lundi 6 novembre 2017

Homélie du 31ème Dimanche - Année A



Homélie du 31ème Dimanche - Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Ces paroles de Jésus sont très dures ! Nous ne sommes pas devant un « Petit Jésus bien gentil et mignon », mais devant Jésus triste et fâché de voir l’honneur et l’image de Dieu son Père faussée, abîmée par les autorités religieuses du temps. Ces reproches que Jésus fait aux pharisiens et aux scribes est un appel à la vigilance adressé à tous, à ses amis, à nous.
            « Il s’adressa aux foules et à ses amis. » Les scribes et les pharisiens étaient les spécialistes la religion, de la Loi de Dieu, chargés de l’interpréter et d’en fixer les applications… pour les autres. Il serait inutile et trop facile d’utiliser ces reproches comme une arme contre les uns ou les autres sans nous sentir concernés !

            Accueillons en toute simplicité et humilité quelques uns de ces « attention ! » de Jésus, pour que notre vie chrétienne et notre témoignage soient toujours plus vrais et crédibles. Il s’agit de l’image que nous donnons de Dieu, du Christ, de l’Évangile, personnellement et collectivement.


            Le premier point dénoncé par Jésus est : « Ils disent et ne font pas ». Nous avons toujours à chercher une cohérence, un ajustement, entre nos paroles, nos discours et nos actes, notre manière de vivre.
            « Tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le, dit Jésus, mais n’agissez pas selon leurs actes, car ils disent et ne font pas. » C’est un des points qui, aujourd’hui, fait souvent difficulté pour que nos paroles soient audibles, on nous reproche :  « Vous prêchez l’amour, la paix et vous n’êtes même pas capables de vous entendre et de vous aimer entre vous ! » etc etc…

            « Je croirais, disait Nietzsche, si les chrétiens avaient un peu plus l’air ressuscité ! » Aujourd’hui, les gens, dont nous sommes, abreuvés et rassasiés de discours en tous domaines, « écoutent plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’ils écoutent les maîtres, c’est parce que ceux-ci sont des témoins » (Paul VI, exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi 41). Bien sûr que cette cohérence entre le dire et le faire n’est jamais totalement ajustée mais c’est ce vers quoi il nous faut tendre, dit Jésus. C’est l'honneur, le Nom, l’image de Dieu qui sont en cause.
            Plus que les livres et les paroles, ce sont nos vies qui peuvent dire quelque chose de Dieu et de l’Évangile pour aujourd’hui, pas seulement personnellement mais ensemble.

            Un deuxième point d’attention : « Vous êtes tous frères et soeurs, vous n’avez qu’un seul Père. » Où est la supériorité des uns ou des autres ? « Le plus grand sera votre serviteur », à l’exemple du Christ lui-même. « Ne donnez à personne le nom de Père et de maître ». Il arrive encore que l’on me demande : « Comment faut-il vous dire ? Père ? Monsieur le curé ? Monsieur l’abbé ? … » Le message de Jésus n’est pas une question d’appellation - contrôlée ou non. Le mot de Père, Abba, abbé, donné dès l’origine aux moines du désert, signifiait la généalogie spirituelle, exprimant que la paternité et la maternité n’étaient pas seulement biologiques. Vous pouvez, en toute paix, continuer de saluer un prêtre du nom de Père, ou une religieuse du nom de Mère ou de maître, maîtresse (des novices). Tous, qui que nous soyons, nous avons une certaine autorité, sans forcément avoir de titres, simplement par ce que nous sommes, les uns par rapport aux autres. « Vous êtes tous frères et soeurs », c’est celui-là notre titre.

            Les pharisiens et les scribes, par leur savoir, les signes religieux de leur fonction, se prenaient un peu, - ou beaucoup, pour Dieu le Père. Ils en profitaient pour se mettre en valeur, eux, avant de mettre en valeur le Seigneur. Ils exerçaient sur les gens une domination, « en chargeant leurs épaules de fardeaux qu’ils ne portaient pas eux-mêmes ». Ce sont leurs prescriptions tatillonnes et fermées qu’ils ajoutaient à la Loi de Dieu, que fustige Jésus : l’image abîmée de Dieu son Père. Il nous rappelle que toute autorité est service, pas d’abord de soi-même et de ses propres intérêts, mais des autres. Le mot autorité signifie faire grandir chacun dans une vie ensemble. Comme ils ont grandi avec Jésus serviteur parce qu’ils se sont sentis aimés, les pêcheurs du lac, les Zachée, Marie-Madeleine, Samaritaine et les autres… et nous-mêmes !

            Le soir, avant de les quitter, Jésus a lavé les pieds de ses amis. «  Ce que je fais, faites-le les uns aux autres ».
            Il l’a dit… Il l’a fait…

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