jeudi 11 juillet 2013

Homélie Fête de saint Benoît


Homélie Fête de saint Benoît
Carmel de Saint-Maur  P. Maurice Boisson

 « Qu’est-ce que ça nous rapporte de te suivre ? Qu’est-ce qu’on y gagne ? On aurait mieux fait de rester à nos bateaux, à nos familles, à nos affaires ! On a tout quitté pour te suivre, et après ? On pourrait avoir un peu de reconnaissance en retour ! » (cf. Matthieu 19,27-29)

Pierre est bien quelqu’un d’aujourd’hui, qui raisonne en termes d’efficacité, de rentabilité. « Qu’est-ce que ça rapporte de s’occuper des autres, de se consacrer à Dieu ? » « Qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? » - demande Pierre (Matthieu 19,27) – « Qu’est-ce qu’on aura ? De l’avoir ? »

On ne sent pas bien la gratuité !

Jésus ouvre l’esprit, le cœur de ses amis à une autre logique. Il ouvre à l’invisible par-delà l’immédiat, à l’essentiel par delà les choses, les biens. C’est une logique d’Amour, cette logique que vous nous rappelez d’une manière plus radicale, vous, mes Sœurs, avec toutes vos Sœurs et Frères du sillage de Saint Benoît. La logique du monde nouveau, quand viendra le monde nouveau en Jésus - le monde de Dieu.

Tous les gestes, toutes les paroles, les attitudes de vie, d’amour, de consolation, de pardon, de paix, seront recyclés en vie éternelle, en vie pleine, entière.

Jésus ne promet pas une récompense pour un jour, comme : « si on travaille bien, si on est sage ». Il promet la surabondance de beaucoup plus : les pauvres seront en fête – c’est le Psaume (33,3) – parce qu’ils hériteront de la tendresse de Dieu.

En vous appauvrissant matériellement, vous enrichissez vous, les autres, la société, de beaucoup plus de sens, d’unité, de don, d’amour, de lumière, de tout ce qui peut rendre ce monde nouveau.

Les affections, la famille, la terre, les biens, nous seront rendus en plénitude d’une autre manière, souvent invisible, parfois incompréhensible à une mentalité de rendement économique. Mais riches pour le cœur, la vie ensemble, de plus être et d’humanité.

Quand on aime on ne compte pas, dit-on. Quelqu’un qui aime préfère à tous l’être aimé.

Déjà aujourd’hui, dit Jésus, si maintenant ce chemin du don, de la gratuité, de l’amour, nous mène vers ce paysage intérieur et social décrit dans la première lecture, fait de sagesse, de vérité, de discernement, d’intelligence, de connaissance de Dieu, de droiture, de justice.

« Les seuls sentiers qui mènent au bonheur », termine le texte (Proverbes 2,9). Dieu « veille sur le chemin de ses amis » (Proverbes 2,8).

Alors, « qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? » Dès maintenant, l’héritage de la vie.

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