Homélie du 19ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
« Parole de Dieu
pour un temps de vacances ! »
Ce titre
pourrait être le message de ce dimanche.
Dans la 1ère
lecture, le prophète Elie reçoit le secours de Dieu
Dans la 2ème
lecture, Saint Paul indique à la communauté chrétienne d’Ephèse un petit régime
pour retrouver la forme intérieure.
Dans
l’Evangile, le Christ nous offre une vraie nourriture pour vivre.
On juge
habituellement assez sévèrement notre époque… qui est ceci, qui produit cela…
En fait, le reproche le plus fort que l’on fait à notre temps, c’est, avec
notre connivence, de nous fatiguer moralement, nerveusement, humainement,
spirituellement.
L’expérience
d’Elie est souvent la nôtre : la rencontre d’hostilité, l’affrontement, le
découragement. Elie part dans le désert, il marche une journée. C’est aride,
décapant, le désert, pas seulement le lieu géographique mais le désert
intérieur, l’affrontement à soi-même, à ses limites, à ses questions. « Je
ne suis pas meilleur que mes pères. C’en est trop » murmure Elie. C’est un
buisson qui lui offre un peu d’ombre, où il peut se coucher, essayer de dormir
pour oublier. Et voici qu’un ange le touche. C’est une manière d’exprimer la
présence et la tendresse de Dieu.
Touché par la situation d’Elie, Dieu touche
Elie au plus profond de son désert intérieur. Dieu, s’il est notre Père, et il
l’est, a soin de ses enfants. Mais le soin qu’il veut nous porter ne passe pas
par un distributeur automatique. Il passe par des gestes et des paroles
concrètes de nous, gestes de solidarité, de secours, d’attention, d’écoute,
toutes choses qui réconfortent. L’ange toucha Elie à l’ombre de son buisson.
L’ange, cette présence, c’est bien nous, les uns pour les autres. Dieu
aurait-il un autre coeur, d’autres bras que les nôtres pour aimer ?
« Lève-toi et mange. » Ce réconfort d’une galette cuite sur une
pierre brûlante et cette cruche d’eau, en plein désert, ne peuvent être parfois
qu’un regard. L’expérience d’Elie est proche de ce que nous vivons. La réponse
de Dieu est la même pour nous. Il nous donne il nous redonne de quoi repartir
et marcher. Pour cela, il a besoin de nous.
Cette période
nous est donnée pour refaire nos forces, pas seulement pour nous
personnellement mais pour partager nos énergies de vie.
Dans la
deuxième lecture, Paul recommande à la communauté chrétienne d’Ephèse un petit
régime pour que ne se détruisent pas nos énergies de vie intérieure :
« N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, qui est en vous ! »
Ne le contrariez pas, ne le contristez pas ! Il est en nous source de paix
intérieure. Eliminez, dit Saint Paul, ce qui empêche la source d’être source,
c’est quand elle est ensablée : amertume, irritation, colère, éclats de voix ou
insultes, méchanceté. Tout cela pompe de l’énergie même si on pense que ça
va mieux après. Cela produit fatigue et enraye les relations. Nourrissez-vous
plutôt dit Saint Paul de générosité
et de tendresse, de pardon,
d’amour, c’est le pain quotidien de Dieu dont vous êtes les enfants bien-aimés.
C’est le pain de vie que nous offre le Christ : « Je suis le pain de la
vie », c’est notre Evangile. « Celui qui mangera de ce pain ne mourra
pas, il vivra ». Ce pain, c’est la vie de Dieu donnée. C’est l’énergie
vitale, puisée non seulement dans l’Eucharistie, la source principale mais dans
la vie selon l’Evangile, dans la prière, dans le ressourcement intérieur et, si
nous pouvons en bénéficier, dans ce temps de repos, de coupure, de changement
de rythme.
L’époque que
nous vivons, avec tout ce qu’elle apporte de bon, peut aussi user en nous ce
qu’il y a de plus précieux, user ce qui nous fait humains, nos capacités de
relations, nos aspirations, ce qu’il y a de meilleur, user notre coeur et notre
force d’aimer.
Dieu ne veut
pas nous voir comme Elie, couchés sous le buisson. Il est triste aussi quand
nous contristons l’Esprit Saint qui est en nous par ce qui dévie nos énergies.
« Ce que Dieu aime, c’est l’être humain vivant » dit Saint Irénée.
C’est pourquoi il nous invite à sa table, il nous invite à nous nourrir du Pain
de la vraie Vie.
« Donne-nous,
aujourd’hui, la nourriture dont nous avons besoin pour la route! »
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