Homélie de la fête de l’Assomption année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
Il n’était pas
un pilier d’église, loin de là, Gilbert ! Un ami de vieille date. La dernière
fois qu’on s’est rencontré, il m’a emmené voir un très bel oratoire de la
Vierge Marie. « Tu sais ce que je pense de vos histoires de religion, mais
ça me fait plaisir de t’amener ici » m’a-t-il dit. Il a sorti de son col
une chaîne avec une très belle médaille de Notre-Dame de Lourdes. « Celle-là,
j’y crois, j’y tiens, je ne m’en sépare jamais. Je lui cause quand ça ne va
pas. »
Elle est
toujours d’actualité, cette intuition que la jeune Marie partageait à sa
cousine : « Toutes le générations me diront bienheureuse ! » En ce
15 août, aux 4 coins du monde, de la petite chapelle aux grandes basiliques,
d’un lit d’hôpital à une cellule de prison, tant de gens se tournent vers
Marie, pour lui confier tous les « maintenant » de leur vie. Prie
pour nous maintenant !
Marie est
proche de nous parce que proche de Dieu, même si aujourd’hui on ne sait plus
très bien ce qu’est l’Assomption. La Vierge Marie n’est pas un problème ni une
définition théologique et dogmatique, elle est une femme de notre condition
humaine, avec la même vie que nous. Elle a ajusté sa vie, ses choix au désir de
Dieu avec toutes les incertitudes, les questions, les situations difficiles et
les joies qui en découlent. Joseph en savait quelque chose. On ne peut pas
séparer Marie de Joseph.
L’Assomption de
Marie n’est que la suite logique de sa vie. Elle est passée par la mort et elle
est entrée, corps et âme, avec son être tout entier, dans le monde et le coeur
de Dieu. L’Assomption n’est pas un raisonnement de savants. Le peuple de Dieu
l’a bien compris dès l’origine, c’est un acte d’Amour et de reconnaissance de
Dieu, pour elle et pour nous, tout simple : Combien de fois l'a-t-elle pris par
la main ce petit garçon, Jésus, accroché à sa tunique, cet ado fugueur, ce
grand qui pose ses outils pour quitter la maison ? Cet homme, mort comme un bandit,
qu’elle prend dans ses bras quand on le dépend de la croix.
A son tour, ce
Fils prend sa mère dans ses bras, pour la confier au coeur de Dieu. Sainte
Thérèse de l’Enfant Jésus recommandait de ne pas dire des choses
invraisemblables sur la Vierge Marie ni de la montrer inabordable, faisant des
choses extraordinaires mais imitable. On voudrait tant la faire parler, elle
qui n’a pour ainsi dire rien dit, dont les paroles se résument à 3 mots :
« Oui, merci, faites ce qu’il vous dira. »
Mais sa vie nous
dit que nous aurons, nous aussi, notre assomption. Nous serons ce qu’elle est.
Nous aurons la même destinée, si, comme elle, nous nous ajustons au désir de
Dieu. La Vierge Marie est notre A-venir, l’avenir de l’humanité, c’est la 1ère
lecture. La femme, couronnée d’étoiles, avec le soleil pour manteau, écrasera
la Bête qui détruit le monde, le Dragon, image du mal. Alors, c’est dans le
Christ que nous recevons tous la vie, c’est la 2ème lecture. L’humanité,
nous-même, ne fonctionne pas en boucle, repliée sur elle-même. Nous avons une
direction, un sens. Une réussite de nos vies est possible, elle est déjà
acquise. A nous de la réaliser. Quelqu’un de chez nous, Marie, l’a déjà
réalisé. Elle a un peu d’avance sur nous, elle est la première sur ce chemin qui
mène au matin de Pâques. Le 15 août, l’Assomption est, dit-on parfois, la
Pâques de l’été, la fête de l’Espérance. C’est sans doute pour cela qu’elle et
si populaire et aimée, inscrite dans notre inconscient humain. En effet, les
êtres humains - mon ami Gilbert est de ceux-là, lui qui se dit mécréant -
aiment à espérer qu’il y’a des endroits, dans nos coeurs et dans la vie où la
nuit est moins épaisse. Et c’est de ce côté-là que le jour se lèvera.
La Vierge
Marie, Notre-Dame de l’Assomption, tourne nos regards, oriente nos vies de ce
côté de la lumière, du côté de l’étoile du matin, étoile de la mer…
Laissons Saint
Bernard conduire notre coeur vers cette étoile et ne la perdons pas de vue !
« Et le
nom de la vierge était Marie. Ce nom signifie « Etoile de la mer »
Qui que tu
sois, si tu comprends que ta vie
plutôt qu’un
voyage paisible en terre ferme
est une
navigation parmi les tempêtes des temps
Ne quitte pas
des yeux la lumière de cette étoile
afin d’éviter
le naufrage.
Lorsque tu vois
paraître les écueils du malheur et des tentations,
regarde
l’étoile, invoque Marie
Dans le péril,
l’angoisse, le doute, la tristesse, invoque Marie.
Si elle te
protège, tu n’auras rien à craindre.
Grâce à sa
prière, tu atteindras le but.
Tu sauras par ta
propre expérience ce que signifient ces mots :
Marie, Stella
maris, Etoile de la mer ! »
Prie pour nous
maintenant !
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