Père Maurice Boisson
Un jeune couple, Régis et Agnès, me disait récemment que
Régis avait retrouvé un emploi après des mois de galère ! Leurs visages
étaient lumineux, transfigurés.
Bernard, au moment de Noël, venant m’apprendre le décès de
son épouse, avait le visage tiré et défiguré par la douleur.
Quand Michèle m’a annoncé qu’elle était guérie d’une longue
maladie, son visage était rayonnant, elle n’était plus la même.
Chacune, chacun de nous, pourrait donner des exemples :
une expérience profonde, intérieure, de joie ou de douleur, transforme quelqu’un.
ça se voit sur son visage. Il est
tout autre. Ce n’est plus le même, la même. Mais pourtant ce sont bien les
mêmes ! Il s’est passé en eux, comme en nous, un événement de lumière ou
de nuit tel qu’il modifie notre figure, notre extérieur, en même temps que
notre intérieur... C’est souvent après coup qu’on en saisit le sens.
« Pendant que
Jésus priait son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une
blancheur éclatante. » Les trois amis de la première heure, qui l’accompagnaient,
le voient autrement sur la montagne, l’espace d’un moment. Cet homme qu’ils
avaient suivi, un jour de plein travail, au bord du lac, sur un regard, sur une
parole: c’est bien lui, sur cette montagne. Mais une lumière traverse toute sa
personne, illumine son visage et ses vêtements. Dieu le Père fait sur lui,
devant ses amis effrayés, une reconnaissance de paternité : « Celui-ci, c’est mon Fils » -
« mon Fils bien-aimé », ajoute saint Marc. « Je le reconnais
comme mon Fils. » Du coup, un coin du voile, une voix dans la nuée, se
lève pour laisser entrevoir la suite et le terme : à Jérusalem, où ils se
rendent, le Père donnera raison à son Fils. La Passion débouchera sur la
lumière du matin de Pâques.
Ce qu’ils avaient vu et entendu, là, sur cette montagne, les
amis s’en rappelleront : c’était pour leur redonner courage, pour qu’ils
tiennent bon. Pour que Pierre, Jean et Jacques, accablés de sommeil,
d’incompréhension, de peur, à en perdre la tête (il ne savait pas ce qu'il disait) , se réveillent et écoutent, à
travers l’obscurité et l’épaisseur de la nuée, une parole d’Espérance ;
pressentiment du dénouement final, où, le cœur tout brûlant, se rappelant le
visage transfiguré, ils reconnaîtront dans le visage défiguré, le visage
ressuscité.
Frères et sœurs, quelle expérience en nos propres
vies !
Ce visage du charpentier de Nazareth, marqué des traits , du
portrait de Dieu son Père, ce visage buriné par les morsures et les caresses de
la vie, sera, sur une autre colline, ce visage défiguré par les méchancetés, la
violence, le mal. Ce visage, il nous est présenté, en ce dimanche, visage
transfiguré, tout autre, pour que nous sachions qu’il sera visage ressuscité
rayonnant de lumière.
Tels seront nos visages, nos vies, notre monde... Tels
seront nos vêtements, c’est-à-dire ce qui nous enveloppe et nous entoure.
La Transfiguration du Seigneur, c’est l’annonce de notre Avenir
pour nous faire pressentir le terme.
En nous emmenant avec lui sur la montagne, avec Pierre,
Jacques, Jean, Jésus nous donne la garantie que c’est possible d’espérer. Dieu
tient promesse. C’est le psaume que nous avons prié : « Le Seigneur est ma lumière, de qui aurais-je crainte. »
C’est la recherche d’Abraham dans la première lecture : « Comment vais-je savoir que j’aurai
cette terre ? »
Dans les ténèbres de la nuit comme dans l’obscurité de la
nuée, comme dans le brouillard de nos vies, une parole, une présence, une
lumière : « Vois toutes ces
étoiles"… vois cette lumière. Quand sur nos routes l’obscurité
de la nuée, de la vie, la fatigue, l’incompréhension, la peur, nous mordent le
cœur et la raison comme Pierre, la Transfiguration du Seigneur nous rappelle ce
que nous entendrons tout à l’heure dans la Préface : « Il nous
révélait ainsi que sa Passion le conduirait à la gloire de la Résurrection »
- Il n'y a pas de vendredi saint sans matin de Pâques.
1 commentaire:
Merci Maurice, merci à vous mes Soeurs pour ce partage.
La Paix soit avec vous
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