Homélie 19e
dimanche C
Carmel de Saint-Maur P. Maurice Boisson
On vit dans une société qui
se voudrait « super sécurisée » : on se garantit de tout, on
s’assure sur tout, on met des normes partout, on prend toutes les précautions
possibles en imaginant le pire pour le plus petit risque.
C’est sûrement nécessaire,
mais, comme on dit : « Qu’est-ce qu’on peut encore faire qui ne soit
réglementé ou interdit ? »
Cette société est en même
temps « super fragile ». Arrivent l’imprévu, l’imprévisible,
l’inattendu, l’inconnu : des inondations, des accidents, des violences de
toutes sortes, des conflits, des pépins de santé… ce qui arrive : malgré tous
les dispositifs bien cadrés, ça nous tombe dessus comme des morsures ou des
caresses de la vie (l’Evénement - « notre maître intérieur »
(Mounier). Tout n’est pas maîtrisable ou programmable.
La Parole de Dieu de ce
dimanche nous rappelle le risque de la vie, le risque de la foi auxquels on est
confronté – l’imprévu de Dieu.
Si Dieu avait parlé à Abraham
aujourd’hui (deuxième lecture), lui demandant de partir vers un pays qui lui
serait donné en héritage, sans lui indiquer l’arrivée, Abraham de 2013 aurait
dit : « D’accord, je pars, mais tu m’installes un G.P.S. sur mon
chameau ! Il me guidera vers cette direction. »
Or Abraham « partit sans savoir où il allait »
(Hébreux 11,8). C’est pour ça qu’il était sur le bon chemin : parce que,
ne sachant pas où il allait, il fit confiance à quelqu’un, à une parole, à une
promesse.
« Va dans le pays que je te montrerai. » (Genèse 12,1)
Le G.P.S. d’Abraham - notre
père dans la foi - c’est la confiance. Grâce à la foi – c’est le même mot que confiance « se fier à » -
il a marché de campement en campement en direction de la terre de la promesse.
Nous le faisons aussi dans nos vies,… dans
nos déplacements intérieurs.
La confiance n’est pas
naïveté, ni faiblesse, ni une parole facile à dire : « Faut faire
confiance ». La confiance est un risque. Elle nous fait « connaître des réalités qu’on ne voit
pas » (Hébreux 11,1) et nous permet
de « posséder déjà ce qu’on
espère ». On fait confiance en se fiant à quelqu’un de crédible :
Dieu est fidèle en sa promesse.
Quel est notre G.P.S.
intérieur ? Capable de nous guider quand on ne sait pas trop où on va,
quand on ne sait plus qui croire, ni à qui se fier, ni à quel saint se vouer.
On est inquiet. C’est une des
grandes questions d’aujourd’hui : n’avoir plus confiance – dans les
institutions, les personnes, les organisations. Quand on n’a plus confiance, on
est déstabilisé, alors on met des règlements, des normes, qui ne remplacent pas
la responsabilité personnelle de faire face à l’inattendu.
La Parole de Dieu de ce matin
nous invite à faire confiance à Quelqu’un qui nous parle au plus intime de
nous-mêmes – présent en nous plus que nous-mêmes.
« Soit sans crainte, petit troupeau » - ce sont les premiers mots de l’Evangile de ce jour
– « car votre Père a trouvé bon de
vous donner le Royaume » (Luc 12,32).
« Le Père a trouvé bon
de vous donner le meilleur de Lui-même. » Et il n’a que du meilleur, Dieu :
source de lumière qui nous guide, la source de vie qui donne la force de faire
le chemin, la source d’Amour qui nous permet d’aimer sur ce chemin.
« Va dans le pays que je te montrerai » : notre terre intérieur. Alors, assurés et confiants
dans les promesses de Dieu, nous serons dans la joie (première lecture).
Activons notre G.P.S. en
direction du cœur de Dieu, nous ne serons pas déçus.
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