lundi 6 août 2018

Homélie du 18ème Dimanche année B


Homélie du 18ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson

            De récents sondages révèlent que les Français non seulement aiment bien manger mais qu’ils aiment bien parler de ce qu’ils ont mangé ! On fait peut-être plus attention aujourd’hui à la nourriture, par souci de santé… ou de sa ligne !

            Dimanche dernier, l’Evangile nous montrait Jésus nourrissant une foule avec un petit pique-nique qu’un jeune garçon avait emporté dans son sac à dos. 3 fois rien. Tout le monde a mangé et il en est resté. Quand on partage, non seulement le pain, ça se multiplie. Quand on garde, ça moisit.
            Tous ces gens rassasiés courent après Jésus. C’est la suite ce matin.

            Jésus n’est pas dupe : « Vous me cherchez parce que vous avez bien mangé. Mais il n’y a pas que le pain matériel qui compte. Il y a un autre pain, pour nourrir tout ce que vous êtes et ce que vous devenez. Je suis le pain de vie. Celui qui me mange n’aura jamais faim. »

            « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là ! » Cela nous rappelle la rencontre avec la Samaritaine au bord du puits, un certain midi, en plein soleil : « Donne-moi à boire ! Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Cette eau deviendra en lui source de vie. » « Seigneur, donne-moi de cette eau vive ! » Cela nous parle en ces jours de forte chaleur.

            Nous avons raison de nourrir sainement notre corps. Mais nous ne sommes pas seulement de la chair et du sang. Nous sommes de la pensée, de l’esprit, de la volonté, de l’amour, des sentiments, du coeur. Nous sommes des êtres de relation. Nous faisons des choix, nous donnons du sens et de l’orientation à nos vies. Il y a en nous une dimension d’intériorité qui nous ouvre à plus que nous-mêmes, à l’autre, aux autres, à l’Autre, à des valeurs, des convictions, à une certaine manière de mener notre vie.       Cette part de nous-mêmes, ce que nous sommes et devenons , ce meilleur de nous-mêmes crie parfois famine, comme notre estomac à l’heure de midi ! On a besoin d’une nourriture qui nourrisse tout notre être (corps et âme). Au risque de nous anémier, de végéter, humainement et spirituellement dans notre capacité d’être en relation, de vivre ensemble, de partager, de chercher, de prier, d’exister vraiment.            C’est l’expérience que nous rapporte la première lecture : le peuple de Dieu, marchant dans le désert vers la Terre Promise, dans nos déserts d’aujourd’hui, regrette les marmites de viande et le pain à satiété de l’esclavage d’Egypte. Il est prêt à adorer des veaux d’or. Et Dieu lui fait comprendre qu’il y a aussi une autre faim que celle du « pain et des jeux » que réclamaient les Romains.
            Un matin, ces Hébreux voient une fine croûte recouvrir le sol. « Mann hou ? » se demandent-ils « Qu’est-ce que c’est ? » qui a donné le mot manne. « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. » On ne sait pas toujours nommer cette manne que le Seigneur nous donne pour marcher vers une terre de liberté et d’amour, pour faire et refaire nos forces intérieures. « Mann hou ? Quelle est cette manne ? » Si, dans nos pays, nos tables à manger ne sont pas en manque, ce n’est hélas pas vrai pour tout le monde.

            Sommes-nous pour autant rassasiés du pain de la fraternité et de l’amour mutuel ? Serions-nous repus de paix ? De douceur ? D’attention aux autres ? D’écoute ? Serions-nous gavés de justice, de bonté, de bien commun ? De quelle manne avons-nous faim aujourd’hui ? Un ami me confiait hier : «  La plus grande pauvreté, c’est quand personne n’a besoin de toi, de ton amitié, de ta présence. »
            Cette manne qui nourrit l’humain et les relations humaines, elle vient de Dieu et non pas de nos égoïsmes.
            J’aime bien une devise des Petits Frères des Pauvres, ils ont l’expérience en la matière :
« Des fleurs avant le pain. »
            Le pain, oui bien sûr, mais l’accueil, la bonté, la fraternité, la beauté. C’est ce que signifient les fleurs. Toutes ces valeurs, ces attitudes, ces gestes sans lesquels le pain n’a guère de goût. « Des fleurs avant le pain ». Avant le pain, inséparable du partage, des fleurs nous attendent à la table où nous invite le Christ.

            Son Amour nous attend pour nous nourrir du pain de Vie. « Vous ferez cela en mémoire de moi. »

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