Homélie 21e dimanche C
Carmel de Saint-Maur
P. Maurice Boisson
Ce dimanche a un parfum de rentrée : si ce n’est fait
on s’y prépare, on fait les achats ou derniers préparatifs scolaires, les
entreprises ont repris l’activité. Vous, mes Sœurs, voilà plus d’une semaine
que vous avez repris le rythme habituel.
Cette période est comme un redémarrage, un re-départ, une
reprise - avec plein d’incertitudes, de bonne volonté, et aussi – peut-être –
de lassitude. On retrouve un quotidien – que certains n’ont pas quitté – fait
d’ombres et de lumières, de grisaille, de soleil. C’est notre chemin, chemin
vers nous-mêmes, chemin vers les autres, chemin vers Dieu.
Ce chemin, il passe par une porte étroite – nous dit Jésus aujourd’hui : « Efforcez-vous d’entrer par la porte
étroite » (Luc 13,24). « Ne passez pas par le portail qui s’ouvre
avec un bip sans qu’on descende de voiture ». Les passages de nos vies
sont des portes étroites à franchir pour un chemin vers la profondeur
intérieure cachée, au-delà du visible.
Ce chemin, c’est la quotidien, la banalité de chaque jour,
nos « maintenant ».
« Il ne suffit pas de savoir que j’existe – pourrait
nous dire Jésus – il ne suffit pas de savoir qu’il y a un chemin et de lire la
carte. Il ne suffit pas d’avoir bu et mangé en ma présence. »
« Ah oui ! on le connaît, on était avec lui à la
noce à Cana ! J’ai mangé avec lui chez les Publicains avec
Matthieu. »
« Je ne sais pas
d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal » (Luc
13,27).
Le ticket d’entrée, c’est de prendre le chemin du bien, de
l’amour, et de marcher sur un chemin de droiture, même si c’est étroit. Vous ne
le regretterez pas. Ce chemin, c’est notre quotidien, que nous avons à aimer. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de
ce jour » (Matthieu 6,11). « Donne-nous notre chemin quotidien à
aimer. »
« Ton ciel se fera sur terre avec tes bras » -
chantait le Père Duval.
« Dans cette existence de chaque jour, la vie éternelle
est déjà commencée » - dira la Préface tout à l’heure.
Ce quotidien à vivre et à aimer, c’est pas le grand portail
automatique – c’est notre expérience, c’est celle du Christ.
Dieu nous connaît bien, il ne dira pas : « Entrez,
allez-y, tout est grand ouvert » - mais il dira : « Efforcez-vous ! ».
Voilà une parole de réconfort, et pas une condamnation. « Efforcez-vous ! » « Tu ne peux peut-être pas
passer maintenant par cette porte étroite ; fais en sorte que tu puisses
le faire. Si ce n’est pas maintenant, ce sera demain ; l’important, c’est
que tu t’efforces, que tu ne restes pas assis au bord du chemin. Efforce-toi
avec les forces et les possibilités qui sont les tiennes – mais surtout
marche. »
Sur cette porte étroite du quotidien, il n’y a pas de
panneau « sans issue » - pour personne – ni non plus « réservé
aux riverains ». Un chemin pour tous – c’est la première lecture.
Sur ce chemin, on viendra à cheval, sur des chariots, sur
des mulets ou sur des dromadaires, sur des fauteuils roulants, ou des 4 x 4, ou
à pieds. Le ticket de péage ou d’entrée, c’est la manière dont nous aurons essayé
de ne pas donner prise au mal, à la méchanceté.
Cette porte étroite peut nous gêner aux entournures
intérieures. Elle débouche là où la recherche du bonheur, du vrai bonheur,
trouve sa réponse.
Nos quotidiens, nos ordinaires, sont faits de marches intérieures,
de passages étroits, de choix, de Pâques intérieures. Ils ouvrent sur plus
d’espace, vers des pistes nivelées pour y marcher sans risques de se tordre les
chevilles, avec des articulations assouplies - dit la deuxième lecture. Il nous
faut de la patience, dit l’Evangile.
Ceux qui veulent être les premiers prendront peut-être le
bip du portail automatique. Jésus nous propose de nous efforcer de passer par
la porte étroite, même si on y laisse quelques égratignures ou des déchirures à
nos habits. C’est le bon chemin de notre quotidien en ce temps de rentrée.
Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile
qui est le chemin.
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