Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Proverbes 9,1-6 ; Psaume 33 ; Ephésiens
5,15-20 ; Jean 6,51-58
Personne
n’est sorti ! Personne n’a murmuré ni protesté en écoutant ces paroles de
Jésus ! Pourtant, elles pourraient nous faire bondir, comme ceux qui
écoutaient Jésus.
« Si vous ne mangez pas ma chair,
si vous ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6,53).
« On
serait curieux, grognaient les auditeurs, de savoir comment il va nous donner
sa chair à manger. Quant à boire son sang ! Comment peut-il dire des
choses pareilles ? On n’est pas des cannibales, ni des
vampires ! »
Cette
déclaration de Jésus, scandaleuse et choquante à première vue, provoque des
contestations, des discussions violentes : comment la chair de Jésus
peut-elle être mangée ? Comment son sang peut-il devenir une
boisson ?
On
est beaucoup habitué à ces paroles, on les a entendues souvent, on risque de ne
plus faire attention à leur réalisme, ou même à leur signification, d’autant
plus que c’est le quatrième dimanche de suite qu’on entend un peu le même
discours.
Mais
Jésus n’essaie pas de calmer les gens, ni d’atténuer ses paroles. Il enfonce le
clou : « Ma chair est la vraie nourriture, mon sang est la vraie
boisson pour vivre vraiment. »
Dans
ces quelques lignes, il est question plus de dix fois de vie, de vivre, de
vivant. C’est donc essentiel !
Au
fond, si on écoute le langage d’aujourd’hui, on peut mieux comprendre. Ne
dit-on pas de quelqu’un qui s’investit pour les autres ou dans son
travail : « C’est un homme – ou une femme – mangé(e) ! Il
se donne corps et âme à ce qu’il fait, ou aux autres. »
Une
expression revient aussi dans le langage amoureux : « Je te
mangerais ! » C’est-à-dire : « Je voudrais être un peu toi
et toi être un peu moi. »
« Si quelqu’un me mange, dit Jésus, il
est en moi et je suis en lui » (Jean 6,56).
La
chair et le sang du Christ, donnés comme nourriture, c’est toute sa personne,
tout ce qu’il a dit et fait. La parole aussi peut se manger… et se boire :
« Je bois ses paroles ! »
La
personne de Jésus - qu’il nous offre en nourriture - a ceci de
particulier : c’est une vie donnée par amour, librement, pour les autres,
pour la vie du monde ; une vie donnée jusque dans la mort.
Cette
chair, ce sang versé, cette vie donnée est une nourriture d’amour, de don, de
relation.
Cette
nourriture devient de l’Amour, du don, de la vie de Dieu. Nous devenons du Dieu
vivant.
« Celui qui me mange, affirme Jésus, vivra
par moi, il demeure en moi, je demeure en lui. »
De
même que la nourriture devient nous-mêmes et apporte les éléments nécessaires
pour notre bon fonctionnement, de même le corps livré, le sang versé du Christ
- que nous mangeons et buvons dans l’Eucharistie - apportent tout l’Amour, le
don, la vie même de Dieu, nécessaires. Ils deviennent nous-mêmes et nous
devenons cette nourriture de Dieu, ce bon pain, ce bon cru, pain de la Parole,
de la vie donnée, vin de cet Amour partagé, qui rendent possible la marche de
nos vies, comme la manne dans le désert.
« Ceux qui ont mangé la manne sont
morts », dit Jésus (Jean 6,49).
Si
nous mangeons le pain du corps du Christ, nous sommes nourris de la Résurrection
et de la Vie.
Cette
nourriture de vie n’est pas réservée à ceux qui se croiraient parfaits :
c’est le pain et le vin de la route pour nos vies de pécheurs, qui justement
ont besoin d’être nourris, de prendre des forces, d’être soutenus par Dieu
lui-même.
« Je ne suis pas venu pour les bien
portants, mais pour ceux qui ont
besoin de se nourrir, d’être guéris. » Ce pain et ce vin donnés pour nous,
la multitude, en rémission des péchés.
« Prenez
et mangez-en tous ; prenez et buvez-en tous », dit Jésus ; pour
devenir ce que nous recevons : le corps du Christ.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire