vendredi 5 février 2010

Thérèse d’Avila, Vie 5, extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie

Grave maladie
et première expérience de guérison spirituelle d'un prêtre.


En parlant de l'année de mon noviciat, j'ai oublié de dire que je me laissais aller à de grands troubles pour des choses de peu d'importance. Souvent recevais des réprimandes sans les mériter, et je ne les écoutais qu'avec beaucoup de déplaisir et d'imperfection. Néanmoins, dans ma joie d'être religieuse, j'acceptais tout…
Je fus témoin alors de l'héroïque résignation que fit éclater une religieuse au milieu d'une bien cruelle maladie… Le mal effrayait les autres, moi je portais grande envie à cette inaltérable patience. Je disais à Dieu que, s'il voulait me la donner au même degré, je le priais de m'envoyer toutes les maladies qu'il lui plairait…La divine Majesté daigna exaucer ma prière: deux ans ne s'étaient pas encore écoulés, que je me vis assaillie d'un mal différent sans doute, mais qui cependant me causa, l'espace de trois ans, des douleurs non moins sensibles et non moins cruelles, comme je le raconterai bientôt…

Dans ce lieu même où j'étais venue chercher ma guérison, vivait un ecclésiastique d'une naissance distinguée, qui, à beaucoup d'intelligence, ne joignait toutefois qu'une science médiocre. Ce fut à lui que je m'adressai pour la confession. Je dois le dire, j'ai toujours eu une prédilection marquée pour les confesseurs éminents en doctrine, car les demi-savants ont nui grandement à mon âme...
Je commençai donc à me confesser à cet ecclésiastique… Comme alors mon âme goûtait habituellement en Dieu d'enivrantes délices, mon plus doux plaisir était de parler de lui. A un tel langage, dans une personne si jeune encore, il se sentait pénétré de confusion. Enfin, poussé par la confiance que je lui inspirais, il commença à me découvrir l'état de son âme, qui était déplorable et des plus dangereux…


Le plus souvent, je lui parlais de Dieu. Mes paroles lui furent utiles sans doute, mais la grande affection qu'il avait pour moi fut, je crois, chez lui, une plus puissante cause de retour… il était effrayé de lui-même; il gémissait de sa coupable vie, et déjà il en était saisi d'horreur. Notre-Dame, je n'en puis douter, lui fit sentir son puissant secours...Enfin, il brisa sans retour ses tristes chaînes, et il ne pouvait se lasser de remercier Dieu de l'avoir éclairé de sa lumière…
Il mourut dans les plus beaux sentiments de foi, et dans l'éloignement le plus complet de l'occasion qui l'avait égaré. Ainsi, il semblerait que le Seigneur voulut se servir de moi pour ouvrir le ciel à cette âme.


Je restai trois mois dans cet endroit, en proie à de très grandes souffrances, parce que le traitement était trop rigoureux pour ma complexion. Au bout de deux mois, à force de remèdes, il ne me restait plus qu'un souffle de vie. Le mal dont j'étais allée chercher la guérison était devenu beaucoup plus cruel..Je sentais un feu intérieur qui m'embrasait. Les nerfs se contractèrent, mais avec des douleurs si intolérables, que je ne trouvais ni jour ni nuit un instant de repos. A cela venait encore se joindre une profonde tristesse… Mon père se hâta de me ramener chez lui…

La souffrance dans cet excès de rigueur ne dura que trois mois, mais on n'eût jamais cru qu'il fût possible de résister à tant de maux réunis. Je m'en étonne moi-même en ce moment, et je regarde comme une faveur insigne de Dieu la patience qu'il me donna; il était visible qu'elle venait de lui. L'histoire de Job, que j'avais lue dans les Morales de saint Grégoire, me fut d'un grand secours…Ce long martyre s'était déjà prolongé depuis le mois d'avril jusqu'au milieu d'août, plus douloureux cependant les trois derniers mois. Enfin, le jour de l'Assomption de Notre-Dame arriva...

Cette nuit même se déclara une crise si terrible que, pendant près de quatre jours, je restai privée de tout sentiment. On me donna, dans cet état, l'extrême-onction. A toute heure, ou plutôt à tout moment, on croyait que j'allais expirer, et l'on ne faisait que me dire le Credo, comme si j'eusse été capable d'entendre quelque chose. Plus d'une fois même on ne douta plus que je n'eusse exhalé mon dernier soupir; et quand je revins à moi, je trouvai sur mes paupières de la cire, tombée d'un flambeau.
Déjà, dans mon couvent, la fosse qui attendait mon corps était ouverte depuis un jour et demi; et déjà, hors de cette ville, dans un monastère de religieux de notre ordre, on avait célébré pour moi un service funèbre…


Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 5 de sa Vie en cliquant ici


Vous pouvez aussi poster les remarques, réflexions, prières etc... que ce texte suscite en vous, en cliquant sur "commentaires" ci-dessous

Aucun commentaire: