Homélie du 5ème
dimanche Temps Ordinaire Année C 2019
Père Maurice
BOISSON – Carmel de Saint Maur (39 Jura)
1ère
lecture : Isaïe 6,1-2a, 3-8
2ème
lecture : 1ère lettre Corinthiens 15,1-11
Evangile : Luc 5,1-11
Voilà
bien le moment - on ne l’attendait pas – où Jésus s’en mêle, ce moment où ces
pêcheurs n’avaient pas la pêche !
« Avance au large, va où c’est
profond, en pleine mer, au large : là où il y a de l’espace, de la
profondeur, ne reste pas au bord, à la surface, n’aie pas peur : Tu verras ». Une parole, une
présence, un signe, un geste, nous disent parfois que tout n’est pas
bouclé. Jésus ne donne pas à Pierre et à son équipe, des conseils
techniques. Il ouvre dans leur cœur, dans leur état d’impuissance et de
faiblesse, un chemin de confiance, de courage et de persévérance.
On
a besoin d’accueillir cette Parole qui fait repartir : même si parfois on
a du mal à y croire. Comme Pierre, dans un agacement mêlé d’une secrète lueur
d’espérance. « Puisque tu le dis...
Sur ta Parole !... On repart. » En pleine mer, là où c’est
profond, au large, au-delà du petit périmètre de ta pêche habituelle bien
délimitée, au-delà des limites de tes eaux de pêche habituelle. Ils capturent
une telle quantité de poissons, qu’ils avaient du mal à faire face.
L’Evangile
n’invite pas les chrétiens à rester sur la plage, ni à se barricader dans des
eaux territoriales bien protégées. « Avance
au large ! N’aie pas peur. » Ne reste pas à la surface de tes
impressions, et de tes habitudes, ne crois pas que tu sais tout parce que c’est
ton expérience, ne t’arrête pas à la plage, au bord, mouille-toi ! C’est
vrai que c’est peu confortable et moins risqué, la plage ! La première
réaction de Pierre est la peur, l’effroi ! La peur, dans l’Evangile, est
toujours le contraire de la Foi, de la confiance, peur de l’inconnu des vagues
et des vents qui font bouger la barque. « Avance
au large ! ». Devant la réussite de la pêche, Pierre reconnaît
qu’il n’a pas fait confiance... « Eloigne-toi
de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » (Luc 5,8). Comme le
prophète dans la première lecture : « Je suis un homme aux lèvres impures » (Isaïe 6,5). La
reconnaissance que Pierre fait de sa faiblesse, et de faire le malin, ça le
sauve. Au cœur de nos faiblesses, la grâce agit, si nous consentons, à
reconnaître notre besoin de la grâce de Dieu. Un jour, Pierre reconnaîtra la
grâce d’Amour du Christ, au cœur de sa faiblesse – c’est encore ce qui le
sauvera - « Seigneur, tu sais bien
que je t’aime ! » (Jean 21,15). « Alors, avance au large, ce sont des hommes que tu prendras ».
Ce sera une autre pêche... et tu auras la
pêche : ce sont des être humains que tu pêcheras, que tu repêcheras,
que tu sortiras de l’eau, la tête de l’eau, pour qu’ils respirent et qu’ils
vivent. Quand tu pêches des poissons, c’est pour les faire mourir et les
manger. Les êtres humains, que tu sortiras de l’eau, tu les feras vivre de
cette vie que je vous donne. « Pêcheurs
d’hommes ». C’est une belle
mission. « Laissant tout, ils le
suivirent. Avance au large ! » C’est difficile et risqué
d’avancer en eau profonde, au-delà des
ondulations superficielles qui caressent la plage. A moins que... nous
n’ayons pas oublié l’ancrage de la Parole, de la présence et de la main du
Christ...
« Comme tu le demandes, sur ta
Parole, je vais jeter les filets... Les filets se remplirent »- A condition d’avancer au
large, de jeter les filets, et surtout de faire confiance en la Parole du
Seigneur. Sur ta Parole... et pas sur la mienne craintive et fatiguée, je vais
jeter les filets.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire