Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Est-ce encore la nuit ?
Est-ce déjà le matin ?
C’est parfois difficile de
distinguer entre jour et nuit, comme dans nos vies mêlées d’obscurité et de
lumière, de confiance et d’inconnus.
Dans une nuit semblable, au
moment où finissait le samedi – une nuit d’absence, de vide, de tristesse - et
où commençait le jour, le premier, celui du dimanche, Marie Madeleine et
l’autre Marie traversent cette nuit pour une visite au tombeau de Jésus.
Cette traversée de la nuit,
nous la connaissons, quand tout semble s’écrouler, quand la paix a déserté nos
cœurs, quand la vie n’y est plus, quand le jour tarde à venir, et que le mal
semble prendre le dessus… le vendredi et le samedi.
Pour ces deux femmes, amies,
proches de Jésus – il avait guéri leur être – l’intuition est trop forte :
ça ne peut pas être fini, ce vendredi.
Elles sentent qu’un
rendez-vous leur est donné au tombeau de leur ami.
Mais il faut traverser la
nuit. Il y a toujours au fond de nous une secrète et discrète espérance pour
nous faire passer, souvent à tâtons et en trébuchant, vers le commencement du
jour.
L’ami mort - la mort, n’est
pas au rendez-vous. Vide est le tombeau, libre est l’accès. « Il est
ressuscité. Allez le dire. » (cf. Matthieu 28,07)
Le rendez-vous ? Il est
en Galilée, là où vous l’avez rencontré – dans nos Galilée, nos lieux de vie,
notre cœur, Galilée intérieure.
C’est là qu’il est déjà, « il vous précède : c’est là que
vous le verrez » (Matthieu 28,07) – « il vous attend. »
Ce tombeau vide et ce
rendez-vous en plein cœur de la vie nous disent que le dernier mot ne sera
jamais la nuit : le jour se lèvera toujours ; il ne sera jamais la
mort, ni ce qui fait du mal.
Une fois roulée la pierre qui
enferme dans le tombeau, le dernier mot sera à la vie, à l’Amour.
Il n’y a pas de Vendredi
Saint sans matin de Pâques.
Souvent, il n’y a pas de
Pâques sans Vendredi Saint. C’est l’expérience fondamentale de nos vies :
l’expérience pascale.
En cette nuit, Dieu refait en
nous et dans l’humanité ses gestes d’origine, dont ont parlé les lectures du
début.
Il a tiré le jour de la nuit.
Il a sorti son peuple de
l’esclavage pour la liberté.
Il a relevé Jésus de la mort,
pour la Vie.
Il nous tire du plus profond
de nous-mêmes, de nos tombeaux, vers le jour, vers la vie, vers l’amour.
Comme Marie Madeleine et
Marie, accueillons cette grâce de Pâques, goûtons la joie intérieure profonde,
la joie paisible et assurée de ceux qui savent que la nuit a définitivement
perdu, et que notre Dieu, le Vivant, a ouvert pour nous le tombeau, vers la
Vie, vers l’Amour.
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