mardi 4 mars 2014

Divorcés remariés : les pistes du cardinal Kasper ?


Divorcés
remariés : les pistes du cardinal Kasper ?Divorcés remariés : les pistes du cardinal Kasper ?

Le discours du cardinal Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, ouvrant le consistoire sur la famille de février, devait rester secret. Seuls quelques extraits avaient filtré. Toutefois, le 1er mars dernier, le quotidien italien "Il Foglio" a publié intégralement ce texte, dont la moitié est consacrée à la délicate question de l'accès à la communion pour les divorcés remariés. En voici les principales lignes conductrices.
Même si le théologien allemand déclare souhaiter seulement "poser des questions" et martèle que "donner une réponse sera la tâche du synode, en accord avec le pape", si l'on en croit le texte présenté comme étant celui prononcé, il affirme le besoin d'un "changement de paradigme" en ce qui concerne l'accès à la communion des divorcés remariés, c'est-à-dire de "considérer également la situation dans la perspective de ceux qui souffrent et demandent de l’aide". A ce sujet, le cardinal Kasper rappelle que "l’Église des premiers siècles a, elle aussi, été confrontée à ces conceptions et des modèles de mariage et de famille très différents de ceux que Jésus avait prêchés". Face à ces questions, les Églises locales avaient mis en place un droit coutumier ouvrant la voie à un chemin de pénitence pour les chrétiens vivant en secondes noces.
Ajuster l'Evangile aux signes des temps
Pour le cardinal Kasper, il ne s'agirait pas de calquer purement et simplement ces solutions passées au profit d'une "adaptation libérale", mais d'ajuster l'Evangile aux "signes des temps". Ce qui le conduit à développer cinq conditions permettant d'envisager un accès à la communion pour un divorcé remarié: "s’il se repent de son échec; s’il a clarifié les obligations correspondant à son premier mariage, s’il est définitivement exclu qu’il revienne en arrière; s’il ne peut pas renoncer, sans ajouter d’autres fautes, aux engagements qu’il a pris dans le cadre de son nouveau mariage civil; si toutefois il s’efforce de vivre au mieux de ses possibilités son second mariage à partir de la foi et d’élever ses enfants dans la foi; et enfin, s’il a le désir des sacrements en tant que source de force dans sa situation".
Cette voie, envisagée comme une "conversion", ne sera toutefois pas "une solution générale" pour "la grande masse", mais "la voie étroite" pour ceux qui sont "sincèrement intéressés par les sacrements".
Une deuxième voie : la nullité de mariage
Dans son discours, le théologien allemand réfléchit également à une deuxième voie, plus classique: la reconnaissance de nullité de mariage. A sujet, il évoquerait l’idée que l’évêque puisse confier cette tâche à un prêtre possédant une expérience spirituelle et pastorale en tant que pénitencier ou vicaire épiscopal.
Le texte publié par le quotidien italien est-il bien celui prononcé par le cardinal Kasper ? Ce sont des fuites qui seraient à l'origine de cette publication. Mieux vaut donc rester très prudent. Néanmoins, on sait que  l'intervention du prélat allemand a été saluée par le pape François en des termes élogieux. "Il est agréable de lire de la théologie sereine", a-t-il déclaré. "Et j’y ai également trouvé ce dont saint Ignace nous parlait, ce 'sensus Ecclesiæ', l’amour pour notre Mère l’Église. Cela m’a fait du bien et cela m’a donné une idée – excusez-moi, éminence, si je vous fais rougir –, mais l’idée est que cela s’appelle 'faire de la théologie à genoux'." Reste maintenant à voir quel accueil le synode sur la famille d'octobre prochain réservera à ces quelques pistes de réflexion.
P. A.

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