lundi 22 avril 2013

Homélie 4° dimanche de Pâques


Homélie 4° dimanche de Pâques
Père Maurice Boisson - Carmel de Saint-Maur
 
On n’est pas des moutons !

On n’aime pas qu’on nous prenne pour des moutons qui « suivent », qui bêlent, qui se font tondre ! Quoique… on est encore bien des suiveurs ... On fait encore bien comme tout le monde. On suit la mode, pas seulement dans l’habillement : dans la consommation, l’opinion, les comportements, la pub. On n’aime pas trop passer pour original, au bon sens du mot, c’est-à-dire pas forcément être un mouton qui suit les autres.

Mais revenons à nos moutons, à nos brebis de l’Evangile !

Pour parler de Dieu, pour essayer de nous le faire connaître dans une relation intérieure qui dise qui il est, Jésus se sert de mots, d’images, de comparaisons que tout le monde comprenait dans son pays et dans son temps : semer du grain, tailler la vigne, faire du pain, s’occuper des moutons. Ca faisait partie de l’environnement, de la vie des gens. Aujourd’hui, il dirait peut-être : « C’est comme des voitures qui circulent, des textos ou des sms qu’on s’envoie, des portables ou des télévisions. » C’est important de trouver le langage qui peut dire quelque chose de Dieu, aujourd’hui, comme dans toutes les époques.

Mais revenons à nos moutons de l’Evangile !

Le soir, chaque berger rentrait ses brebis, ses moutons, dans un enclos fermé par une porte et gardé par un portier. Quand le berger venait rechercher ses brebis, le matin, celles-ci - les siennes - accouraient vers lui, au son de sa voix. J’en ai fait l’expérience forte ces quinze dernières années à Mont Roland, où on avait une quinzaine de moutons et brebis.

« Mes brebis écoutent ma voix », dit Jésus (Jean 10,27).

Le Bon Pasteur, le vrai berger, c’est lui : le Christ, le berger venu de Dieu. Acceptons, soyons heureux – dans ce cas-là, avec un tel Berger - d’être comparés à des brebis, à des moutons. Il vient nous chercher dans nos enclos fermés. On n’est pas des moutons anonymes ni des moutons de Panurge. Pour lui, chacune, chacun de nous est unique, original au vrai sens du mot, c’est-à-dire qui ne peut pas être une photocopie d’une ou d’un autre. « Je te connais - dit Jésus - tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi. » A tel point que si on s’égare, si on se perd, si on se blesse, le Bon Berger fera tout pour nous retrouver, nous soigner, et ce sera la joie de retrouver les brebis perdues.

« Mes brebis écoutent ma voix. »

Ca vous est sûrement arrivé de reconnaître la voix de quelqu’un au téléphone, ou d’être reconnu par quelqu’un que vous appelez. Ca fait toujours quelque chose ! « Ah, vous m’avez reconnu ? Je t’ai reconnu à ta voix – et parfois : T’as pas la même voix que d’habitude, mais je t’ai reconnu quand même. » Etre reconnu, dans un appareil, ne plus être anonyme. Reconnaître la voix de quelqu’un, c’est l’avoir déjà entendu.

« Mes brebis écoutent ma voix. »

Est-ce qu’on prend le temps, est-ce qu’on a le cœur, de connaître la voix du Seigneur, le son de sa voix ? Pour le re-connaître, l’écouter, le suivre, se faire reconnaître ? Sinon, on peut suivre n’importe quoi, n’importe qui, n’importe quelle voix, si on ne reconnaît pas celle de Jésus, de l’Evangile, pour sortir de l’enclos, un enclos dans lequel notre monde est enfermé.

« Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jean 14,6) – la voix, la voie.

C’est le dimanche du Bon Pasteur. Nous prions pour les vocations. Notre prière suppose que nous acceptions, au plus profond de nous-mêmes, d’écouter la voix du Seigneur, de la reconnaître, parmi les voix de tous les bergers : elle nous invite à être, comme lui, le Bon Berger, de bons, de vrais bergers les uns pour les autres, qui libèrent de tous les enclos, dont la voix de douceur, de tendresse, l’appel de reconnaissance invite à la Vie.

« Elles me suivent. je leur donne la vie éternelle. » (Jean 10,27-28).

Ne soyons pas des moutons selon ce monde, mais soyons heureux d’être comme des brebis soignées, reconnues, par l’Amour du Père.

Pour notre prière, notre journée, gardons cet air dans notre tête :

Le Seigneur est mon berger,
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me conduit près des eaux tranquilles
par des bons sentiers.

Si je traverse les ravins,
je ne crains aucun mal.
Sa présence me rassure.
Pour moi il dresse une table…

(Psaume 22, 1-5a)

Aucun commentaire: