Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Les trésors ! ça fait
toujours rêver ! Ça fait chercher, on voudrait bien les trouver. La course
au trésor, ou la chasse, ou la carte au trésor ont toujours du succès.
« Mon trésor » : c’est une belle appellation des parents à leurs
petits, ou entre personnes qui s’aiment.
C’est dire qu’un trésor,
c’est très précieux, on y tient ; quand on l’a, on le protège. On peut se
séparer de beaucoup d’autres biens - précieux aussi - pour acquérir ce que
désire notre cœur. On n’est pas loin de la vie religieuse et de la vie tout
court.
« Le Royaume de Dieu –
dit Jésus ce matin – est comme un trésor caché dans un champ. L’ouvrier
agricole qui le découvre en labourant le cache et fait tout pour acheter le
champ ; alors, le trésor lui appartiendra. » (cf. Matthieu 13,44).
« Le Royaume de Dieu –
dit encore Jésus – c’est comme un bijoutier qui recherche des pierres précieuses,
des diamants rares. » (cf. Matthieu 13,45) Dans une vente, on présente une
de ces perles rares de très grande valeur. Notre bijoutier l’achète et vend
même sa boutique pour la payer.
Le trésor, la perle, ce sont
des biens très précieux ; pour les avoir, il faut se séparer d’autres
choses.
Ces deux comparaisons – dit
Jésus – c’est pour nous dire un petit quelque chose du Royaume des cieux :
« c’est comme… » - mais, en vrai, c’est encore mieux que ça : c’est
ce monde que Dieu désire et fait pour nous, pour l’humanité, c’est le désir
qu’il y a au plus profond du cœur humain, quand la mauvaise herbe ne l’étouffe
pas. Le désir profond du cœur humain rejoint le désir du cœur de Dieu. Voilà le
trésor, la perle - ce qui est le plus
précieux, le plus vital pour l’être humain, pour le vivre ensemble.
Dieu, qui n’est qu’amour, son
Royaume, son monde, n’est qu’amour ; il n’offre que du bon, du beau, du
bien, tous les trésors de son cœur ; il les propose à notre liberté qui
peut les accueillir, les rendre présents, ou les refuser.
Les vrais trésors sont ceux
du cœur. On peut se laisser prendre par les mirages de la recherche du trésor,
le toc, les contrefaçons, l’illusion, l’immédiat : on croit que c’en est
mais ça n’en est pas.
Les questions de cet Evangile
percutent le plus concret de nos vies : « Qu’est-ce qui a le plus de
prix pour toi ? Qu’est-ce qui a de la valeur ? A quoi tu tiens le
plus ? Quel est le désir du trésor pour lequel tu sacrifierais d’autres
biens ? »
La première lecture nous
parle du jeune roi Salomon : il a une succession difficile après le grand
roi David ; il est inexpérimenté. Dieu lui propose de l’aider : « Demande-moi ce que tu veux et je te
le donnerai » (1 Rois, 3,5).
Ce jeune roi, plein d’avenir,
de pouvoir, de richesses, demande quoi ? « Donne-moi, un cœur
attentif, intelligent, pour discerner le bien et le mal. C’est ce qui m’aidera
le plus » (cf. 1 Rois 3,9).
Les trésors du cœur :
l’essentiel. Et Jésus dira : « Personne n’a mieux gouverné que
Salomon. »
La Parole de Dieu de ce
dimanche - en plein bouillonnement des événements du monde - nous invite à
discerner les vrais trésors, ce qui vaut – vaut le coup, ce qui est le plus
précieux pour vivre.
C’est une des grandes
questions de notre société : celle des repères, de ce qui est le plus
précieux, qui ne se bricole pas, mais s’entretient avec soin.
C’est pas vrai que tout se
vaut, que tout est pareil, qu’un être humain peut être traité comme un objet,
une chose, ou un outil ; que la vie – à tout moment de l’existence – que
l’amour, que le vivre ensemble, les relations – peuvent être établies avec un
désir égoïste de pouvoir, de puissance, d’argent.
Quand tout se vaut, quand
tout est sur le même plan, plus rien ne vaut, il n’y a plus de trésor dans le
cœur humain.
Laissons la Parole de Dieu de
ce jour tourner nos regards vers les vrais trésors, demandons le désir de les
chercher et de les montrer, au plus quotidien de nos vies.
Avec Saint Ignace de Loyola,
ou avec Sainte Thérèse, prions : « Reçois, Seigneur, tout ce que je
possède. Donne-moi seulement ton amour et ta grâce. C’est assez pour
moi. »
« Là où est ton trésor, là aussi sera ton
cœur » (Matthieu 6,21).
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