lundi 8 février 2010

Thérèse d'Avila, Vie 6, extraits

Thérèse d’Avila, Vie 6, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie

Retour au Monastère de l'Incarnation et chemin de guérison...avec le secours de Saint-Joseph.

"Voilà où me réduisirent ces quelques jours d'indicible douleur. Je ne pouvais, sans un secours étranger, remuer ni bras, ni pied, ni main, ni tête… On ne savait comment m'approcher: tout mon corps était dans un état si lamentable, que je ne pouvais supporter le contact d'aucune main…Je restai ainsi jusqu'à Pâques-Fleuries…Je craignais que la patience ne vînt à m'échapper. Grande fut donc ma joie quand je me vis délivrée de douleurs si aiguës et si continuelles…
Je voulus sur-le-champ retourner à mon monastère, et je m'y fis transporter en cet état. On reçut donc en vie celle qu'on avait attendue morte, mais avec un corps dont l'aspect aurait inspiré moins de pitié, s'il eût été privé de vie. Il n'y a pas de termes pour peindre l'excès de ma faiblesse; il ne me restait que les os. Cet état, comme je l'ai dit, se prolongea plus de huit mois. Pendant près de trois ans, je demeurai frappée d'une paralysie, qui allait, il est vrai, s'améliorant chaque jour. Lorsque à l'aide de mes mains je commençai à me traîner par terre, j'en rendis au Seigneur des actions de grâces.



Au milieu de toutes ces souffrances, ma résignation ne se démentit pas un instant...Enfin j'étais pleinement soumise à la volonté de Dieu... Si je désirais guérir c'était pour pouvoir me livrer à l'oraison dans la solitude, de la manière qui m'avait été enseignée…
Je sentais alors les puissants effets de cette grâce d’oraison que le Seigneur m'avait accordée. Par elle, je comprenais en quoi consistait son amour. En ce peu de temps, elle avait fait germer en moi ces nouvelles vertus dont je vais parler; vertus encore faibles sans doute, puisqu'elles ne suffirent pas à me maintenir dans le sentier de la perfection. Je ne disais le moindre mal de personne; j'avais au contraire l'habitude d'empêcher toute détraction…
Je conservais le désir de la solitude; je me plaisais à traiter avec Dieu et à parler de lui. Dès que je pouvais nouer un pareil entretien, j'y trouvais plus de plaisir et de charmes que dans toute la politesse, ou pour mieux dire, dans la grossièreté des conversations du monde. Je me confessais, je communiais bien plus fréquemment, et j'en avais un ardent désir. La lecture des bons livres faisait mes plus chères délices …



Me trouvant, si jeune encore, frappée de paralysie, et voyant le triste état où m'avaient réduite les médecins de la terre, je résolus de recourir à ceux du ciel pour obtenir ma guérison.
Je commençai donc à entendre des messes avec dévotion, et je récitai des prières très approuvées…
Je pris pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph et je me recommandai très à instamment à lui. Son secours éclata d'une manière visible. Ce père et protecteur de mon âme me tira de l'état où languissait mon corps, comme il m'a arrachée à des périls plus grands d'un autre genre, qui menaçaient mon honneur et mon salut éternel. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu'à ce jour, qu'il ne me l'ait accordé…
Connaissant aujourd'hui, par une si longue expérience, l'étonnant crédit de saint Joseph auprès de Dieu, je voudrais persuader à tout le monde de l'honorer d'un culte particulier. Jusqu'ici j'ai toujours vu les personnes qui ont eu pour lui une dévotion vraie et soutenue par les oeuvres, faire des progrès dans la vertu; car ce céleste protecteur favorise, d'une manière frappante, l'avancement spirituel des âmes qui se recommandent à lui…



Les personnes d'oraison surtout devraient toujours l'aimer avec une filiale tendresse…Que celui qui ne trouve personne pour lui enseigner l'oraison choisisse cet admirable saint pour maître, il n'aura pas à craindre de s'égarer sous sa conduite…
Enfin il fit éclater à mon égard sa puissance et sa bonté: grâce à lui, je sentis renaître mes forces, je me levai, je marchai, je n'étais plus frappée de paralysie




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