’Esprit Saint. La vie triomphe de la mort, l’amour triomphe du mal, la lumière triomphe des ténèbres. Et Dieu nous donne chaque jour l’énergie de cette victoire. Dans notre monde et dans nos vies marquées par tant de souffrances, d’injustices et de ténèbres, la lumière du Christ ressuscité nous transforme pour cultiver le bon. Cultiver le bon par notre regard et par nos actions. Rappelons-nous : toute la Création est fondamentalement bonne. D’ailleurs, dans la parabole de l’ivraie et du bon grain, c’est le bon grain qui est semé d’abord, l’ivraie est semée ensuite.
L’écologie intégrale que Dieu nous propose et que notre Église veut promouvoir de plus en plus consiste en cela : avoir sur Dieu, sur les autres, sur nous-mêmes et sur la Création le regard-même de Dieu, un regard de bonté qui révèle la bonté. Un regard bon qui voit la bonté foncière de toute chose et de tout être, particulièrement de l’être humain restauré par le Christ. Ce regard voit au-delà de l’apparence et transforme nos actes. J’y reviendrai demain.
Alors chaque matin, demandons à Dieu de nous réveiller avec cette parole : « Que la lumière soit ! » Alors notre regard et notre journée seront illuminés de bonté. Avec Dieu, nous serons des cultivateurs de bonté. Amen.
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