Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 63,16b-17.19b ;64,2b-7 ; Psaume
79 ; 1 Corinthiens 1,3-9, Marc 13,33-37
C’est un beau temps, ce temps
de l’Avent dans lequel nous entrons – « le temps du long désir », le
temps de l’espérance, le temps des veilleurs.
« Veillez »,
message pour cette première semaine – le temps de la confiance.
En chacun de nous, il y a des
attentes, des désirs, le cœur humain n’est jamais satisfait,
heureusement ! On a toujours quelque chose, quelqu’un, à espérer. Les
choses matérielles ne comblent jamais nos désirs, notre cœur sera sans repos
tant qu’il n’aura pas atteint ce qu’il espère, ce pourquoi il est fait.
Aussi, l’Avent ne nous tourne
pas d’abord vers l’Avant Noël – avec un
petit « a », même si on prépare Noël, et c’est bien.
Christ est venu. l’Avent - avec un « e » - nous
met en présence de celui qui vient : le Christ, et de ce qui
« advient » avec lui : ce monde ci, transformé en monde nouveau,
le monde de Dieu.
Le Christ qui vient ouvre la
porte de ce monde, au terme de la longue marche de l’humanité.
Si on pense, ou on
chante : « Il reviendra » - ça ne nous émeut pas beaucoup –
« on verra bien » ; mais s’il « vient », il vient (cf.
Isaïe 64,4) ; alors, il faut se bouger, ne pas dormir, être prêt.
Il vient – il est peut-être
déjà là. Comme on est un peu endormi, on ne le voit pas, et on ne l’entend pas.
« Restez éveillés » (Marc 13,33) - « veillez »
(Marc 13,35).
Si on attend quelqu’un, on
est là, prêt à ouvrir, comme le portier de cet Evangile - on veille. On range
la maison… et il vient pour le repas, la table est mise et le repas est prêt.
Et si c’est quelqu’un qu’on aime bien, dont on sait que la présence va faire du
bien, alors on espère qu’il ne va pas tarder, qu’il n’aura pas d’empêchements -
c’est l’Evangile de ce jour.
Ce serait trop dommage que ce
visiteur nous trouve en train de dormir.
Espérer, veiller, attendre,
désirer – nos vies sont tissées d’espérance et de désespérance, de confiance et
de refus, de veille et de lassitude.
« N’ayons pas le cœur
qui dort » - comme on dit. On peut perdre des raisons d’espérer quand on
n’a plus confiance, quand ce qu’on espère paraît inatteignable ; on
n’attend plus, on ne désire plus, et le ressort de l’espérance et de la
confiance est cassé.
Ce temps de l’Avent - avec un
petit « e » - peut nous aider à fortifier ou à retrouver l’espérance
et la confiance qui ont pu être brisées ou blessées par la vie, les événements
ou quelqu’un.
Espérer, c’est
« commencer toujours », dit Sainte Thérèse d’Avila (cf. Fondations 29,32). C’est toujours
désirer du plus et le faire advenir
(même mot qu’Avent) comme nous le
pouvons.
Celui qui vient est déjà là,
il nous signale sa présence qui transforme le mauvais, le mal, sous toutes ses
formes, en beau, en bon, en Amour, qui transforme la mort en vie.
Tous les matériaux de ce
monde nouveau de Dieu, qu’on espère, qu’on désire, qu’on attend, et qu’on a à
faire, ici et maintenant, dans le creux du quotidien de nos vies. Là où le
Seigneur vient, là où sont nos espérances et nos désirs les plus profonds, les
plus intérieurs.
Ce temps est « le temps
des âmes intérieures », dit Elisabeth de la Trinité (Lettre 250,4) – celui
de la rencontre vraie de nos désirs et de nos espérances les plus profondes et
les plus humaines avec la proposition de Celui qui vient nous offrir ce qui
peut combler nos attentes.
La vie consacrée nous donne
les signes de cet « Avent » Avenir, de ce qui Advient.
Que se creuse en nous le
désir de ce monde nouveau de Dieu, qui vient.
Pour un bon Avent, en
avant !
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