Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Ça y est ! Elles sont
là ! Il ne s’agit plus, hélas, des chances de gagner la finale de la Coupe
du Monde ! Elles sont bien là, les vacances !
C’est parti ; même si
c’est pas pour tout le monde, on profite de l’ambiance ! Vous aussi, mes
Sœurs, vous allez, pendant quelques temps, modifier votre rythme de vie,
d’activité.
Il n’est pas nécessaire de
voyager loin pour se reposer : il s’agit surtout d’une destination, d’une
disposition intérieure.
Notre époque fabrique de
l’agitation, de la pression, du stress, des préoccupations, des turbulences, de
la fatigue. Nous avons besoin, plus qu’avant, de nous poser - nous re-poser -
de nous ressourcer, de recharger les batteries, de reprendre souffle et force,
pour être plus présent à soi-même, aux autres, dans la sérénité et la
paisibilité. Quelqu’un disait : « Celui qui ne se repose pas fatigue
les autres. »
C’est peut-être ce que
pensait Jésus dans cet Evangile.
Parmi toutes les destinations
et manières possibles de vacances, il nous en propose une : on aura du mal
à la trouver sur notre GPS, mais cette proposition est compatible avec toutes les
formes d’envisager cet été ; elle tient en deux invitations : « Venez à moi, vous tous qui peinez
sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos »
(Matthieu 11,28) – et la deuxième : « Devenez comme moi, faites-vous
un cœur doux et humble, et vous trouverez
le repos » (cf. Matthieu 11,29).
C’est original comme
proposition, c’est sympa, c’est gratuit, c’est accessible partout où on est. Ça
n’empêche pas le reste, et c’est bénéfique pour tous.
Aujourd’hui, beaucoup font
l’expérience de la paix, du calme, du ressourcement, du bien-être, que procure
une halte, même très courte, dans une abbaye, un monastère, un sanctuaire, une
église, une chapelle ou un oratoire, un bel endroit.
Il y a des lieux sources
d’espaces de silence et d’intériorité, où chacun, quel qu’il soit, est respecté
dans ce qui l’habite profondément dans son cœur.
Dans ces lieux, ces moments,
ces stations-service de l’être, se tracent les invisibles cheminements de la
grâce dans le cœur de chacun.
Le repos que nous propose
Jésus, c’est celui de pouvoir déposer nos fardeaux et de repartir.
C’est essentiel, quand on s’arrête
sur un chemin : on pose son sac, ça fait du bien. On va le reprendre en
repartant : nos fardeaux, nos soucis, nos peines, ne se sont pas
volatilisés ! Ce sac, on le porte autrement, il est plus léger parce que
quelqu’un le porte avec nous.
« Venez à moi, je vous donnerai le repos. »
C’est l’image du joug, dans
cet Evangile. Les plus anciens, on se rappelle : le joug, c’est ce qui
permet de tirer la charrue ou la charrette ; mais pas tout seul, avec un
autre. Quand on prend le temps de nous arrêter, quelle que soit la manière dont
nous le faisons, quand on prend le temps de prier, d’admirer, de respirer, de
sourire à la vie, de nous retrouver nous-mêmes… nous ressentons paix et force. Sinon
– on le dit tous les jours : « ça m’épuise » - s’épuiser, c’est
laisser vider son énergie intérieure.
« Venez à moi… »
Pour cette destination,
chacun a son itinéraire – mais pourquoi donc cette proposition de Jésus ?
Parce que, dit le
Christ : « J’ai le cœur doux et
humble » - c’est la clef. « C’est là que vous trouverez le
repos ».
La douceur, l’humilité – bien
comprise, bien sûr – la simplicité, reposent. Elles n’endorment pas, comme une
drogue qui fait oublier provisoirement ; elles sont des énergies
apaisantes, pacifiantes. C’est ça qui repose.
Saint François de Sales,
maître de douceur, énervait certains par son calme – ça peut arriver. Il disait
à ceux que ça agaçait : « Voudriez-vous que je perde en un quart
d’heure un peu de douceur que j’ai eu bien du mal à acquérir en plus de vingt
ans ? »
« J’ai le cœur doux et humble », dit Jésus en écho à ce qu’il avait dit un jour sur
la montagne : « Heureux les
doux… » (Matthieu 5,5) - pas
les mous : les doux, solides dans la bonté, à l’image du cœur de Dieu que
nous avons chanté dans le Psaume : « Le
Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour »
(Psaume 144,8).
« C’est plus facile de
faire la guerre, dit le Pape François, que de faire la paix. » On le sait
bien, à notre niveau.
Laissons-nous conduire vers
cette destination intérieure où nous trouverons une source, la source d’où
jaillit l’eau vive, fraîche, pure, tonifiante, apaisante, reposante, qui donne
vie, paix, joie, énergie.
« Venez à moi, vous qui peinez… je vous donnerai
le repos. Suivez-moi, je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez
le repos. »
Bon repos bienfaisant, bon
été !
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