Homélie Transfiguration 2013
Carmel de Saint-Maur P. Maurice Boisson
Lorsqu’on vit une expérience
intérieure profonde, une rencontre, une souffrance, retrouver un emploi, avoir
l’espoir d’une guérison, ça transforme quelqu’un ; il n’est plus le même.
Pourtant, c’est bien le même, la même. Il s’est passé quelque chose à
l’intérieur, ça se voit ; on voit bien sur son visage qu’il se passe
quelque chose.
Son visage - celui de Jésus, « apparut tout autre, ses vêtements
devinrent d’une blancheur éclatante » (Luc 9,29). L’intérieur
transparaît à l’extérieur.
Mais on ne comprendra ce qui
se passe qu’après coup. Quand on saura, on sera, comme Pierre, Jean et Jacques,
modifiés, transformés. Dieu le Père a voulu donner une vue rapide du
terme : ce chemin difficile vers Jérusalem déboucherait devant le tombeau
vide, dans l’aurore du matin de Pâques.
Jésus transfiguré un moment
est un clin d’œil de Dieu, un signe qui veut en dire plus : il laisse
entrevoir le terme, non pas la fin, mais l’ouverture, comme une ouverture faite
en musique, pour entrer. Ils en avaient besoin, ces trois amis, d’être
rassurés ! Ils n’y comprenaient toujours pas grand-chose ; ils
avaient sommeil ; ils voulaient rester, croyant qu’ils étaient arrivés.
Ils ont eu peur devant la nuée. C’est normal d’avoir peur quand la nuit vient
en pleine lumière.
Ce jeune visage buriné du
charpentier sera un jour visage défiguré ; il est en ce moment visage
transfiguré pour nous dire qu’il sera visage ressuscité.
Ainsi nos vies et nos
visages, ainsi les visages du monde, tout ce qui est visage défiguré par toutes
sortes de mal, sera visage transfiguré, ressuscité.
La Transfiguration nous
indique notre A-venir. Cet événement voudrait nous laisser pressentir qu’il n’y
a pas de vendredi saint sans matin de Pâques.
Ce chemin de Jérusalem, avec
ce petit séjour sur la montagne, conduira un jour jusqu’à une auberge :
là, autour de la table basse où seront partagés le pin et le vin, le visage
défiguré du Crucifié se fait reconnaître – visage ressuscité, lumineux, brûlant
le cœur, annoncé sur la montagne.
Ainsi nos visages, les visages du monde : « Son visage apparut tout autre ». Quelle joyeuse
espérance
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