Homélie 2ème
dimanche TO année A 2020
Père Maurice BOISSON
- Carmel de Saint Maur
Is 49,3.5-6 ; Ps
39 ; 1 Co 1,1-3 ; Jn1,29-34.
« Après avoir
commencé à détruire la planète, allons-nous laisser défigurer notre
humanité ? ». C’est la 1ère ligne d’un communiqué de
l’Archevêque de Paris publié cette semaine à propos du projet de Loi Bioéthique
concernant les questions liées à la procréation, à la filiation, à l’enfant,
aux mères, aux pères et à l’être humain. Citant une Parole de Jésus en St Luc
(19,40), l’Archevêque continue : « Si nous nous taisons, les pierres crieront ! ». Ce
communiqué fait suite à une déclaration des Evêques de France, cette semaine
aussi, intitulée : « Aucun être
humain ne saurait être traité comme un objet ».
Ces paroles sont fortes, car l’enjeu des décisions est de
taille. Il touche le plus profond de ce qu’est l’être humain : à la vie,
pas seulement à donner ou à fabriquer, mais à faire grandir, à accompagner, à
prendre soin jusqu’à son terme.
Ces paroles alertent les chrétiens – et pas qu’eux - sur le
danger de faire des lois, risquant de « déshumaniser l’humanité » en
effaçant les repères. Nous vivons dans des sociétés où les désirs individuels
sont exacerbés par l’apparente perspective que l’apport des techniques médicales
et juridiques semble promettre dans ces domaines. Je cite encore le
communiqué : « L’enfant n’est
pas un dû à fabriquer ». Le droit à l’enfant est inséparable des
droits de l’enfant lui-même : « L’absence d’un père » (je cite
encore) « est une blessure que l’on
peut subir mais il est monstrueux de l’infliger volontairement ».
L’Evangile est le désir de Dieu sur l’être humain, sur l’humanité,
sont pour notre vrai bonheur. Ces repères ne sont pas destinés à rester
enfermés dans les sacristies, ils ont un impact dans la vie concrète, sociale,
politique, éthique et personnelle. Ces valeurs portées par la foi, la raison et
l’humain (et pas seulement par les chrétiens !) sont au service du bien de
l’humanité, de la croissance humaine, en fraternité, en dignité et en
beauté : « Aucun être humain ne
peut être traité comme un objet »... à tous les niveaux, à tous les
lieux de relation. C’est un des messages de la Parole de Dieu de ce dimanche. A
commencer par la Prière d’Ouverture : elle nous fait demander (pour notre
temps, notre ici et notre maintenant) le don, la grâce de la Paix. Pas la paix
des cimetières sans paroles – ni la paix de chacun pour soi ou on s’ignore, ni
la paix de la dictature de la pensée unique -. Il s’agit de la Paix de Dieu qui
apaise, la Paix des consciences qui essaient de s’ajuster à la grammaire
humaine élémentaire, la Paix qui est le fruit de l’intelligence du cœur.
La 1ère lecture ensuite, nous rappelle un des
« pourquoi » de la dignité humaine : « Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur ». Tout être
humain – nous en sommes – a du prix devant Dieu. Personne ne compte pour rien
ou n’est qu’un objet. La culture du déchet n’est pas celle de Dieu : avoir
du prix aux yeux et au cœur de Dieu, à tous les moments de la vie, dès la conception,
pendant le développement de la vie, jusqu’à la fin. Chaque être humain a en lui
une semence de Dieu dit St Jean : « Il est né de Dieu ».
Même si ça ne se voit pas, ou si cette semence est enfouie
sous des buissons de tous les maux – justement c’est de tous ces maux que Jésus
nous délivre, pour assurer notre avenir humain et divin et c’est l’Evangile de
ce jour - : « Voici l’Agneau de
Dieu qui charge sur son dos le péché du monde ». C’est la présentation
de Jésus par Jean-Baptiste : la tendresse de Dieu, en Christ, c’est comme
l’Agneau. Il peut être mangé provisoirement par le loup ou le lynx, peut être
mené à l’abattoir, mort comme le Christ, lui, l’Agneau Pascal, la tendresse et la
douceur de Dieu auront raison de toutes formes de violences. Nous allons
recevoir tout à l’heure le Corps et le Sang du Christ : « Voici l’Agneau de Dieu ». Nous
nourrir de l’Amour de Dieu nous implique dans ce chantier de faire une société
qui tient compte des repères posés par le Créateur, ceux de la dignité et de la
valeur de toute personne. « Si nous
nous taisons, les pierres crieront ».
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