mercredi 20 février 2013

Homélie 1° dimanche Carême C

Carmel de Saint-Maur
Homélie 1° dimanche de Carême C
 
Père Maurice Boisson

Qui pourrait dire facilement que "la vie est un long fleuve tranquille" sur lequel on se laisserait porter sans effort ?

C’est vrai que la vie est faite aussi de bonheurs et de joies simples qu’on ne sait pas toujours goûter... Elle est faite aussi d’affrontements, à ce qui arrive, aux événements, aux morsures de la vie, qu’on ne maîtrise pas toujours. On le dit souvent : il faut se battre... C’est vrai aussi à l’intérieur de nous-mêmes, où nous sommes tiraillés entre nos désirs de bien, de bon, de vrai, et ces forces obscures qui travaillent en nous en sens contraire. Cette expérience de combat intérieur est inscrite dans le cœur humain dès l’origine. Le Christ lui-même l’a vécue. C’est l’Evangile que nous venons d’entendre.

Jésus vient d’être baptisé, il est habité par l’amour du Père. Nous aussi. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert, et lui fait pressentir que ce ne sera pas facile de faire partager cet amour et toutes les richesses du cœur de Dieu. C’est vrai aussi pour nous. Le désert n’est pas seulement un lieu géographique d’aridité, c’est ce que nous ressentons lorsque nous passons, nous traversons -, comme on parle d’une traversée du désert - quand nous traversons l’épreuve, la solitude, le vide, l’aridité intérieure.

Jésus est tenté par Satan, au désert, quand on est moins fort et moins protégé. Il rencontre une autre puissance que celle de l’amour dont il est rempli, un Contre-Amour auquel il doit s’affronter. C’est aussi notre expérience. Cette autre énergie que celle de l’Amour, elle a un nom : la force du mal, nommée ici Satan, ou démon, ou diable : diable vient d’un mot qui veut dire le diviseur, celui qui divise, qui écartèle à l’intérieur de nous-mêmes.

On le voit bien à travers les trois tentations de Jésus. Le tentateur fait trois propositions à Jésus, trois propositions qui n’ont rien perdu de leur actualité.

« Dis à ces pierres de devenir du pain » : la tentation de se suffire à soi-même, où on croit que des choses peuvent combler notre faim, nos désirs, alors qu’on sait bien qu’on a aussi besoin d’autre chose dans nos vies, nos relations, nos professions. L’homme ne vit pas seulement de pain.

« Tu auras alors le royaume de la terre » : cette tentation du pouvoir pour dominer, pour écraser, pour régner. Tu seras le maître devant qui on se mettra à genoux, qu’on adorera comme une idole. C’est Dieu seul que tu adoreras, ne te prends pas pour lui.

« Allez, jette-toi en bas », tout le monde est sur la place. En moins que rien tu arriveras en douceur et tout le monde t’applaudira. Tu seras quelqu’un. Jésus connaît cette tentation du paraître, des apparences, de l’orgueil. Il aurait pu le faire... Une proposition qui est forte dans notre société.

Le tentateur avait épuisé toutes les formes de tentation, dit la fin de l'Evangile. Toutes les grandes tentations - je ne parle pas de manger un morceau de gâteau - se résument à ces trois grandes tentations, toujours actuelles : la possession qui enferme, le pouvoir qui peut écraser s’il n’est pas service, l’orgueil qui rabaisse les autres et ne les reconnaît pas comme semblables.

Le Carême est ce temps favorable pour mettre à jour nos GPS  intérieurs afin de suivre les bonnes directions de nos vies, brouillées par le diviseur qui voudrait nous entraîner sur d’autres chemins, sans issue.

Saint Augustin, qui s’y connaissait en tentations et en égarements dans la première partie de sa vie priait en s’adressant au Christ : « Jésus le Christ, lumière intérieure, lumière de mon cœur, ne laisse pas les ténèbres me parler. »

Ecoutons aussi ces versets du psaume 90 : « Quand je me tiens à l’abri du très haut… le malheur ne pourra te toucher, ni le danger approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. »

Bon Carême

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci, mes Sœurs, de nous faire partager ainsi les homélies du Père Boisson, toujours parlantes à nos cœurs.
Bon Carême à vous toutes