lundi 7 juillet 2014

Homélie 14e dimanche A - 2014

Homélie 14e dimanche A - 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Ça y est ! Elles sont là ! Il ne s’agit plus, hélas, des chances de gagner la finale de la Coupe du Monde ! Elles sont bien là, les vacances !

C’est parti ; même si c’est pas pour tout le monde, on profite de l’ambiance ! Vous aussi, mes Sœurs, vous allez, pendant quelques temps, modifier votre rythme de vie, d’activité.

Il n’est pas nécessaire de voyager loin pour se reposer : il s’agit surtout d’une destination, d’une disposition intérieure.

Notre époque fabrique de l’agitation, de la pression, du stress, des préoccupations, des turbulences, de la fatigue. Nous avons besoin, plus qu’avant, de nous poser - nous re-poser - de nous ressourcer, de recharger les batteries, de reprendre souffle et force, pour être plus présent à soi-même, aux autres, dans la sérénité et la paisibilité. Quelqu’un disait : «  Celui qui ne se repose pas fatigue les autres. »

C’est peut-être ce que pensait Jésus dans cet Evangile.

Parmi toutes les destinations et manières possibles de vacances, il nous en propose une : on aura du mal à la trouver sur notre GPS, mais cette proposition est compatible avec toutes les formes d’envisager cet été ; elle tient en deux invitations : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Matthieu 11,28) – et la deuxième : « Devenez comme moi, faites-vous un cœur doux et humble, et vous trouverez le repos » (cf. Matthieu 11,29).

C’est original comme proposition, c’est sympa, c’est gratuit, c’est accessible partout où on est. Ça n’empêche pas le reste, et c’est bénéfique pour tous.


Aujourd’hui, beaucoup font l’expérience de la paix, du calme, du ressourcement, du bien-être, que procure une halte, même très courte, dans une abbaye, un monastère, un sanctuaire, une église, une chapelle ou un oratoire, un bel endroit.

Il y a des lieux sources d’espaces de silence et d’intériorité, où chacun, quel qu’il soit, est respecté dans ce qui l’habite profondément dans son cœur.

Dans ces lieux, ces moments, ces stations-service de l’être, se tracent les invisibles cheminements de la grâce dans le cœur de chacun.

Le repos que nous propose Jésus, c’est celui de pouvoir déposer nos fardeaux et de repartir.

C’est essentiel, quand on s’arrête sur un chemin : on pose son sac, ça fait du bien. On va le reprendre en repartant : nos fardeaux, nos soucis, nos peines, ne se sont pas volatilisés ! Ce sac, on le porte autrement, il est plus léger parce que quelqu’un le porte avec nous.

« Venez à moi, je vous donnerai le repos. »

C’est l’image du joug, dans cet Evangile. Les plus anciens, on se rappelle : le joug, c’est ce qui permet de tirer la charrue ou la charrette ; mais pas tout seul, avec un autre. Quand on prend le temps de nous arrêter, quelle que soit la manière dont nous le faisons, quand on prend le temps de prier, d’admirer, de respirer, de sourire à la vie, de nous retrouver nous-mêmes… nous ressentons paix et force. Sinon – on le dit tous les jours : « ça m’épuise » - s’épuiser, c’est laisser vider son énergie intérieure.

« Venez à moi… »

Pour cette destination, chacun a son itinéraire – mais pourquoi donc cette proposition de Jésus ?

Parce que, dit le Christ : « J’ai le cœur doux et humble » - c’est la clef. « C’est là que vous trouverez le repos ».

La douceur, l’humilité – bien comprise, bien sûr – la simplicité, reposent. Elles n’endorment pas, comme une drogue qui fait oublier provisoirement ; elles sont des énergies apaisantes, pacifiantes. C’est ça qui repose.

Saint François de Sales, maître de douceur, énervait certains par son calme – ça peut arriver. Il disait à ceux que ça agaçait : « Voudriez-vous que je perde en un quart d’heure un peu de douceur que j’ai eu bien du mal à acquérir en plus de vingt ans ? »

« J’ai le cœur doux et humble », dit Jésus en écho à ce qu’il avait dit un jour sur la montagne : « Heureux les doux… » (Matthieu 5,5)  - pas les mous : les doux, solides dans la bonté, à l’image du cœur de Dieu que nous avons chanté dans le Psaume : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Psaume 144,8).

« C’est plus facile de faire la guerre, dit le Pape François, que de faire la paix. » On le sait bien, à notre niveau.

Laissons-nous conduire vers cette destination intérieure où nous trouverons une source, la source d’où jaillit l’eau vive, fraîche, pure, tonifiante, apaisante, reposante, qui donne vie, paix, joie, énergie.

« Venez à moi, vous qui peinez… je vous donnerai le repos. Suivez-moi, je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. »

Bon repos bienfaisant, bon été !

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