mercredi 15 août 2018

Homélie de la fête de l’Assomption année B


Homélie de la fête de l’Assomption année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson

            Il n’était pas un pilier d’église, loin de là, Gilbert ! Un ami de vieille date. La dernière fois qu’on s’est rencontré, il m’a emmené voir un très bel oratoire de la Vierge Marie. « Tu sais ce que je pense de vos histoires de religion, mais ça me fait plaisir de t’amener ici » m’a-t-il dit. Il a sorti de son col une chaîne avec une très belle médaille de Notre-Dame de Lourdes. « Celle-là, j’y crois, j’y tiens, je ne m’en sépare jamais. Je lui cause quand ça ne va pas. »
 
            Elle est toujours d’actualité, cette intuition que la jeune Marie partageait à sa cousine : «  Toutes le générations me diront bienheureuse ! » En ce 15 août, aux 4 coins du monde, de la petite chapelle aux grandes basiliques, d’un lit d’hôpital à une cellule de prison, tant de gens se tournent vers Marie, pour lui confier tous les « maintenant » de leur vie. Prie pour nous maintenant !
            Marie est proche de nous parce que proche de Dieu, même si aujourd’hui on ne sait plus très bien ce qu’est l’Assomption. La Vierge Marie n’est pas un problème ni une définition théologique et dogmatique, elle est une femme de notre condition humaine, avec la même vie que nous. Elle a ajusté sa vie, ses choix au désir de Dieu avec toutes les incertitudes, les questions, les situations difficiles et les joies qui en découlent. Joseph en savait quelque chose. On ne peut pas séparer Marie de Joseph.


            L’Assomption de Marie n’est que la suite logique de sa vie. Elle est passée par la mort et elle est entrée, corps et âme, avec son être tout entier, dans le monde et le coeur de Dieu. L’Assomption n’est pas un raisonnement de savants. Le peuple de Dieu l’a bien compris dès l’origine, c’est un acte d’Amour et de reconnaissance de Dieu, pour elle et pour nous, tout simple : Combien de fois l'a-t-elle pris par la main ce petit garçon, Jésus, accroché à sa tunique, cet ado fugueur, ce grand qui pose ses outils pour quitter la maison ? Cet homme, mort comme un bandit, qu’elle prend dans ses bras quand on le dépend de la croix.

            A son tour, ce Fils prend sa mère dans ses bras, pour la confier au coeur de Dieu. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus recommandait de ne pas dire des choses invraisemblables sur la Vierge Marie ni de la montrer inabordable, faisant des choses extraordinaires mais imitable. On voudrait tant la faire parler, elle qui n’a pour ainsi dire rien dit, dont les paroles se résument à 3 mots : « Oui, merci, faites ce qu’il vous dira. »
            Mais sa vie nous dit que nous aurons, nous aussi, notre assomption. Nous serons ce qu’elle est. Nous aurons la même destinée, si, comme elle, nous nous ajustons au désir de Dieu. La Vierge Marie est notre A-venir, l’avenir de l’humanité, c’est la 1ère lecture. La femme, couronnée d’étoiles, avec le soleil pour manteau, écrasera la Bête qui détruit le monde, le Dragon, image du mal. Alors, c’est dans le Christ que nous recevons tous la vie, c’est la 2ème lecture. L’humanité, nous-même, ne fonctionne pas en boucle, repliée sur elle-même. Nous avons une direction, un sens. Une réussite de nos vies est possible, elle est déjà acquise. A nous de la réaliser. Quelqu’un de chez nous, Marie, l’a déjà réalisé. Elle a un peu d’avance sur nous, elle est la première sur ce chemin qui mène au matin de Pâques. Le 15 août, l’Assomption est, dit-on parfois, la Pâques de l’été, la fête de l’Espérance. C’est sans doute pour cela qu’elle et si populaire et aimée, inscrite dans notre inconscient humain. En effet, les êtres humains - mon ami Gilbert est de ceux-là, lui qui se dit mécréant - aiment à espérer qu’il y’a des endroits, dans nos coeurs et dans la vie où la nuit est moins épaisse. Et c’est de ce côté-là que le jour se lèvera.

            La Vierge Marie, Notre-Dame de l’Assomption, tourne nos regards, oriente nos vies de ce côté de la lumière, du côté de l’étoile du matin, étoile de la mer…
            Laissons Saint Bernard conduire notre coeur vers cette étoile et ne la perdons pas de vue !

            « Et le nom de la vierge était Marie. Ce nom signifie « Etoile de la mer »
            Qui que tu sois, si tu comprends que ta vie
            plutôt qu’un voyage paisible en terre ferme
            est une navigation parmi les tempêtes des temps
            Ne quitte pas des yeux la lumière de cette étoile
            afin d’éviter le naufrage.

            Lorsque tu vois paraître les écueils du malheur et des tentations,
            regarde l’étoile, invoque Marie
            Dans le péril, l’angoisse, le doute, la tristesse, invoque Marie.
            Si elle te protège, tu n’auras rien à craindre.
            Grâce à sa prière, tu atteindras le but.
            Tu sauras par ta propre expérience ce que signifient ces mots :
            Marie, Stella maris, Etoile de la mer ! »
            Prie pour nous maintenant !   

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