Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Proverbes 31,10...31 ; Psaume 127 ; 1
Thessaloniciens 5,1-6 ; Matthieu 25,14-30
Périodiquement, on nous
annonce la fin du monde ! Celle-ci n’est pas au Rendez-vous ! L’Avenir
définitif de l’univers et son origine restent mystérieux… On a pu voir cette
semaine un petit engin se poser quelque part à cinq cents millions de
kilomètres de là pour recueillir quelques éléments permettant d’en savoir un
peu plus sur les origines et la vie des mondes.
Cette fin d’année liturgique
nous tourne justement vers l’avenir final du monde, de l’humanité, de
nous-mêmes.
« Jésus parlait à ses disciples de sa
venue » (Matthieu 25,14) – c’est
la première ligne de cet Evangile. Il est déjà venu, il y a un peu plus de deux
mille ans, il est toujours là, vivant, c’est lui qui nous rassemble ce matin,
il reviendra dans la gloire. Nous le chantons plusieurs fois à chaque
Messe : « Nous attendons ta venue dans la gloire. »
A la fin des temps.
Quand ? « Au sujet de la venue
du Seigneur – dit la deuxième lecture –
ne parlons pas de délai ni de date » (1 Thessaloniciens 5,1).
« Vous ne savez ni le jour ni l’heure - dit Jésus lui-même – mais
tenez-vous prêts » (cf. Matthieu 25,13).
Comment ça se passera ?
Pas, non plus, de détails techniques à cette question. Sauf que ce que nous
aurons vécu, ce que nous aurons développé, les biens confiés que nous aurons
fait fructifier (c’est l’Evangile), tout cela compte pour cette destination définitive
du monde et de nous-mêmes, de l’humanité, comme autant de matériaux qui
construisent ce monde nouveau de Dieu, et comme autant de fleurs qui le rendent
beau, au retour du Christ.
La venue du Christ mettra le
bouquet final à la transformation de ce monde, où Dieu Amour sera pour toujours
tout en tous et en tout, et où nous demeurerons en lui.
Dès maintenant, dans notre
existence terrestre, nous imprimons pour toujours, au quotidien, ce qui ne
mourra jamais, et ne sera jamais détruit : le bien, le juste, le vrai,
l’amour, la paix, la bonté… Tout cela formera pour toujours le bouquet final du
dernier soir du monde, qui deviendra, joyeusement, le premier chant d’une aube
nouvelle du monde nouveau.
C’est encore notre
Evangile : pendant son absence visible, le temps qui est le nôtre, le
Seigneur nous confie ses biens, ce qui est le meilleur pour l’humanité, le
monde, pour nous-mêmes - des trésors au quotidien, qui n’ont pas de prix.
Il ne s’agit pas de les enfouir dans la terre, comme le troisième employé, mais
de les développer, de les faire produire et se reproduire, comme l’ont fait les
deux premiers ; alors ils pourront partager la joie de leur maître.
Ces biens, ces dons qui nous
sont confiés, c’est ce que nous sommes chacune et chacun, chaque être humain,
qui avons du prix aux yeux de Dieu, avec nos propres trésors intérieurs, divers
selon les uns et les autres, mais que l’on déprécie trop souvent par une fausse
humilité déguisée en orgueil, ou que l’on peut enterrer, étouffer chez les
autres, par jalousie, par intérêt…
Ces biens confiés, c’est
aussi tout ce que nous avons reçu et recevrons, pour le bien de tous : les
autres, sans lesquels on ne peut pas exister, même si on pense et on dit,
quelquefois, qu’ils ne sont pas un cadeau ! Ces biens que sont la nature,
la création, dont on profite, ces biens que sont la capacité d’aimer, d’entrer
en relation, d’être bon, de vivre en paix et en justice, et aussi la foi que
nous avons reçue.
Longtemps après (on ne sait
pas quand) ! …quand le Maître reviendra… nous prêterons oreille, tout étonnés :
« Est-ce que tu as développé ces dons que tu as reçus ? » Oh,
pas tous, on n’est pas responsable de tout, mais de ce qui t’a été confié, de
ce que tu es, de ce que tu as reçu.
« Serviteur bon et
confiant, tu as contribué à ce monde nouveau de Dieu. »
Alors, pour les croyants en
la venue du Christ, il ne s’agit pas de la fin du monde, mais de la fin d’un
monde, purifié par l’Amour, à tout jamais, de toutes les scories du mal et de
la mort, pour un monde nouveau de Dieu dont la lumière déjà traverse nos vies.
« Amour
qui nous attends au terme de l’histoire, quand verrons-nous ta gloire
transformer l’univers ? »
(Tamié)
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