Frères et
soeurs, peuple de Dieu, nous célébrons aujourd’hui selon l’usage du Carmel la
fête de la Solennité de la dédicace de la chapelle du Carmel.
Pour cette
liturgie seul l’évangile change mais les autres textes sont ceux du 22 dimanche
du temps ordinaire de l’année liturgique B. L’extrait de l’Evangile selon Saint
Jean présente Jésus aux prises avec les juifs lors de la Fête de la Dédicace du
temple, fête juive qui commémore la purification et la reconstruction du temple
en 165 av. J.-C. par Judas Maccabées (1 Ma 4, 36-56, 2 Ma 10, 1-6) à la suite
des profanations d’Antiochus Epiphane. On la célébrait en attente de l’arrivée
du Messie qui décidera du sort de l’ancien autel des holocaustes qui avait été
profané (1Ma 4, 46).
Pour cette célébration, on cessait des jeûnes, on
illuminait les demeures, on mangeait de la bonne chair et on prêtait main forte
au temple ou à la synagogue. La fête de la Dédicace du temple est la fête des
Lumières, de la restauration du culte au vrai Dieu. Les rabbins iront jusqu’à
dire que c’est le symbole de « de la victoire de l’esprit sur la force
brutale, du judaïsme sur le paganisme, image de l’âme d’Israël et de sa
pérennité ». Et comme le dira Zacharie 4, 6 « ce n’est ni par la
force ni par la violence, mais par mon Esprit » que cela s’est produit.
C’’est surtout du fond de l’obscurité que la Lumière brillera et vaincra.
En effet,
Saint Jean en évoquant cette fête indique l’identité du Christ, le Fils de
Dieu. Aussi, il proclame l’avènement d’un nouveau culte en Jésus par tous les
croyants. Mais comme nous venons de l’entendre, c’était l’hiver. A en croire
les textes, c’est bien un hiver qui réduit l’homme à ne regarder pas trop loin,
le jour est court, ses pensées suffisent et sa vision ne va pas au-delà. Il
reste prisonnier de son passé et de ses choix, de l’immédiat, du
« tout fait», de ses vues à œillères. Ces hommes de l’Evangile, comme
tout fidèle, sont incapables de percevoir la nouveauté, le nouveau message
apporté par Jésus. « Parles-nous ouvertement » clament-ils dans
l’Evangile. Et pourtant c’est au cœur même de cet hiver et de l’obscurité que
resplendit la Lumière de l’Envoyé par excellence, le libérateur d’Israël, notre
libérateur : Jésus le Christ. Il nous appelle à être cette lumière
« qui ne doit pas être mise sous le boisseau » (Mt 7,15) mais pour
éclairer le monde et les hommes qui croisent nos chemins.
Cette Lumière
symbolise sans nul doute l’Espérance
d’Israël, notre espérance à nous. Désormais avec Jésus nous n’avons plus à
attendre le prophète, il est le Prophète par excellence, l’image du Père, le
visage parfait de Dieu. Si l’autel de l’holocauste était sur une pierre
désormais l’autel de Dieu c’est le cœur de l’homme où sera célébré et proclamé
le nouveau et vrai culte. C’est en Esprit et en vérité qu’il faudra adorer
Yahvé, le Dieu de Jésus-Christ. Pour les juifs c’est incompréhensible tout
ceci. Ils ont besoin des preuves matérielles, des œuvres pour croire. Mais les
œuvres de Jésus sont là et les mains de Dieu tiennent tous ceux qui le
reconnaissent comme sauveur et libérateur.
Les mains de Dieu, les œuvres de Jésus
sont la clé de lecture du nouveau monde, de la nouvelle vie en Dieu. Avec Jésus
on ne peut célébrer le culte et avoir le cœur loin de Dieu. Le vrai fidèle est
celui qui reconnait Christ à travers l’œuvre de ses mains. Les mains ont toujours
été le signe de l’action et de l’œuvre que nous accomplissons. Les mains peuvent
donner la vie comme peuvent conduire à la mort. L’appartenance au nouveau et
vrai temple de Dieu dépend du rôle que nos mains auront à jouer dans
l’édification du règne de l’amour. Il s’agit des mains vont donner à manger,
qui vont habiller les personnes, qui vont accueillir l’étranger, qui vont relever
celui qui est par terre, etc. Ce sont ces œuvres qui ont été accomplies par le
Christ pour la vie de l’homme qui pour nous témoigneront de notre appartenance
au Christ. Le vrai temple ne saurait être le lieu de la comédie, du théâtre des
hommes, des luttes du pouvoir ou mieux un culte inutile auquel ne correspond le
cœur. Car le cœur est appelé à accomplir les œuvres de Dieu.
Aujourd’hui
posons-nous la question de savoir comment l’hiver glacial de nos relations
humaines, de notre foi terne et chancelante, l’hiver de notre indifférence face
à la mondialisation du mal, à la globalisation des choix et chemins de mort
peut recevoir la Lumière du Ressuscité ? Et ceci nous amène à nous
demander sur l’usage de nos mains : A quoi elles ont servi réellement pour
que le monde et l’homme soient si défigurés ? Pourquoi le monde nous
a-t-il facilement corrompus ?
Si nous avons
des raisons de nous préoccuper de notre monde actuel, nous devons avoir des raisons
réelles pour nous convertir et retrouver l’unité et la vérité en Christ seul,
source et chemin de la vraie vie. Car entre les mains du Père rien ne pourra
nous arracher. Et le culte célébré dans nos chapelles fera de nous des
véritables disciples du Christ.
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